Quel dépaysement total qu’est de quitter Maurice et de mettre les pieds dans un pays en Afrique !
C’est au King Mswati III International Airport en Eswatini que je foule le sol africain en cet après-midi du 1er novembre 2024, à l’heure où les tons d’orangers, de roses et de bleus se marient dans le ciel.
Nous prenons la direction d’une réserve naturelle dans laquelle nous passerons quelques jours. Ici, on roule à gauche de la route, et parfois à droite. Cela dépend de quel côté marchent les vaches.
Une fois arrivés, nous nous installons dans notre hébergement loin de toute animation humaine, loin de tout développement. Nous nous sommes retirés de tout, pour mieux nous retirer en nous..
Dès le premier matin, le réveil se fait dans une excitation inhabituelle. “Viens Camille, il y a une girafe près de la cuisine ! ” J’accours bien évidemment pour rencontrer cet animal tacheté au long cou. Une fois dehors, je suis émerveillée de découvrir l’élégance de la girafe qui me fixe avec de gros yeux. Son regard m’interpelle avec ses longs cils. Rapidement, je réalise qu’une autre girafe se gave de feuilles un peu plus loin, et puis une troisième, une autre, puis une autre encore… Six girafes se pavanent autour de moi avec une démarche de mannequin. Je ne sais plus où regarder, mais une chose est sûre : elles, elles n’hésitent pas à me toiser “franc, franc”.
Là n’est que le début de mon émerveillement.
Un peu plus tard, alors que je me prélasse dans la piscine, deux zèbres se pointent timidement. Tout en gardant leur distance, ils m’observent, moi l’étrangère venue là déranger leur quotidien dans leur habitat naturel. Frileux, ils s’approchent de manière hésitante. Je suis séduite par leur peau noire striée de blanc qui est d’une beauté surprenante. Je suis aussi surprise par leur attitude qui me fait penser à quelqu’un qui veut s’approcher, mais qui n’ose pas. J’observe leur petit manège. Ils broutent, tête baissée, se rapprochent, lèvent la tête, me regardent et s’éloignent légèrement. Puis, ils recommencent leur jeu. Cocasse, cocasse, je vous dis.
L’après-midi approche, les couleurs de la nature se réchauffent, le ciel se colore et nos oreilles s’affinent pour écouter les différents bruits de la nature. Alors que les seuls que nous faisons sont ceux de nos conversations et du crépitement du feu allumé, le silence est intense. Notre ouïe s’affine, ce qui nous invite à tendre l’oreille pour mieux entendre la multitude de sons venus de la nature.
Une chose est sûre, tout craquement indique la présence d’un animal, ce qui me fait me lever de temps en temps pour voir “qui va là ? ” Alors que je me délecte devant cet étendue d’herbe et d’arbres, des sifflements (les seuls que je suis susceptible d’accepter) fusent de partout. Les insectes et les oiseaux s’en donnent à cœur joie. Le chant du Fiery Neckad Nightjar est mon préféré et j’apprendrai à l’identifier au crépuscule et à l’aube.
Le lendemain, rebelotte dès 5h30. Une famille de zèbres traverse devant la fenêtre de ma chambre, puis des girafes s’invitent à quelques mètres de la terrasse. Au petit matin, les animaux aiment bien se promener et prendre le petit-déjeuner en famille.
Les libellules, quant à elles, sont des coquines. Elles survolent la piscine sans arrêt et je les soupçonne d’admirer leur taille de guêpe dans le reflet de l’eau à chaque fois qu’elles traversent au-dessus d’elle.
Des oiseaux d’un bleu nuit brillant tournent autour de la maison, se posent sur les rochers, puis fusent sur les branches à mi-hauteur.
Dans différents coins, je vois Pumba vaquer à ses occupations. En effet, des phacochères traînent un peu partout. Il me semble qu’ils aiment bien tenir compagnie aux habitants de l’endroit de tout type.
Finalement, nous prenons la route pour Hlane Royal National Park à quelques dizaines de kilomètres. On roule à gauche, parfois à droite et au milieu aussi. Cette fois, il n’y a non seulement des vaches, mais aussi des babouins sur le bord des routes. Au même moment, de nombreux enfants, même des tout-petits, empruntent la route pour aller à l’école ou pour jouer.
Une fois dans le parc, une balade de trois heures commence. Les zèbres et les girafes sont désormais nos potes et nous les voyons un peu partout. Mais quelques nouveautés vont s’offrir à nous. Les rhinocéros se plaisent à s’enduire de boue et paraissent aussi lourdauds et fainéants qu’ils sont agiles à se relever lorsqu’ils se sentent menacés. Les khudus, eux, sont ça et là et se faufilent entre les arbustes. Plus loin, des éléphants agitent leurs larges et majestueuses oreilles en guise de ventilateurs. Ils marchent tranquillement, la trompe en avant pour arracher l’herbe fraîche. Ils sont imposants et leur présence nous inspire l’immobilité.
S’il y a un habitant que je n’ai pas du tout apprécié de croiser, c’est bien le black mamba. L’horreur même tapie dans l’herbe sèche. Aux aguets, figé, la tête (vilaine) fixée sur notre véhicule, le serpent se volatilise dans la nature d’un coup, en une fraction de seconde.
Ce jour-là, les lions dorment paisiblement. Leurs poils roux se confondent dans la masse d’herbes et d’arbres desséchés. Nous ne voyons rien à l’horizon, alors qu’ils font probablement partie du décor à quelques mètres à peine de nous. Une chose est sûre : nous ne les intéressons pas, et c’est tant mieux !
C’est par un soleil de feu que nous reprenons la route – droite, gauche, au milieu – pour regagner notre hébergement. Une tortue traverse le plus rapidement possible le sentier qui mène chez nous, alors qu’un scorpion inoffensif nous attend au pas de la porte d’entrée.
Le crépuscule s’installe. Un immense feu de canne (contrôlé) rougit le ciel. Les animaux se couchent. Les sifflements du soir reprennent. Le feu allumé pour réchauffer cette soirée fraîche crépite Le séjour tire à sa fin. It’s now time to leave and go out of Africa !