Marie Michèle Étienne :« Le féminisme est pour moi un des concepts les plus importants du 20e siècle »

Notre invitée de ce dimanche est Marie-Michèle Étienne. Elle nous parle de sa carrière à la radio, de son engagement pour certaines grandes causes sociales et de ce qu’elle pense de la Journée internationale des Droits de la femme.

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Je pense qu’on n’a pas besoin de vous présenter, Marie Michèle Étienne. Vous accompagnez les Mauriciens depuis plusieurs générations à travers la radio. Quel est le secret de votre popularité ?

— Je ne sais pas s’il y a un secret. Depuis petite, j’ai rêvé de faire de la radio, et rien d’autre, et quand alors que j’étais encore collégienne, j’ai appris que la MBC cherchait des animateurs freelance, j’ai postulé, j’ai été acceptée et j’ai commencé à animer des émissions pendant les vacances scolaires. J’étais une des plus jeunes animatrices et je crois que la relation avec le public, qui m’a considérée comme la petite dernière et m’a adoptée, commence à ce moment-là. Comme j’étais passionnée, je donnais tout au micro en termes de sincérité et d’authenticité, et je crois que cela s’entendait. Au fil des années et de l’expérience acquise, j’ai grandi avec les auditeurs, mais gardons les pieds sur terre, cela est valable seulement pour deux générations. Les moins de 20 ans ne me connaissent pas. Je suis entrée à la MBC alors que j’avais presque 18 ans, j’en suis partie à la cinquantaine, ça fait un bout de temps tout de même.

Vous quittez la MBC, mais en restant dans le domaine de l’audiovisuel en allant rejoindre l’une des premières radios privées…

— Je voulais boucler la boucle et passer de la radio publique à la privée, dont on attendait tellement. J’avais envie d’aller vers cette nouvelle radio, de passer d’une station où on faisait encore des montages sonores en coupant et en collant les bandes au digital. J’ai appris avec des techniciens, souvent deux fois plus jeunes que moi, une nouvelle manière de faire de la radio qui a conforté ma passion.

Votre secret n’est-il pas le fait que vous avez su vous adapter à la technique, aux modes et aux grands courants qui ont traversé la société mauricienne en restant vous-même ?

— Peut-être. Je m’identifie parfois à la bougainvillée, une fleur qui s’adapte à tous les terrains. Et puis, une relation avec une ou plusieurs personnes se construit petit à petit. Sans prétention, je crois que, comme vous le dites, je suis restée la même Marie-Michèle, que ce soit au micro, devant les caméras, en reportage, dans la rue, au bazar. Je crois que c’est cette simplicité, cette authenticité qui renforce le lien avec les Mauriciens.

Êtes-vous déçue de ce que sont devenues les radios privées dont on attendait tant ?

— Oui et non. Oui parce que je pense qu’on peut être beaucoup plus créatif, plus imaginatif, plus intelligent, plus original et faire des choses différentes, mais il y a le facteur commercial qui entre en jeu. Les radios privées ne fonctionnent que sur un budget publicitaire. Non, parce qu’il faut reconnaître que ces radios osent — parfois trop, parfois mal pensent certains — dire les choses, et c’est important. Le meilleur apport des radios privées réside dans la libération de la parole. Beaucoup disent qu’on koz ninport sur ces radios, mais au moins les gens parlent, osent formuler des critiques — ce qui était, on l’a oublié, inimaginable avant. Je pense qu’au niveau de la société mauricienne, la radio privée a fait un travail extraordinaire en permettant à ses auditeurs, aux Mauriciens de s’exprimer.

Un mot sur la MBC qui, grâce à une déclaration malvenue de son directeur général, a été ironiquement rebaptisée “Marie Madeleine Broadcasting Corporation” ?

— (Rires) J’ai passé plus de trente-cinq ans à la MBC, qui a été ma deuxième maison. Je ris du ton de votre question, mais je suis triste du fait de voir quelquefois comment on peut faire des faux pas, dire des choses qu’il ne faut pas. La MBC a tout ce qu’il faut pour être performante et faire de la bonne radio et de la bonne télévision. Il suffirait de repenser certaines choses, de corriger ce qu’il faut et surtout, excusez ma vulgarité, de mettre à sa tête quelqu’un qui a les capacités et surtout les couilles de faire ce qu’il faut ! Cela étant, il y a eu de tout temps à la MBC une minorité de personnes dont la mission première semble être de glorifier les gouvernants en étant souvent plus royalistes que le roi, avec les résultats que l’on connaît, et desservent plutôt qu’ils ne servent…

Vous ne vous êtes pas contentée de lire les communiqués et les demandes pour les disques préférés, de faire des interviews, d’animer l’antenne. Vous êtes sortie de la radio pour vous occuper des causes sociales dont on ne parlait pas à l’époque, comme le SIDA…

— Je suis curieuse de nature et j’ai toujours envie d’aller plus loin. Le SIDA, je l’ai découvert à l’antenne en interviewant un séropositif, qui est devenu un de mes grands amis par la suite. À l’époque, on ne savait pas grand-chose de cette maladie et on en avait peur, au point d’aller lapider des maisons de ceux qui en étaient atteints. Moi-même j’avais peur et je me souviens d’avoir eu un sentiment de recul puis d’avoir ressenti la honte face à cette réaction primaire. Je voulais dépasser les limites du studio pour un engagement total pour cette cause que j’estimais importante. Il y avait quelque chose à faire et avec un petit groupe de volontaires, nous avons créé la première association d’écoute à Quatre-Bornes qui s’appelait Aide Amitié. C’était en quelque sorte la première ébauche de PILS, qui allait prendre la relève en étant beaucoup plus structurée.

Est-ce que les efforts ont donné les résultats attendus ou est-ce que vous avez été déçue ?

— Bien sûr, dans tout combat, on dit qu’on aurait pu mieux faire, faire ça plutôt que ça, mais je pense que quand il y a une ONG et un gouvernement décidés à travailler dans l’intérêt des malades et du public, ça ne peut pas ne pas marcher. Et on l’a vu avec le combat contre le SIDA. À chaque fois qu’un gouvernement en place s’est engagé, a mis par exemple des médicaments au service des malades, les résultats ont été là…

Un peu grâce à votre engagement…

— Je tiens à souligner que je n’ai rien fait d’extraordinaire dans ce combat. J’étais sur place, sur le terrain. Il y a eu un autre grand combat dont je ne pensais pas faire partie un jour : celui du collectif Arc en Ciel pour la défense des droits des personnes LGBT. Un sigle dont peu avaient entendu parler à l’époque. Ce combat a été compliqué parce qu’on faisait des associations faciles du style : SIDA égal homosexualité. La première partie du combat a été de faire comprendre que les malades de SIDA n’étaient pas automatiquement des homosexuels et inversement. Je suis entrée naturellement dans le combat sans un regret jusqu’aujourd’hui. On avait besoin d’une mother figure, de quelqu’un qui rassure, qui dit qu’on peut avoir dans sa famille, parmi ses amis, des personnes différentes, mais qu’elles ne sont pas des pestiférées, ont des droits humains qu’il faut respecter. Je n’aurais jamais cru qu’un jour je me serais retrouvée seule sur une scène à Port-Louis à faire un plaidoyer pour la communauté LGBT ! J’ai posé la question au public : est-ce que si un jour votre enfant vient vous dire qu’il est différent vous le rejetez, vous le noyez ou vous le traitez avec tendresse et attention ? Ça s’est passé le jour où il y a eu une grosse contre manifestation contre le collectif Arc en Ciel à Port-Louis. On m’a dit, par la suite, que mon intervention avait contribué à faire baiser la tension. Mais cela étant, je ne suis rien d’autre qu’une citoyenne engagée dans des combats justes, qui me tiennent à cœur. Je ne suis spécialiste en rien et je m’engage toujours sur le plan des droits humains, que ce soit pour le SIDA, la communauté LGBT ou les Chagossiens. Ou encore ce qui se passe aujourd’hui en Ukraine.

Au-delà du fait d’être une voix et une présence rassurante, vous êtes également épouse, mère et aujourd’hui grand-mère. Est-ce que votre famille a accepté vos engagements ou est-ce que vous avez dû vous battre pour les convaincre ?

— Me connaissant, ma famille savait que quand je me suis mis une idée en tête, ce n’est pas la peine d’essayer de me l’enlever. J’ai la chance d’avoir une famille qui me comprend, qui m’a soutenue, parce que je m’attaquais à des sujets “tabous”, dont on ne parlait pas et qui faisaient peur. Ces causes, c’étaient comme une mission pour moi.

Que pensez-vous de cette Journée internationale des Droits de la femme — une sur 365 par an — qui sera célébrée la semaine prochaine ?

— Cette journée fait partie d’un processus dans l’évolution de l’histoire de la femme. Dans les années 1970, en France, un groupe de dix femmes est allé déposer une gerbe sur la tombe du Soldat inconnu, pour sa femme. S’en est suivie une lutte pour la reconnaissance des Droits de la femme qui a porté ses fruits et dont jouissent les jeunes femmes d’aujourd’hui sans savoir comment ils ont été obtenus. L’objectif doit être de ne plus avoir de Journée de la femme, ce qui signifierait que ses droits auraient été totalement reconnus et respectés.

Est-ce qu’on peut dire que vous êtes une féministe ?

— Je suis féministe pour les droits égaux, pour la parité dans la complémentarité, dans l’harmonie et le respect entre les hommes et les femmes. Le féminisme est pour moi un des concepts les plus importants du 20e siècle, parce que la femme citoyenne à part entière oblige à repenser la démocratie et cela change tout. C’est une remise en cause du monde tel qu’il a été.

Avez-vous le sentiment que le combat pour la parité avance ou régresse à Maurice ?

— Je me souviens de quatre Mauriciennes qui montent au créneau, chacune avec une conviction et une énergie extraordinaire pour défendre les Droits de la femme : Sheila Bappoo, Shirin Aumeeruddy Cziffra, Vidula Nababsing et Linsey Collen, avec d’autres. J’étais adolescente et je me pâmais devant ces femmes qui osaient prendre la parole et ont été à la pointe du combat. Un point important dans ce combat a été 1975 où, lors de la révolte estudiantine, les filles aussi sont descendues dans la rue. Et puis, un an plus tard plus tard arrive un autre tournant dans le combat : l’éducation gratuite. Les filles d’aujourd’hui ne le savent pas : quand l’éducation était payante, c’est le garçon qu’on envoyait automatiquement au collège, pas la fille, même si elle était meilleure. À l’époque, pour avoir un passeport ou ouvrir un compte en banque, il fallait l’autorisation du papa ou du mari ! Depuis, on a voté des lois qui sont bonnes et modernes, mais encore faut-il qu‘elles soient applicables et appliquées.

Il y a eu des avancées, plus de femmes qui sont arrivées aux postes de responsabilité. Mais on peut avoir le sentiment que certaines d’entre elles sont obligées d’êtres pires que les hommes pour imposer leur autorité et rester au pouvoir…

— Bien sûr, il n’y a pas d’un côté les femmes parfaites et, de l’autre, les méchants machistes. Il y a des femmes qui peuvent être pires que le pire des hommes, mais c’est une minorité. Dans les postes de pouvoir, il y a encore beaucoup à faire. Ne serait-ce que pour respecter le pourcentage de 30% de femmes aux postes de responsabilité que Maurice a signé. Mais il n’y a que trois femmes au Conseil des ministres et quelques-unes seulement au Parlement…

Et, permettez-moi de le souligner, ce ne sont pas les meilleures représentantes de la Mauricienne !

— C’est vous qui le dites ! Utilisé à bon escient, le pouvoir politique peut permettre de faire avancer les idées, peut être un moteur extraordinaire, mais il faut que les leaders politiques jouent le jeu. Par exemple, en respectant la clause des 30% lorsqu’ils attribuent les tickets électoraux.

Les leaders politiques disent souvent que les femmes sont timides, ne veulent pas faire de la politique, qu’il faut les chercher avec une bougie rouge…

— Je crois qu’ils n’ont pas bien cherché ou ne veulent pas le faire. Il y a dans les associations, dans la société civile, dans les entreprises, des femmes qui font un travail extraordinaire et que leur contribution ne pourrait qu’enrichir le Parlement et le pays. Je crois que c’est aussi aux femmes de prendre position, de se lancer, de dire stop, nous sommes aussi valables que les hommes. Expliquez-nous pourquoi nous sommes toujours minoritaires dans les postes de responsabilité ? Nous ne voulons pas prendre, remplacer, mais seulement partager, alors que nous sommes aujourd’hui le premier facteur de développement économique, social et humain. Ça prend encore du temps, mais de plus en plus, la femme est consciente de sa valeur, de son efficacité et pena bare, la parité va finir par triompher. Car l’énergie des femmes conscientisées, décidées à se battre pour que leurs droits soient tout simplement reconnus est imbattable !

Qu’est-ce qui vous a le plus choqué au niveau de l’avancement de la cause des femmes au cours des dernières années ?

— Ce qui me chagrine, c’est qu’il n’y a pas de progrès dans le combat contre la violence faite aux femmes. Les femmes sont conscientisées, mais pas tous les hommes. Il y a encore des hommes qui sont persuadés qu’ils sont l’autorité suprême, ont pouvoir de vie et de mort sur leurs femmes pour qui ils n’ont pas une once de considération et de respect. Je parle là d’une minorité et je me demande pourquoi est-ce que la majorité, celle qui ne frappe pas leurs femmes et les respectent, ne le disent pas à la minorité. Un autre regret, c’est la misère qui ne recule pas, au contraire. C’est vrai qu’on ne meurt pas de faim à Maurice, mais beaucoup de familles n’ont pas les moyens de faire deux repas par jour ! Et puis, il y a les femmes qui sont au bas de l’échelle économique et qui pensent qu’elles sont justes spectatrices et n’ont pas de rôle dans le film. Elles se trompent, car ce sont elles qui mènent le combat et qui le font avancer à force de courage et de résilience. Souvent, on pense que ce sont ceux qui brillent, ceux qui sont là-haut qui vont avancer les choses, mais il y a en bas, dans la discrétion, des femmes qui font un travail exceptionnel pour faire avancer les choses. Elles ne le font pas en encourageant l’assistanat, mais en apprenant à ceux qui sont dans le besoin et la souffrance à se mettre debout pour avancer. Il y en a plus qu’on ne le pense et c’est tant mieux. Et il faut se poser la question : qu’est-ce qu’on aurait fait sans elles ?

Au niveau positif, qu’elles sont les avancées ?

— Pour vous répondre, je vais citer un texte écrit par un homme. « Les femmes ne se sont pas laissé enfermer dans un rôle dessiné par les hommes. Elles se font entendre autant que les hommes, pèsent dans le débat, se saisissent de sujets que beaucoup d’hommes ne sauraient aborder. Elles comptent sur le plan social. Il reste, bien sûr, du chemin s’agissant de la direction des grands groupes et du secteur politique. Il ne s’agit pas d’idéaliser les femmes, il y a aussi, comme partout, des problèmes et des erreurs, mais la contribution des femmes a été salutaire pour notre jeune pays. » Je m’associe à cette déclaration en soulignant qu’il y a eu une prise de conscience du pouvoir des femmes et de leur solidarité comme on l’a vu avec le Covid. Tout ça, ce sont des pas extrêmement importants dans les bonnes choses qui vont encore arriver.

Il faut attendre un drame ou une catastrophe pour que cette prise de conscience, cette solidarité se manifeste ?

— C’est dommage et ça ne date pas d’hier. Je l’ai vécu au micro de la MBC pendant les cyclones, plus particulièrement Hollanda. Tous les Mauriciens étaient des Mauriciens, sans tenir compte des communautés, et solidaires pour affronter ensemble le danger. Ce sentiment d’unité a prévalu pendant des semaines avant de disparaître. Je me pose souvent la question : faut-il qu’il y ait une épidémie, une catastrophe pour que nous sentions enn sel lepep enn sel nasion et pourquoi ? Il faudrait beaucoup plus d’engagements permanents du citoyen pour aller dans cette direction. Le Mauricien est généreux dans l’âme, mais j’ai l‘impression qu’il attend d‘être sollicité pour agir. C’est ce mindset qu’il faut changer. De quoi avons-nous tous envie ? Que le pays aille le mieux possible, que ses habitants soient heureux, que l’on soit assurés d’aller dans le bon sens. Pour les grandes causes et les sujets de société, pourquoi est-ce qu’il n’y a pas un dialogue entre le gouvernement, l’opposition et les forces vives ? Je ne parle pas de coalition, d’alliance ou de transfugisme politique, mais de dialogue sur des sujets concrets dans l’intérêt du pays. Cette unité nationale sur des sujets précis serait un moyen de faire avancer les choses, d’utiliser l’intelligence et l’expérience de tous. Pourquoi est-ce que sur les sujets d’intérêt national, les politiciens n’arrivent pas à s’asseoir autour d’une table pour discuter ?

Bonne question. En voici une autre : avez-vous confiance dans les politiciens ?

— Non. Parce que je crois qu’ils n’ont pas le même agenda que moi. Tout en étant consciente qu’il en existe de valables, j’aurais toujours des doutes sur la bonne volonté, la sincérité et la capacité de récupération des politiciens.

Avec votre popularité, aucun leader ne vous a proposé un ticket pour les élections ?

— Jamais directement. Mais comme j’ai toujours dit que je n’avais pas besoin d’être au Parlement pour faire avancer les causes dans lesquelles je crois. Je n’ai pas été sollicitée. Mon rôle de mamie qui écoute, cajole, console, conseille, accompagne et aide, où et quand elle peut, ne convient parfaitement et je ne le changerai pour rien au monde.

En tant que mamie, êtes-vous confiante dans l’avenir de vos petits-enfants et des autres ?

— De moins en moins. J’ai besoin d’être positive et d’essayer de voir le bon côté des choses, mais au train où elles vont, je me dis que ces enfants auront beaucoup, beaucoup à faire, à lutter, à travailler pour je ne sais pas s’il faut dire vivre ou survivre. Nos enfants méritent d’avoir une vie plus sereine, plus remplie, je ne suis pas sûre qu’ils l’auront. Pour revenir au 8 mars, mon souhait c’est d’arriver à un moment où on n’aura pas besoin de célébrer la femme une fois par an, mais tous les jours ; comme on célébrera aussi les hommes dans un monde où l’égalité et la parité ne seront pas des vains mots ou des slogans ronflants.

Et dans combien de temps arriverons-nous à ce moment ?

— Un gros travail a été fait ,mais il reste encore à faire. Malgré tout ce que nous avons dit, malgré le travail colossal qui reste à faire, j’espère que ce sera beaucoup plus tôt qu’on ne le pense.

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