Pour cause de mauvais temps

Les questions suivantes ont été déjà posées dans cette rubrique, mais elles méritent de l’être une fois encore: Qui conseille Pravind Jugnauth et qui lui fournit les informations avant ses prises de parole en public? On prétend que ses conseillers font partie de la fameuse kwizin où serait élaborée la stratégie du Premier ministre. C’est là que se décideraient les actions et le contenu des discours avec les arguments supposément percutants. Mais au vu des résultats de la communication catastrophique de Pravind Jugnauth, les membres de ce premier cercle seraient plus de gâte-sauces que des chefs expérimentés. Car très souvent, le chef du gouvernement – qui se comporte comme le leader du MSM en campagne électorale – rate son but, cite comme vérités des rumeurs ou des suppositions, se ridiculise, et se fait rebattre le caquet par ses adversaires. Prenons un exemple récent: la déclaration de Pravind Jugnauth sur la dégradation du bâtiment du Parlement. Une dégradation qui a obligé la Speaker à ajourner les débats parlementaires, cette semaine, “pour cause de mauvais temps.”

- Publicité -

Par conséquent, le bâtiment où les élus du peuple sont censés débattre des lois du pays est ramené au rang d’une école mal entretenue obligée de fermer ses portes à chaque fois que le temps est mauvais.

Au lieu de chercher à comprendre comment le bâtiment du Parlement peut se retrouver dans cet état et prendre les mesures nécessaires, Pravind Jugnauth a essayé – comme il le fait systématiquement, sans toujours réussir – de faire un coup politique en accusant son prédécesseur. Il reprend à son compte, en l’adaptant, le refrain que son père avait rendu célèbre: pas moi ça, li ça! Le bâtiment du Parlement coule en dépit du fait que Navin Ramgoolam l’avait fait restaurer quand il était Premier ministre. Non seulement il accuse son opposant de ne pas avoir bien fait son travail mais il glisse dans son discours un argument supposé l’achever: Ramgoolam avait confié les travaux à Ireko, une compagnie du groupe BAI.

Mais l’information refilée par les stratèges de la kwizin était inexacte. Le gouvernement précédent n’a jamais commandité des travaux de rénovation du bâtiment du Parlement, qui est en béton armé, mais a fait restaurer l’Hôtel du gouvernement, qui est en bois. Tout cela fait une grosse différence et, surtout, une grossière erreur du chef du gouvernement. Une de plus refilée par cette équipe de la kwizin qui ne fait que dégrader son image. Tout comme ce retentissant “cholo” adressé à Shakeel Mohamed, un parlementaire de l’opposition. Une insulte qui pourrait, disent des internautes, inciter celui à qui elle était destinée à saisir la justice en utilisant les derniers amendements au Judicial and Legal Provisions Act votés parce que les légendes d’une photo postée sur le net auraient déplu au Pm. Des amendements sur mesure que le ministre de la Justice essaye de justifier par tous les moyens, y compris des débats télévisés qui rappellent les shows dont Roshi Badhain était friand quand il était ministre de la Bonne Gouvernance et fils adoptif de SAJ.

Mais au-delà des bourdes du Premier ministre et des membres de sa kwizin qui le conseillent mal et lui refilent des informations inexactes, restons sur l’état du bâtiment du Parlement pour poser quelques questions.  Est-ce qu’il existe à Maurice un ministère ou une autorité responsable de l’entretien et de la maintenance des bâtiments publics? À quoi servent, donc, les officiers de ce ministère ou de cette autorité dite responsable? Depuis combien de temps les travaux d’entretien et de maintenance n’ont pas été effectués au Parlement pour que des oiseaux aient pu y construire des nids qui ont bouché les canalisations? Est-ce que l’état de délabrement du Parlement signifie qu’il n’a pas été entretenu depuis plusieurs années? En attendant les réponses hypothétiques à ces questions, terminons par un trait d’humour, avec juste ce qu’il faut de malice politique du député MMM Réza Uteem: “L’Hôtel du gouvernement prend l’eau de toutes parts. C’est symbolique.”

Jean-Claude Antoine

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour