Le handball mauricien se retrouve à la croisée des chemins, voire au bord de la rupture. Suspendu à une décision de l’International Handball Federation (IHF) où il est question de l’expulsion de l’Association Mauricienne de Handball (AMH) en tant que membre. La raison : la fédération locale n’a toujours pas honoré sa dette de quelque Rs 6M qui lui ont été avancées dans le cadre de l’organisation de la Coupe du monde de beach handball des moins de 17 ans, l’année dernière à Flic-en-Flac.
A l’issue de cette compétition, précisons-le, les sélections masculine et féminine avaient obtenu leurs billets pour participer aux Jeux olympiques de la Jeunesse, prévus dans quatre mois, plus précisément du 6 au 18 octobre, à Buenos Aires en Argentine. Malheureusement, pour ces deux équipes de jeunes, censée vivre une nouvelle aventure au pays du tango, la partie semble très mal engagée.
L’actuel président de l’AMH, Ludovic Carré, qui a succédé à Daniel Gérard, doit maintenant trouver une solution pour enlever l’épée de Damoclès qui pend sur l’AMH depuis plusieurs mois. En attendant, des questions méritent d’être posées. D’abord, pourquoi l’AMH a-t-elle voulu s’engager dans une aventure aussi osée que risquée ? Pourquoi une fédération dite « petite » et au budget très limité, par rapport aux grosses fédérations, a-t-elle voulu s’aventurer dans des eaux aussi profondes ? L’AMH avait-elle les compétences et les moyens nécessaires pour organiser une compétition de cette envergure?
Visiblement non et tous ceux qui siégeaient dans le comité sont à blâmer. A commencer par l’ancien président de l’AMH, Daniel Gérard, et Jimmy Anthony, le directeur de l’organisation, par qui commencent tous les malheurs du handball local. En acceptant de mettre en avant un projet qui était, au départ même, voué à l’échec avec un coût d’estimation aussi élevé que…Rs 50M, ils ont entraîné toute une fédération à la chute. Le montant sera d’ailleurs revu à Rs 15 M par la suite. Idem pour ceux qui ont été aux côtés des deux protagonistes à l’heure où la décision avait été prise. De même pour ceux qui n’ont pas eu le courage de ramener Daniel Gérard et ses fidèles lieutenants à la raison.
Ce qui interpelle encore plus, c’est la démarche de l’ancien président de vouloir se dédouaner en affirmant n’avoir pas eu l’aide du ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS) pour organiser cette compétition. Là également, des zones d’ombre subsistent. L’AMH avait-elle au préalable informé ce dernier de son intention d’organiser une compétition de cette ampleur ? Ou encore, combien pensait-elle pouvoir obtenir du MJS sur les quelque Rs 15M, voire plus, nécessaires à une telle organisation ? Ce qui était clair, c’est que ces messieurs de l’AMH étaient totalement coupés de la réalité. Sinon, comment expliquer que le faramineux budget de départ de Rs 50M a été considérablement revu à la baisse ?
Non seulement l’AMH se retrouve aujourd’hui avec une dette énorme, mais ses dirigeants ont en plus une tentative de suicide sur la conscience, après que le gérant d’un guest house de Flic-en-Flac ait tenté de mettre fin à ses jours au cours de la semaine écoulée. Ce dernier croulerait toujours sous les dettes dans l’attente d’être payé pour ses services pendant la compétition mondiale.
Ce drame humain évité de justesse, reste maintenant à savoir comment l’AMH compte se sortir d’affaire. Car, non seulement cette affaire a trop traîné, mais l’image de Maurice a aussi été ternie avec tout ce remue-ménage dont les jeunes handballeurs s’en seraient très bien passés. Désormais, les jours de l’AMH sont comptés. Et qui dit expulsion, dit aussi mort subite pour une discipline qui n’a jusqu’ici, malheureusement, jamais été en mesure de franchir un palier au baromètre du sport local.
Aussi, nous dirons qu’organiser ces Mondiaux était très osé, un pari fou, aux dimensions démesurées pour une fédération comme l’AMH. Ajouter à cela, l’absence incompréhensive de l’IHF à réagir, voire cette passivité coupable face à une situation de crise prévisible. Il est indéniable que sa part de responsabilité est aussi importante que l’AMH dans cette faillite. Car en tant que fédération internationale responsable, elle aurait dû prendre les mesures qui s’imposent en temps voulu pour éviter ce krash financier. Ce qu’elle n’a pas fait, laissant l’AMH se diriger droit dans le mur et assumer toutes les conséquences!
La folie des grandeurs passée, l’AMH n’a maintenant qu’à s’en prendre à elle-même devant l’ampleur des conséquences! Et désormais, il va falloir assumer…
JEAN-MICHEL CHELVAN