— « Sur le ring, c’est beaucoup plus facile de s’avouer vaincu que de trouver en soi les ressources pour pouvoir faire la différence »
— « Avec un parcours qui comprend autant de défaites que de victoires, j’ai appris à gérer les deux situations »
— « Maurice a le potentiel d’avoir plusieurs champions du monde de kick, il nous faut juste les moyens pour les encadrer et les accompagner »
Légende : Quelques-uns des Mauriciens champions internationaux en kickboxing. Au centre, Fabrice Bauluck, quatre fois champion du monde, à sa gauche Annaëlle Coret, vice-championne du monde en 2001, et Cedrick Dinally, champion du monde en 2019. À sa droite Warren Robertson, champion du monde en 2018, et Stania Rathbone, championne d’Afrique en 2019
L’interview que vous allez lire est le résultat d’une rencontre imprévue et de ses prolongements. Invité à une réception pour célébrer le musicien Gérard Cimiotti, j’ai été placé à côté d’une table où, me disait-on, étaient réunis les tireurs mauriciens champions du monde. J’ai demandé ce que signifiait le terme tireurs. On m’a expliqué que c’était les kickboxeurs mauriciens qui m’ont été présentés et m’ont invité assister à une de leurs séances de travail quotidiennes au gym de Beau-Bassin, là où s’entraînent aussi bien les champions confirmés que les espoirs mauriciens du kickboxing. C’est au cours de cette rencontre que j’ai fait la connaissance de Fabrice Bauluck, quatre fois champion du monde de la discipline, qui a accepté de revenir sur les principales étapes de son exceptionnel parcours.
Quelles sont les origines du kickboxing et pourquoi pratique-t-on ce sport ?
— Ce sport a fait son apparition à la fin des années 1970 avec la vague de films d’arts martiaux notament par Bruce Lee. Au contraire de la boxe anglaise qui n’utilise que les poings, dans le kick, on peut utiliser les pieds. C’est un mélange de techniques de boxe anglaise et d’arts martiaux asiatiques qui regroupe les disciplines de sports de contact et leurs différents styles que l’on peut pratiquer sur un ring ou sur tatami. L’équipe mauricienne est plus axée sur le low-kick et le full-contact. Dans la première discipline, on frappe à partir des jambes jusqu’à la tête, en full on peut donner des coups à partir du corps, pas les jambes. On s’entraîne dans ces deux disciplines qui feront partie Jeux des Îles l’année prochaine et seront au programme des JO de 2028. Ce sport est géré au niveau mondial par la WAKO (World Associations of kickboxing organisations), dont la fédération mauricienne est membre depuis 1999. On pratique le kick pour différentes raisons. Il y a tout d’abord la compétition, mais c’est aussi un sport qui permet de se défouler, de rester concentré, de se garder en forme, de perdre du poids.
Les pratiquants de kickboxing sont-ils stressés et ont-ils besoin de se défouler ?
— Pas plus que les autres. C’est la société actuelle qui est stressée, qui a besoin de se défouler avec la pression du travail et des problèmes de la famille. Le kick, comme tous les autres sports, est un moyen d’évacuer le stress accumulé. Très souvent, le kick est considéré, à tort, comme une discipline sportive violente. Au contraire, il permet de combattre la violence puisqu’il repose sur des valeurs à acquérir.
Excusez-moi, mais les coups que se donnent les champions de Maurice à l’entraînement au gymnase de Beau-Bassin sont loin d’être des caresses ! On frappe pour faire mal à l’adversaire…
— Mais tout juste après les coups de l’entraînement, vous avez dû remarquer qu’il y a énormément de respect entre participants. On arrive à taper et à encaisser aussi fort parce que l’on se prépare. Il ne faut pas s’arrêter à la violence des coups pendant un combat, il y a tout ce qui mène à cela. Le kickboxeur doit être intelligent, rusé, avoir une stratégie, développer les techniques nécessaires pour s’adapter à n’importe quelle situation afin de remporter le combat. Je fais souvent le parallèle entre la vraie vie et la compétition sportive. Dans les deux cas, on se retrouve souvent dans une situation difficile, stressante et imprévue et il faut avoir les outils nécessaires pour la surmonter. Il faut donc une préparation physique et mentale que l’on acquiert grâce à la connaissance du sport et à un entraînement régulier.
J’ai l’impression d’entendre un gourou de secte un peu fanatique qui vante sa religion…
— Ce n’est pas le cas, puisque je suis agnostique. Pour moi, le sport c’est quelque chose d’ouvert, qui concerne tout le monde, leur est universel. Pour moi, les sectes enferment l’homme, tandis que le sport le libère. Le sport apprend à ceux qui le pratiquent à haut niveau à devenir résilients, à se fixer des objectifs, à travailler leur corps et esprit en respectant les autres. On ne devient pas champion du jour au lendemain, c’est un travail de très longue haleine.
Quel est votre parcours et comment avez-vous découvert le kickboxing ?
— Je suis né à Cité Beau Vallon, à Mahébourg, dans une famille de sept enfants, d’un père dans la construction et d’une mère femme au foyer. C’était une famille de sportifs. On jouait naturellement au football dans la rue, qui était notre stade. Mon frère a découvert le kickboxing par l’entreprise de Judex Jeannot, qui a introduit ce sport à Maurice et avait ouvert un club à Mahébourg. J’avais dix ans et mon frère, qui en avait sept de plus, m’a proposé de venir avec lui au club, et je suis allé voir et ça m‘a intéressé. J’étais un peu chétif, petit pour mon âge, timide et un peu solitaire dans mon coin. Paradoxalement, j’ai aimé le kick et j’ai progressé très rapidement.
Beaucoup plus qu’à l’école ?
— Je n’aimais pas beaucoup l’école. J’étais doué mais pas intéressé. Quand on vient d’une famille modeste qui vit dans une cité, on n’a pas mille façons de s’en sortir dans la vie. Moi, je savais qu’il fallait que je passe par le sport, et j’ai su qu’il fallait que je m’améliore, et j’ai commencé à rêver à devenir un jour champion du monde de kick. C’est un rêve, une ambition qui m’a aidé à me construire, à devenir ce que je suis. Mais je constate qu’aujourd’hui les gamins rêvent de moins en moins.
Pourquoi, selon vous ?
— C’est la société actuelle qui est comme ça. Les jeunes ne rêvent pas parce qu’ils pensent qu’ils auront les choses facilement. Rapidement. Même ceux qui rêvent ne veulent pas faire les efforts nécessaires pour les réaliser. Je suis allé au collège sans grand enthousiasme. Je faisais partie de la catégorie « peut mieux faire » et « doit faire un effort ». Je m’investissais plus dans le sport que dans les études, et on me l’a souvent reproché. Je me sentais plus à l’aise dans la pratique du sport où je me sentais plus à ma place qu’au collège. J’ai continué à progresser et puis, en 2004, j’ai eu l’occasion de réaliser une partie de mon rêve en allant représenter Maurice au Championnat du monde juniors en Italie avec Niven Ramasubbu, qui vit aujourd’hui en Angleterre. J’ai alors remporté mon premier titre de champion du monde.
Comment est-ce que le gamin, un peu solitaire, de Cité Beau Vallon, qui n’aimait pas trop l’école, reçoit ce titre de champion du monde juniors et tout ce qui va avec en termes de renommée ?
— J’avais seize ans et je ne comprenais pas très bien ce qui était arrivé. Je sortais de Maurice, une île perdue dans l’océan et de Beau Vallon, petite cité perdue dans l’île. J’étais heureux d’avoir participé à une compétition de cette envergure, d’avoir pu développer mes aptitudes et travailler dur pour arriver à ce niveau. Ce n’est pas forcément une question de victoire, mais une question du niveau atteint. Je reviens à Maurice avec ma médaille d’or, je retourne au collège pour passer mes examens de SC et je me rends compte qu’il faut que j’apprenne à m’exprimer, car il faut expliquer le sport et répondre aux questions des médias. Il faut expliquer les règles du sport, sa pratique et tout ce qu’il y a derrière comme travail, comme entraînement, comme énergie physique et mentale. Un combat de kick dure six minutes sur le ring, mais derrière il y a des années de travail du sportif, mais aussi de son équipe et de ses entraîneurs. Il y a des années de préparation derrière pour arriver à gagner avec un demi-point d’écart. Ça peut paraître peu, mais la somme de travail derrière est immense.
Vous avez le sentiment que le public ne s’intéresse qu’aux quelques minutes du combat de la finale ?
— C’est pour cette raison qu’il est important de bien expliquer ce qui se passe derrière le ring. On peut avoir l’impression que c’est quelque chose de facile, à la portée de tout le monde, d’une personne lambda. Ce n’est pas le cas.
Vous n’êtes pas une personne lambda ?
— Oui et non. On ne peut faire les choses comme les autres, vivre comme les autres, tout en voulant être une personne particulière, un champion. Un champion, c’est quelqu’un qui a quelque chose de différent des autres. Il a appris à développer des qualités innées en lui — la résilience, la discipline, savoir se fixer des objectifs, une capacité d’adaptation aux situations, mais surtout travailler en étant fixé sur l’objectif final sans se laisser disperser dans plusieurs directions. Et, croyez-moi, il y a beaucoup de distractions.
Qu’est-ce que vous appelez distractions ?
— Tout ce qui peut détourner de l’objectif final, et ce n’est pas facile. Parce que nous ne sommes que des êtres humains soumis aux tentations. Il faut apprendre à résister et à rester sur le chemin fixé.
Revenons à votre parcours après votre première médaille d’or. Est-ce que cette récompense vous change, est-ce qu’elle vous change la vie ?
— Non. Bien sûr, je suis plus visible, un peu reconnu dans la rue, mais avec Judex Jeannot, mon coach de l’époque, on avait développé une certaine philosophie : le travail prime sur tout. Dès qu’une compétition, gagnée ou perdue, est passée, on la range dans le passé et on se focalise sur l’avenir, sur la prochaine compétition, le prochain objectif qui était : garder mon titre de champion du monde, deux ans plus tard.
Mais vous aviez seize ans, l’âge où les tentations, pour reprendre votre terme, sont nombreuses et naturelles. Comment avez-vous résisté ?
— Mon objectif et ma priorité étaient de conserver mon titre à la prochaine compétition. J’ai travaillé pour réaliser cet objectif. Il faut savoir développer les qualités mentales pour maintenir coûte que coûte l’objectif fixé. Dans le sport, comme dans la vie d’ailleurs, plus on s’écarte de cette ligne, moins on est performant. C’est comme ça que, deux ans plus tard, j’ai réussi à garder le titre de champion du monde junior.
Vous aviez réalisé votre rêve de devenir champion du monde. L’objectif était atteint…
— Pas totalement. J’étais déjà champion du monde junior et je visais le titre senior. Donc, j’ai recommencé le processus pour pouvoir participer à la compétition des seniors.
Je suppose que le défi était plus grand. Avant il fallait grimper le Kilimandjaro. Là il fallait carrément escalader l’Everest…
— J’ai toujours aimé les défis, j’ai toujours regardé devant moi. Dans le kick, il y a énormément de camaraderie, de respect pour ses partenaires. Sur le ring, il faut un gagnant et un perdant, mais avant et après le combat, il n’y a que de bonnes choses et de l’amitié. Ce n’est pas parce ce qu’on se tape dessus qu’on ne se respecte pas. Paradoxalement, recevoir des coups, ça fait du bien et avec l’entraînement, le corps apprend à recevoir des coups : cela fait partie du tout.
Vous étiez, à dix-huit ans, deux fois champion du monde junior de kick. Mais que faisiez-vous dans la vie quotidienne, celle des citoyens lambda ?
— J’ai terminé mes études et j’ai travaillé avec mon cousin à livrer des produits de quincaillerie tout en continuant à m’entraîner. Je suis sélectionné pour participer aux Championnats du monde senior et je reviens au pays avec la médaille de bronze, ayant été battu par un point d’écart en demi-finale. C’est une très grosse déception, ma première défaite depuis mon premier titre.
Comment avez-vous vécu cette défaite honorable, puisque vous êtes tout de même médaillé de bronze ?
— Mal. Très mal. J’ai ressenti que tant d’investissements et d’efforts étaient tombés à l’eau. Mais en même temps, je me suis dit : je suis encore jeune, je vais continuer à m’entraîner. Deux ans après, j’arrive en finale aux championnats du monde senior et je perds une nouvelle fois, et j’accepte la défaite avec un peu plus de philosophie, en sachant que les défaites aussi permettent de grandir et de recommencer.
Est-ce que vous n’étiez pas devenu une bête de concours qui voulait absolument avoir le titre qu’il considérait comme étant le sien ?
— À ce niveau de compétition, il est important de vouloir gagner à chaque fois, même si la défaite guette constamment et fait partie du jeu. Mais accepter la défaite apporte souvent d’autres défaites. Il faut développer l’aptitude à gagner, pas à tout prix, mais faire en sorte de tirer le meilleur de soi pour remporter le combat. Si on accepte facilement la défaite, est très compliqué de durer en sport. Sur le ring, il est beaucoup plus facile de s’avouer vaincu que de trouver en soi les ressources pour pouvoir faire la différence.
Vous perdez deux Championnats du monde seniors de suite. Comment est-ce que le Mauricien, habitué à accompagner la victoire, a accueilli vos défaites ?
— Ce sont des choses tout à fait normales dans le sport, où l’on a tendance à focaliser sur le vainqueur, en oubliant le vaincu. Pour qui on peut avoir des commentaires et des remarques, disons désagréables. Mais si on reste sur une défaite, si on se laisse décourager, on n’avance pas. Il faut donc se remettre au travail avec son groupe, son équipe.
l Le fait d’être souvent, pour ne pas dire toujours avec la même équipe ne met-il le sportif dans une bulle, l’éloigne de la réalité ?
— Il faut savoir trouver le juste équilibre entre vivre avec son équipe et vivre sa vie. Cet équilibre est très important à atteindre pour pouvoir durer, car l’excès d’un côté ou de l’autre est toxique.
À vous écouter philosopher sur la vie et ses équilibres, j’en conclus que le kickboxeur — ou la kickboxeuse — n’est pas qu’un être humain avec les muscles des jambes et des bras bien entraînés…
— C’est cette image d’un boxeur qui est forcément quelqu’un de brutal et qui ne sait que donner ou recevoir des coups que je veux casser. Le boxeur est aussi un être sensible qui s’intéresse à beaucoup de choses et qui sait aussi réfléchir.
Je le constate. Reprenons votre parcours. Après les défaites de 2011 et de 2013, nous arrivons à 2015 à la compétition mondiale qui se déroule au Brésil…
— D’où l’équipe de Maurice de kickboxing revient avec deux médailles d’or et deux médailles d’argent, et perd deux autres de justesse. C’est, jusqu’à maintenant, l’apothéose historique pour Maurice dans cette discipline. Moi, je suis rentré à Maurice avec beaucoup de soulagement parce que j’avais peur de ne pas atteindre l’objectif : la médaille d’or dans la catégorie senior. Quand on passe à côté, on peut avoir le sentiment que ça peut devenir quelque chose d’inatteignable. J’ai pu prouver aux autres et à moi-même qu’à force de travail, je pouvais atteindre l’objectif fixé.
Et après avoir récupéré “votre” médaille d’or, qu’elle était l’étape suivante du parcours ?
— Continuer à gagner, parce que je n’avais que 26 ans et que je pouvais poursuivre ma carrière. Gagner c’est une étape du parcours, et continuer à gagner devient, au fil du temps, plus dur. Deux ans après le triomphe, c’est la désillusion. Je perds par un point d’écart à la dernière seconde du combat, et je m’en veux énormément, mais je continue. Deux ans plus tard, je retourne en finale et je remporte mon quatrième titre dans une compétition très dure, au cours de laquelle j’ai gagné à chaque fois par un point d’écart face à des adversaires redoutables.
Est-ce qu’à ce moment-là vous étiez devenu une machine à gagner ?
— Je n’utiliserais pas ce terme. Je dirais que je mets toutes les chances, toute l’expérience acquise de mon côté pour remporter la victoire. Tant qu’on gagne, c’est bien. Si on arrive à gagner tout le temps, c’est mieux.
Mais pardonnez-moi d’être cruel : vous avancez en âge, vos muscles commencent à se relâcher, il y a des jeunes qui montent et qui veulent prendre la place, la compétition devient donc beaucoup plus dure…
— C’est pourquoi la philosophie de départ — gagner et continuer à avancer — doit être maintenue. Cela étant, il faut bien se rendre compte qu’à un moment donné, il faudra céder la place aux jeunes, en leur laissant ce qui a été construit au fil du temps. Ce que j’ai fait jusqu’à maintenant sera une contribution sur la voie que les autres vont continuer à suivre, en allant plus loin.
Et que s’est-il passé aux derniers Championnats du monde senior ?
— J’ai reperdu le titre en me faisant battre en finale au dernier round. Mais avec un parcours qui comprend autant de défaites que de victoires, j’ai appris à gérer les deux situations. Sur le coup, la défaite fait très mal, on ne dort pas, mais après, on relativise, on prend le temps de l’analyse, on se rend compte où on a été moins bon et on tire les leçons pour la suite du parcours. Deux ans après, en 2021, en demi-finale, je perds face à un jeune russe de 19 ans.
Je suppose que vous allez être candidat aux prochains Championnats du monde l’année prochaine…
— Certainement ! Bien que le sport continue à évoluer et que les adversaires sont de plus en plus forts. Il faut donc que je sois plus performant encore. Mais je tiens à dire que le kickboxing ne se résume pas à une seule personne. Quand je gagne une médaille, ça ne concerne pas que moi, mais le kickboxing mauricien dans son ensemble.
Avez-vous le sentiment que la discipline du kickboxing qui ramène régulièrement des médailles à Maurice est suffisamment reconnue, soutenue ?
— Nous sommes un petit pays avec des moyens limités. Nous sommes aidés, mais cela ne suffit pas pour les besoins du groupe qui est en train de grossir. Nous avons besoin de moyens pour continuer à progresser et à ramener des médailles. Le ministère contribue, mais il est limité et nous limite. Nous devons donc trouver d’autres solutions, des sponsors et continuer à progresser. Si nous avons suffisamment de moyens, nous pouvons nous améliorer et ramener d’autres récompenses au pays. Maurice a le potentiel d’avoir plusieurs champions du monde de kick: il nous faut juste les moyens pour les encadrer et les accompagner.
En sus de vouloir remporter une cinquième fois le titre de champion du monde, est-ce que vous avez une vie normale, une épouse, des enfants ?
— Je suis marié et j’ai deux enfants. Je m’efforce de maintenir un équilibre entre ma vie de famille et ma passion qui est aujourd’hui mon métier, puisque je suis coach et entraîneur de l’équipe. Parfois, on me reproche la place que le kick et l’équipe occupent dans ma vie depuis des années. Pour moi, c’est une façon de vivre, qui me permet de garder le cap en évitant les excès et autres tentations. Ce n’est pas facile, mais il faut apprendre à se remettre en question pour améliorer les choses et s’améliorer soi-même.
Est-ce qu’on peut dire que si la prochaine compétition se solde par une autre défaite, vous allez raccrocher vos gants ?
— Bien que la question ne se pose pas actuellement, puisque je suis en préparation pour le prochain championnat, j’ai déjà commencé à penser à l’après-carrière, mais je n’ai pas de date limite arrêtée. Je n’ai que 36 ans, alors que dans le kick, on peut aller jusqu’à 40 ans. Quand viendra le temps de raccrocher les gants, je le ferai et je partagerai avec ceux qui viennent après pour qu’ils fassent mieux avec l’expérience du passé et leur énergie.
Ce ton mesuré, ces paroles bien choisies, c’est votre naturel ou c’est la façade que vous avez construite ? Vos n’êtes jamais en colère, vous qui pratiquez un sport hyper violent ?
— Il y a certainement un paradoxe entre ma personnalité et le sport que je pratique, mais ça ne veut pas dire que ça ne marche pas ensemble, ne se complète pas. Je suis réputé pour être calme, mesuré, non violent : ça fait partie de ma nature. Le kickboxing n’est pas que violence sur le ring, c’est beaucoup plus profond que ça, c’est un art de vivre qui fait partie de mon quotidien.