Le vent a soufflé dimanche et lundi dernier. Un premier cyclone s’est approché de notre île, nous mettant ainsi en situation d’alerte face à un Freddy qui aurait pu être dévastateur. Heureusement que les dégâts n’ont pas été « monstrueux ». Nous avons quand même été contraints de rester chez nous, à juste titre. Nos côtes ont quelque peu souffert et le désordre çà et là a été le témoin du passage, même rapide, de Mr Freddy.
Il y a aussi eu l’habituelle ruée dans les supermarchés, dimanche, au cas où nous passions en classe 4 le lendemain. Bougies, farine, faratas, curry…
Dehors, le vent a soufflé, « sakouyant » branches et feuilles. Les visages collés aux fenêtres, nous avons surveillé nos arbres ébranlés. Les oiseaux ne sont pas restés muets longtemps. Et c’est le cœur soulagé que nous avons pu fermer l’oeil lundi soir.
Ces petites ambiances décrites plus haut nous rappellent notre enfance, notre jeunesse.
Une chose m’est venue à l’esprit pendant ce temps d’alerte cyclonique : nous, les adultes d’aujourd’hui, avons été “formés” par nos parents et grands-parents des précautions à prendre, des comportements à avoir à l’approche des cyclones et, surtout, des “dos and don’ts” pendant le passage d’un cyclone se pointant avec des vents de plus de 150 km/h. Les jeunes d’aujourd’hui n’ont pas encore été confrontés à de tels scénarios.
Ce qu’ils ont compris, néanmoins — espérons-le ! —, c’est que nous devons nous rappeler la vulnérabilité de l’être humain face à la nature. À nous de les conscientiser de l’angoisse que ressentent ceux qui ne sont pas bien lotis et du désespoir de ceux qui vivent déjà dans des situations précaires.
Quittons momentanément Maurice. Le souffle me pousse plus loin. Bien plus loin. En Inde, il y a un vent bien différent ces derniers temps. Là-bas, une rafale d’intimidation souffle sur les médias libres. Il y a plusieurs jours, les bureaux de la BBC à New Delhi et Bombay ont été perquisitionnés par le fisc indien. Cela, suite à la diffusion d’un documentaire sur le Premier ministre Narendra Modi. D’autres médias indiens ont rapporté des opérations d’intimidation auxquelles ils ont eu à faire face, eux aussi, parce qu’ils sont critiques du gouvernement. Je dis ça, je ne dis rien ! Des fois que le Premier ministre indien, dont l’orgueil surdimensionné n’a d’égal que la puissance (à tout prix) qu’il veut asseoir, ne soit ou devienne une référence. Et je m’arrête là ! La liste de ces péchés-là doit être bien longue et ce n’est pas moi qui lui jetterai la première pierre.
Ça, c’est là-bas. Pas ici ! Vraiment ? L’Inde est bien loin de nous, vous me direz, mais elle est proche du cœur de nombreux Mauriciens et son Premier ministre semble surtout (Dieu nous préserve de cela) être un exemple pour certains de nos dirigeants.
Ce vent d’intimidation venant de ce pays incroyable aux senteurs épicées et aux mille couleurs qui séduit, à juste raison, tant de personnes, n’est en fait pas si éloigné que nous ne pourrions le penser.
La récente mise en demeure et en garde de notre Premier ministre, Pravind Jugnauth, lancée dans les rédactions à Maurice laisse planer un souffle d’intimidation. Et s’il y a bien une chose que les Mauriciens veulent préserver, c’est une presse libre qui informe, qui dénonce ! Mais puisqu’ici PERSONNE ne voudrait faire taire la presse, aurions-nous du souci à nous faire ? Meuuu, non !
Avant de quitter le contre-exemple qu’est le Premier ministre indien, tout au moins en matière de liberté d’expression, je pose là, comme un cheveu sur la soupe, une citation du magnifique livre L’Équilibre du monde, de Rohinton Mistry, dont l’histoire se déroule en Inde, ce pays qui me semble à bien des égards attachant et culturellement épatant : « Flirter avec la folie était une chose ; quand la folie commençait à flirter avec vous, il était temps de tout arrêter. »
J’arrête donc ici la petite réflexion sur ce souffle d’intimidation, pure folie, qui existe loin là-bas.
Il y a des souffles qui sont bien plus prometteurs et sages. Par exemple, un souffle de liberté, de joie, de nouveauté…
Ce qui serait réjouissant, c’est qu’un souffle nouveau plane sur notre pays. Il donnerait à nouveau du peps à la population déjà trop épuisée. Un souffle qui apporterait des rafales de courage et de force pour rester debout coûte que coûte, dans ce branle-bas économique.
Rien qu’arpenter les allées de quelques supermarchés est devenu désespérant devant le constat désolant des produits manquants sur certaines étagères.
D’autre part, la Saint Valentin est passée presque inaperçue, ce qui est, en soi, très bien. Je m’explique : cette fête, non essentielle, est une machine à aspirer les sous des consommateurs. Cet exemple est utilisé ici juste pour donner la température et évaluer l’état de santé de notre société de consommation.
Sous le souffle nouveau, on comprendrait que la Saint Valentin c’est tous les jours, sans obligation d’ouvrir le porte-monnaie. Mais bon, le passage fantôme de cette fête laisse comprendre le mindset de beaucoup d’entre nous.
Souffler, respirer ! Ce n’est certes pas à coups de baguette magique que nos problèmes se régleront. Mais, mais, mais… le souffle nouveau est possible.
Pour cela, il faut que chacun y mette du sien. Il faut être suffisamment informés de tout ce qui se passe dans le pays et être vigilants, sans quoi nous pourrions perdre notre liberté. Il faut avoir la persévérance de continuer à travailler sans relâche et se battre, résister, lutter, pour le BIEN DE TOUS. Il faut dénoncer, ne pas se laisser abattre, rester debout et faire entendre sa voix, si ce n’est faire entendre raison. Il faut vivre comme des vivants et non comme des morts, et oser, si nécessaire, être à contre-courant.
De quelles secousses avons-nous encore besoin pour que s’engouffrent au fin fond de la terre la corruption, l’injustice, l’immoralité et le désir de penser rien qu’à son petit bonheur à soi, au détriment du bon sens, de la compassion, de l’intérêt commun et du don de soi ?
Alors, tous partants pour un souffle nouveau ?
Un souffle nouveau
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