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Feuille de route 

Comme chaque année, des dizaines et des dizaines de bacheliers recevront bientôt leurs résultats de baccalauréat et, par la suite, prendront une nouvelle direction dans leur vie, tout comme ce fut le cas pour ceux ayant terminé la HSC il y a plusieurs mois. Certains restent au pays et d’autres s’en vont étudier ailleurs. Quelques autres jeunes Mauriciens choisissent de quitter Maurice pour émigrer vers d’autres terres et tenter une nouvelle aventure, aspirant à un avenir professionnel plus sûr, à une meilleure qualité de vie et à des lendemains plus sécurisés pour les enfants qu’ils auront un jour.

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Tous abordent cette nouvelle page de leur vie avec excitation, courage et, probablement, avec un peu d’anxiété aussi.

À chacun de ces jeunes qui commencent une nouvelle page de leur histoire (ici ou ailleurs), les parents ont envie de crier et conseiller : va, vis, aime, prie, écoute et sois heureux !

C’est pour les préparer à voler de leurs propres ailes, à s’émanciper et à être indépendants que nous grandissons et éduquons nos enfants. Un jour ou l’autre, il faut les lâcher, avec amour et bienveillance, et les encourager à quitter, à partir… tout en les assurant qu’au final, les parents seront toujours là pour soutenir et réconforter !

Tel un petit oiseau que nous avons pris soin d’accompagner, l’heure arrive toujours où notre petit protégé prend sa route pour découvrir qui il est vraiment, ce qu’il aime personnellement et ce à quoi il rêve et aspire concrètement.

Faire ce constat est déjà, pour le papa et la maman, réjouissant et intéressant. Plus encore lorsque ceux-là voient en leur enfant un bout d’eux… Ce bout qui continue à vivre en leur descendance (faut-il, cependant, que ce bout de soi soit bon et bien !) est réconfortant et rassurant : la transmission propre à chacun perdure ainsi d’une génération à l’autre.

Nous regardons, donc, chacun, notre colibri devenu rossignol – bien qu’encore vulnérable, il est vrai – choisir sa voie et les branches sur lesquelles il se posera et se reposera pour mieux avancer. Il déploiera son plumage de la manière et au moment voulus. Il prendra ou reprendra possession de son être, de son espace et du temps dont il dispose.

Espérons qu’entre-temps, il aura appris à apprécier les petites choses simples de la vie, comme sentir l’herbe fraîche coupée de bon matin, admirer les premiers rayons de soleil sur les feuilles, écouter le vent et respecter la nature. Il ne faudra surtout pas passer à côté de l’essentiel, bloqué dans l’échelle sociale et l’abrutissement des obligations, et fourré dans les escalades de réussite que la société imposera. Bref, il lui faudra garder un bon œil sur tout ce qui enclave et finit par rendre esclave, et sur tout ce qui aveugle et rend malvoyant.

Il faudra trouver des espaces de liberté et de silence et comprendre qu’avoir de vifs et rapides soubresauts d’errance permet aussi de se retrouver. Il faut savoir qu’une nuit tranquille et reposante libère, que regarder le ciel étoilé inspire l’espérance et qu’une marche dans la nature balaie les soucis. De plus, sentir l’hiver dans l’air, la rosée du matin et l’été dès les premiers pas dehors oxygènent les poumons pollués par les écrasantes toxicités du monde et de son esprit de revanche, de haine, d’orgueil et du besoin de gravir les échelons coûte que coûte, peu importe les moyens.

Il faudra apprendre à prendre possession de sa vie, de son temps, à tout temps, même à contretemps. Au cas contraire, l’oiseau encore fragile risque de subir la vie, avec les émotions qui prennent l’ascenseur, les injustices qui révoltent, les devoirs pesants et sans fin, et les droits qui partent quelques fois, avouons-le, dans toutes les directions (nous n’avons qu’à voir le mouvement idéologique du wokisme) !

Il y a encore tant à apprendre de la vie. Par exemple, il vaut mieux que le petit moineau sache prendre du recul avec l’immédiateté qui s’offre à lui, tout en sachant vivre l’instant présent. Contradictoire ? Pas du tout ! Tout comme l’urgence prime sur la précipitation, il faudra toujours garder la tête froide et avoir la sagesse de rechercher le discernement dans toute décision.

La vie est un trésor. L’aspirant flamant rose aura envie de la chanter, de danser sur ses souffles et ses bourrasques telle la poussière qui virevolte sous l’effet du vent, tout en s’enivrant des effluves de la nuit, des roses, des frangipanes et du parfum de l’océan.

Il faudra garder un œil avisé sur le monde de la nuit qui assombrit la beauté de l’aube. Le vacarme abrutira, la liberté enivrera, les nouveaux horizons griseront, mais le plus important, au milieu de tout ce joyeux tintamarre, sera de savoir se taire et faire silence en soi pour se recentrer sur la paix, d’écouter celui qui a besoin d’une oreille active et attentive, de prier pour ne pas se perdre, d’aimer sans perdre la raison, de bien vivre les deux pieds ancrés sur terre et de respirer les bonnes bouffées d’air frais.

En bref, l’ultime recherche du petit serin, bien que noyée dans la folle jeunesse et les fulgurantes aspirations des jeunes adultes, sera tout simplement d’être heureux et de rendre les autres heureux !

À chacun, d’ici ou d’ailleurs, qui aborde un nouveau chemin, voici ta feuille de route :

Va, vis, aime, prie, écoute et sois heureux !

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