Putting piti first

Le porte-parole du nouveau Speaker, Xavier Duval a, hier, prévenu : “Vous aurez affaire à moi”. Cette mise en garde, en forme de menace, s’adressait à ceux qui s’amuseraient à “salir” son garnement de fils. Si on suit son raisonnement, c’est Pravind Jugnauth qui devrait être le premier à avoir “affaire” à lui.

- Publicité -

Son avertissement, il devrait l’adresser, en priorité, à Pravind Jugnauth, celui qui a le plus critiqué Adrien Duval, installé au perchoir en sacrifiant un “zenfan lakaz” de la trempe de Sooroojdev Phokeer, le goalkeeper zélé et prêt à tous les excès que lui-même et ses ministres défendaient de manière appuyée à chaque séance parlementaire. En proposant des motions pour exclure des députés de l’opposition.

Il n’a pas eu besoin de la rediffusion de la vidéo de l’accident provoqué le 21 septembre 2022 à Ébène – où l’on peut voir le numéro risible joué par un Adrien Duval très éméché – ou de celle de cette séance parlementaire du 22 octobre 2022, pour se souvenir de la virulente sortie de Pravind Jugnauth contre le fiston.

Le PM avait énuméré  de manière emphatique les charges qui pèsent sur Adrien Duval et cela avait provoqué des applaudissements des “taper latab” professionnels de la majorité et l’ire du père Xavier qui avait dit qu’il était prêt lui aussi à parler lui de “l’épouse et des filles Jugnauth”. C’était d’une grande violence…

S’il fallait à tout prix nommer quelqu’un du PMSD au poste de Speaker pour satisfaire les exigences de ce parti, il y a bien d’autres figures qui auraient pu faire l’affaire. Des personnes comme Jacques Panglose, Gad Olivier Barbe et d’autres personnalités du barreau proches de la basse-cour. Non c’est “put piti first” plutôt que “put people first”. Comment ne pas comprendre que les critiques les plus acerbes fusent !?

Et lorsque les questions s’ajoutent à l’indignation, l’affaire n’en devient que plus scandaleuse. Les conditions de l’installation controversée d’Adrien Duval renvoient aux problèmes des négociations avec le PTr et le MMM.

Xavier Duval, fatigué et pas très partant pour une nouvelle campagne, s’était proposé pour la Présidence de la République. Il avait tenté d’imposer son fils sur le front bench, ce qui avait provoqué l’indignation de ses partenaires d’alors qui ne voyaient pas en quoi il méritait une telle place. Et c’était juste parce qu’il s’appelle Duval!

C’est alors que le garçon, mécontent, est sorti du bois et qu’il a commencé à négocier sur ses propres termes en public et qu’il s’est opposé à la répartition des tickets. En fait, l’alliance avec le MSM était déjà en gestation et le poste de Speaker promis à celui qui a provoqué la rupture de l’alliance PTr/MMM/PMSD.

Adrien Duval sera probablement le premier Speaker à devoir se présenter le 21 août prochain devant un tribunal pour répondre de quatre chefs d’accusation, conduite imprudente ayant causé des blessures, conduite en état d’ivresse et refus de se soumettre à un alcootest et à d’autres examens.

Le DPP s’est, d’ailleurs, montré très indulgent lorsqu’il a abandonné la charge de “complot”, le délit consistant à s’arranger avec son passager William Martin pour que celui-ci déclare à la police que c’est lui qui conduisait au moment de l’accident.

Alors qu’en fait, c’était bien Adrien Duval qui était au volant au moment des faits. Il avait dû avouer après avoir été confronté aux images des caméras de Safe City. William Martin, injustement impliqué, avait passé, comme Adrien Duval, une nuit en prison.

Le plus cocasse dans ce dossier c’est que Roubina Jadoo-Jaunbaccus, celle qui se prend pour la vraie PPS du no 2, qui avait représenté la victime de l’accident dont elle avait dit qu’elle était “traumatisée”. Ce sera intéressant de les voir sur la même plate-forme bientôt.

L’installation d’Adrien Duval a aussi suscité des questions plus terre à terre chez les Mauriciens attachés au mérite et à la justice. Si Stéphane Buckland s’est vu refuser une allocation, faute de présentation d’un certificat de moralité, et que, pour un petit job dans la sécurité, le document est invariablement exigé, pourquoi et comment quelqu’un, qui est accusé de divers délits, peut-il être nommé à un poste constitutionnel, se demandent-ils.

L’autre interrogation porte sur une situation qui pourrait procurer à Adrien Duval, 34 ans, une grosse pension à vie. Le Speaker a déjà un mandat de député de 2014 à 2019. Le passage, de toute évidence éclair, au perchoir avec l’imminence des élections générales vaut-il un mandat tout entier ? C’est l’autre volet de cette nomination qui enrage l’opinion.

Mais lorsque tout cela aura été dit, lorsqu’on aura fini de dénoncer les retournements opportunistes et dégoûtants des uns et des autres, un constat s’imposera : celui d’un MSM qui semble, à la veille d’une échéance électorale, aussi désespéré qu’en mode panique, pour être prêt à toutes les courbettes, les reniements et les dénégations jusqu’à nommer quelqu’un qui a un “criminal case” à la Présidence de l’Assemblée Nationale.

Le PMSD n’a, en plus, pas de bastion. Même pas celui où son leader est député depuis 2005, Belle-Rose/Quatre-Bornes. Il s’est classé à une modeste troisième place aux élections générales de 2019 dans une triangulaire, PTr/PMSD, MSM et consorts, et MMM. D’où l’envie d’une sinécure à la State House. Faut-il rappeler que lorsque, dans un sursaut d’audace, il a été, en décembre 2017, seul à la partielle du no 18, celle du leader, le candidat du PMSD, Danesh Maraye, n’a pu sauver sa caution.

Face à une alliance PTr/MMM/ND, qui n’a absolument pas le même profil que celui de 2014 et, sans la figure tutélaire et rassurante d’un Sir Anerood Jugnauth, le MSM – dont la base perd visiblement de son enthousiasme après le sort réservé aux Sooroojdev Phokeer et Vikram Hurdoyal –, même avec le PMSD, aura fort à faire pour essayer de s’imposer aux prochaines élections générales.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -