Malgré la situation économique catastrophique, comme l’a révélé le state of the economy présenté par le Premier ministre, le nouveau gouvernement a fini par payer le 14e mois malgré les conséquences négatives qu’il risque d’y avoir.
Il a précédé l’annonce d’une série de communications qui marquaient une hésitation ou une bonne campagne de communication pour faire monter le suspense avant l’annonce. C’est contraint et forcé que le gouvernement a été obligé de réaliser sa promesse faite pendant le festival de surenchères qui a opposé Lalians Lepep à l’Alliance du Changement, pendant la courte campagne électorale. Une campagne qui a démontré que les promesses électorales retenaient plus l’attention que la description de la situation économique, que désormais au hit-parade des promesses électorales, le 14e mois l’emporte très loin devant les augmentations de pensions et autres allocations. Se basant sur le fait que la promesse de l’augmentation de la pension de vieillesse avait été un élément déterminant dans la victoire du MSM en 2019, l’Alliance du Changement s’est sentie obligée de prendre part à cette compétition de promesses électorales.
Autrefois, on votait pour des idées, des convictions, une idéologie, aujourd’hui on fait son devoir électoral pour obtenir une augmentation, un bonus. Certains espéraient que le nouveau gouvernement allait se saisir de l’occasion pour expliquer aux Mauriciens que payer les augmentations promises allaient agrandir le grand trou découvert dans les finances de l’État. De ce qui en reste, c’est-à-dire pas grand-chose. Qu’il était nécessaire d’économiser autant de roupies dévaluées que possible pour faire face aux jours difficiles qui s’annoncent. Mais la crainte d’une possible réaction négative de l’électorat au non-paiement a fait pencher la balance et creusé davantage le trou abyssal de la caisse de l’État. Sans doute une nouvelle manière d’illustrer le proverbe Vox Populi, Vox Dei. Dans le cas qui nous occupe, Dieu étant remplacé par le gouvernement.
Une des principales occupations de nos élus choisis comme ministres a été de prendre possession de leurs bureaux et de commencer à disposer des avantages qui vont avec la fonction. C’est-à-dire la voiture, les gardes du corps, les sentinelles devant leurs résidences. On aurait cru qu’avec la situation catastrophique héritée de son prédécesseur, le nouveau gouvernement aurait réduit son train de vie afin de donner l’exemple. Si cette idée a été émise ici et là, elle n’a pas été mise en pratique. Au contraire, comme les enfants se jetant sur leurs jouets à Noël, certains nouveaux ministres se sont passionnés pour leurs voitures de fonction. Il paraît que certains nouveaux ministres, ne se contentant pas des voitures qui leur avaient été attribuées et que les prédécesseurs avaient utilisées, auraient demandé et obtenu une voiture flambant neuve. Que cela nous change de ce que racontait Cassam Uteem du gouvernement MMM-PSM des premiers 60/0c !
Face à la situation économique catastrophique du pays, les nouveaux ministres se rendaient à leurs bureaux dans leurs propres véhicules. Ce qui valut à l’un d’entre eux de se voir refuser l’accès de l’hôtel du gouvernement au motif que les policiers ne pouvaient comprendre qu’un ministre puisse voyager dans un « katiak charly ». Autre temps, autres mœurs politiques. Espérons que les nouveaux élus sauront tempérer leurs égos et ne suivront pas l’exemple de cette Best Loser de 2019 qui devait se spécialiser dans la distribution de gâteaux Marie avec son nom écrit dessus. Sa première initiative en tant que PPS fut de se faire attribuer une plaque numérologique avec ses initiales et le numéro de la circonscription où elle avait été repêchée ! Autrefois, c’était l’humilité et la nécessité de montrer l’exemple qui animaient les élus. Est-ce toujours le cas quand on assiste au ballet des voitures entrant à l’hôtel du gouvernement ?
Pendant que le nouveau gouvernement multiplie les initiatives économiques pour tenir ses promesses électorales, l’ex-Premier ministre, principal responsable de la situation économique catastrophique du pays, que l’on avait annoncé à Londres, se trouve en fait à Paris. Des internautes ont posté des images le montrant sortant d’une FNAC en compagnie de sa femme et de sa fille. Il est sans doute un des rares Mauriciens à ne pas avoir à attendre le paiement des salaires de décembre et du 14e mois pour faire ses emplettes de Noël.
Jean-Claude Antoine