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Horizon Économique : pour la MCB, 2018 mi-figue mi-raisin

  • Préoccupations majeures : déficit commercial au-dessus de la barre des Rs 100 milliards, soit 21 % du PIB, un taux de croissance ne parvenant pas à décoller des 4 %, des dérapages de la roupie et des contraintes quasi judiciaires pour le démarrage des chantiers
  •  Le Chief Strategy Officer du MCBGroup : « The Mauritian economy is left with no choice than to be shrewd and sensible enough to identify its weak spots and embrace lasting solutions that will re-ignite the engines of growth »

La 71e édition de MCB Focus, publiée en fin de semaine, jette un pavé dans la mare avec des éclaboussures l’horizon économique. Alors que la mission du Fonds Monétaire International (FMI), menée par Amadou Sy est sur le point de boucler un exercice dans le cadre du Surveillance Mandate des Article IV Consultations, le Chief Strategy Officer du MCBGroup, Gilbert Gnany, énumère les obstacles à surmonter sur le plan économique avec pour conclusion que 2018, qui s’avère être une étape charnière politiquement et économiquement de la fin du mandat du Premier ministre et ministre des Finances, Pravind Jugnauth, se résumera en une année mi-figue mi-raisin.

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Après une analyse détaillée des principaux paramètres économiques allant de la performance encore plus préoccupante du secteur des exportations aux contraintes quasi judiciaires bloquant l’exécution des projets d’infrastructure publique, sans oublier le taux de croissance, qui ne parvient pas à crever la barre fatidique des 4 %, le MCBGroup soutient que « the Mauritian economy is left with no choice than to be shrewd and sensible enough to identify its weak spots and embrace lasting solutions that will re-ignite the engines of growth ».

Le message au sujet des prévisions économiques pour cette année est plus nuancé, pour dire le moins, que la teneur de la.com du gouvernement, qui veut à tout prix se donner un nouveau visage. D’un point de vue général, le MCBGroup prévoit que la croissance en 2018 sera de l’ordre de 3, 9 %, représentant déjà une révision à la baisse de dix points, comparativement aux estimations initiales de juin et d’octobre de l’année dernière. Confirmant que « the forecasted expansion rate is set to remain subpar, the more so when juxtaposed against the firming up of the global recovery process », MCB Focus attribue la persistance de cette tendance baissière à divers facteurs, dont le Delayed Kick-Start de Key Projects sous le Road Decongestion Programme et les répercussions des conditions climatiques défavorables sur le secteur agricole non-sucre depuis le début de cette année.

La Banque de Maurice, qui prévoit le plus fort de taux de croissance de 4, 2 % pour cette année, devra faire connaître, à la fin de ce mois, si elle maintient cette projection établie depuis septembre de l’année dernière, soit sous l’ère du Stewardship de Ramesh Basant Roi. La prochaine réunion du Monetary Policy Committee de la Banque de Maurice du mercredi 28 février, la première sous Yandranath Googoolye en tant que gouverneur de la Banque centrale, devra donner le ton en matière de croissance. Cette instance de la Banque de Mauruce devra décider si les facteurs intervenant depuis le début du dernier trimestre de l’année dernière sont toujours de rigueur pour justifier un taux au-dessus des 4 % ou s’il faut le revoir à la baisse.

A ces facteurs susmentionnés vient se greffer la dégringolade du prix de la tonne de sucre à l’exportation, prenant à contrepied les prévisions fantaisistes colportées au sein du Syndicat des Sucres l’année dernière. Les dernières indications sont que la tonne de sucre aux planteurs de canne pourrait revenir à Rs 11 800 pour la récolte de 2017 contre les Rs16 000 de 2016. Mais, à ce jour, même si ce chiffre inférieur aux Rs 12 000 des plus optimistes est cité avec insistance, aucune des sources autorisées n’a voulu confirmer ou infirmer ce détail, déterminant pour la survie des membres de la communauté des planteurs de cannes.

Du côté du MCBGroup, l’on se garde de quantifier cette baisse conséquente du prix du sucre à l’international tout en ajoutant d’un ton plus diplomatique que « our already modest prediction for sugar has been further scaled down, to some extent reflecting signs that export prices on the European market would be lower than previously anticipated, partly linked to supply-side pressures prevailing in the aftermath of liberalizing market access therein ». Ce qui veut tout dire de ce qui attend l’industrie cannière en ce début d’année, alors que l’Hôtel du gouvernement attend d’ici à la fin de mars des propositions des Stakeholders, réunis au sein d’un comité conjoint public et privé, en vue de contrecarrer les effets dévastateurs du prix du sucre.

Déficit commercial de l’ordre de Rs 98 milliards

La performance de ce qui sont présentés comme des Strategically-Important Sectors de l’économie, à savoir les entreprises tournées vers l’exportation et la Domestic Oriented Industry, figure au coeur des préoccupations. Les deux facteurs majeurs identifiés sont des incertitudes au chapitre du Market Access et des Structural Bottlenecks sur le plan local. Dans l’immédiat, le gouvernement mise sur le guichet de subvention sur le taux de change de la roupie, soit l’Exchange Rate Support Scheme (ERSS), pour insuffler un nouvel élan aux exportations. Mais, dans un avenir pas trop lointain, un Assessment de cet instrument devra être entrepris, d’autant plus que le Fonds Monétaire International commence déjà à exercer des pressions pour un Phasing Out de l’Exchange Rate Support Scheme après une première année d’opération.

Au chapitre des exportations, le MCBGroup maintient que « on another note and as a major source of apprehension, net exports of goods and services would again post a subdued evolution this year and continue to exert a drag on the country’s expansion rate ». La détérioration des exportations pourrait représenter un manque à gagner d’un point au taux de croissance de 2018. Il y a encore le fait que cette dernière année pourrait voir un nouveau record être établi. En 2017, le déficit commercial devrait être de l’ordre de Rs 98 milliards, soit une dégradation de 21 % par rappport à la précédente année. Pour 2018, le chiffre passera inévitablement la barre des Rs 100 milliards, représentant 21 % du produit intérieur brut.

« For 2018, the trade deficit is set to break through the centurial threshold and attain around Rs 104 billion, representing 21 % of GDP, amidst a contained rise in exports given strains on our competitiveness levels and the still soft economic conditions in specific markets such as United Kingdom and South Africa ; and a notable hike in imports linked to the undertaking of major infrastructure projects », avertit MCB Focus. Toutefois, l’équation des échanges commerciaux aurait pu être plus dramatique si le dollar américain s’était maintenu à son cours de la précédente année. Les dernières infomations au sujet des retombées économiques du Brexit, le divorce entre Londres et Bruxelles, sont accuellies avec inquiétudes dans les milieux d’affaires, vu que le marché britannique pourrait se retrouver en très mauvaise posture une fois le départ officiel de la Grande-Bretagne de l’Union Européenne sanctionné.

Le pronostic de l’industrie locale est encore plus délicat dans la mesure où le MCB Focus note que « pockets of concern prevail regarding the intrinsic ability of the local economy to display adequate resilience when confronted by external shocks ; cope with foreign market access constraints and competitiveness imperatives that continuously surface on the regional and international markets ; and fittingly and opportunely capitalise on international growth-inducing avenues ».

Alors qu’en ce début d’année, tout un chacun s’accorde à se féliciter de voir l’industrie du bâtiment rependre du lustre avec une presque Double Digit Growth, le MCBGroup fait preuve d’extrême prudence en soutenant que « we have downgraded our outlook for construction compared to our prior forecast given relatively less optimistic predictions on the investment front ». En dépit des Large-Scale Infrastucture Projects annoncés, les prévisions pour la construction ont été « recasted » à la baisse dans le secteur public au vu des délais accumulés dans la réalisation des projets sous le Road Decongestion Programme.

La récente décision de l’Independent Review Panel, gelant l’octroi d’un contrat de plus de Rs 3 milliards par la Road Development Authority (RDA) pour la construction de Grade Separated Junctions aux ronds-points de Pont Fer/Jumbo/Dowlut et le A1 — M1 Bridge reliant Coromandel à Sorèze est venue apporter de l’eau au moulin du MCBGroup. Cette démarche a débouché sur une bataille juridique avec une demande de Judicial Review logée en Cour suprême.
Certes, depuis le début de cette année, le Mega-Project de Metro Express avec des investissements de l’ordre de Rs 10 milliards pour les deux ans, soit la première phase entre Rose-Hill et Port-Louis livrable en septembre 2009 (voir détails plus loin) et la construction du Decaen Flyover se sont transformés en chantier. Le MCBGroup concède que les autorités ont annoncé toute une série d’Investment Upgrading Projects dans différents secteurs. Mais ces projets ne devront pas démarrer avant 2019 et les effets sur la croissance se faisant ressentir subséquemment. Parmi ces Undertakings, Gilbert Gnany relève la prochaine phase du Road Decongestion Programme avec la A 1 — A 3 Link Road, reliant l’axe Port-Louis/St-Jean à la route de Rivière-Noire, les phases 2 et 3 de la Ring Road, un nouveau flyover au niveau du Quai D, le Jin Fei Project et les Urban Terminals de Victoria et de la place d’Immigration.

«Gare aux effets d’annonce ! »

Les autres projets majeurs, caressés par le gouvernement de Pravind Jugnauth concernent l’aréoport et le port. L’opération Changing of Guards à la tête d’Airports of Mauritius Ltd devra voir le nouvel homme fort de Lakwizinn New Look, Ken Arian, être confié du mandat pour enclencher dans le plus bref délai la construction de la nouvelle piste d’atterrissage au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport, de la nouvelle tour de contrôle ou encore de la nouvelle phase de l’Airport Terminal. Dans la conjoncture, les plus virulents détracteurs diront : Gare aux effets d’annonce !

Résumant l’état de l’économie, MCB Focus reconnaît que le National Investment Ratio, représentant 18,4 % du PIB, même si cet indicateur est en amélioration, est encore loin de celui ouvrant la porte à une Enhanced Growth Pattern et à satisfaire les aspirations sociales de la population. Le Chief Strategy Officer du MCBGroup prend également le soin de souligner que « the quality of investment warrants due scrutiny, especially when considering the following aspects : (i) the multiplier impact of higher capital expenditure on activity levels and job creation ; and (ii) the productive efficiency and commercial viability of specific undertakings ».

Les Capital Outlays dans la réalisation des projets d’infrastructure se répercuteront sur l’état des finances publiques, MCB Focus mettant en exergue le fait que « the country’s budgetary position continues to call for close inspection, the more so when considering our economic development aspirations for the short and longer runs ». En 2017/18, le déficit budgétaire devrait descendre à 3, 2 % du PIB. Dans ce contexte de Spending Spree dans des projets publics, une Note of Caution est émise, MCB Focus faisant ressortir que « all in all, while recognising the need to promptly implement projects that will upgrade the country’s capabilities, it is essential that both the level and quality of fiscal imbalances be effectively catered for. In this respect, a holistic view of debt levels is warranted to the extent that, when making allowance for the contingent liabilities of the Central Government, the financing needs of Mauritius are, as highlighted by the IMF, left more exposed to potential real and fiscal sector shocks ».

Au chapitre de la dette publique, les derniers chiffres confirment en ce début d’année une baisse légère par rapport au PIB, soit 63, 2 %, alors qu’au cours des quatre dernières années, cet indicateur avait épousé une courbe ascendante. Mais les données sur le website du ministère des Finances ne tiennent pas en ligne de compte la ligne de crédits offertes par l’Inde pour le financement d’une série de projets. Dans cette perspective, le MCBGroup maintient que « the sustainability of public finances warrants scrutiny when viewed from a holistic perspective, in particular when factoring, for instance, the line of credit obtained from India, though the latter is technically not accounted for in the official definition of public sector debt given its envisioned structuring and treatment ».

Le comportement de la roupie, qui a connu un Firming Up de 8,6 % par rapport au dollar américain d’une année à l’autre, fait également partie des appréhensions économiques de l’heure avec le MCBGroup avertissant que « conspicuously, the appreciation of the local currency has been quite acute when measured against the US dollar » et soulignant avec force que « given our competitiveness imperatives, such trends have warranted attention, the more so when considering that headline inflation has pursued its ascent during the period ».

Devant ce constat, le Chief Strategy Officer de la MCB conclut son analyse en cette année du 50e anninversaire de l’Indépendance en s’appesantissant sur le fait que « ultimately, identifying the appropriate challenges, adopting the right approaches and taking decisive decisions should help to transform Mauritius into a resilient, creative, flexible and knowledge-based economy that is capable of swiftly fending off exogenous shocks and harnessing expansion opportunities ».

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