« C’est une décision très triste pour le sport », avait déclaré le président du Comité olympique mauricien (COM), Philippe Hao Thyn Voon. C’était au lendemain de la décision de la Cour Suprême de maintenir l’ordre de suspension contre les élections prévues le 29 mars. Un deuxième échec pour l’organisme de Trianon après la décision du Tribunal arbitral du sport de suspendre, une première fois, ces élections qui étaient initialement prévues le 25 janvier dernier.
Visiblement, Philippe Hao Thyn Voon n’a pas digéré cette décision de la juge Gaitree Jugessur-Manna. Est-ce à comprendre que cet ordre va à l’encontre du sport ? Il semblerait qu’il en soit ainsi pour certains. Mais, dans le fond, quelles sont ces décisions qui sont vraiment tristes à voir et qui font un tort immense au sport local ? Celles qui changent toutes les données sportives au point de nourrir l’anarchie, de favoriser les intérêts personnels et la dictature au détriment de la transparence et la bonne gouvernance ? Où la décision d’une juge qui ne fait qu’appliquer la loi suprême d’un pays souverain dans toute sa sincérité et favorisant, dans une large mesure, le fonctionnement d’un sport sain ?
Est-ce donc triste à ce point si des fédérations comme le pentathlon moderne et le roller & skate ont été jugées inaptes à être membre du COM et interdit de vote aux assemblées du COM ? Car qui dit absence de reconnaissance légale dit aussi inexistence et non inactive comme l’a un temps essayé de faire gober Philippe Hao Thyn Voon ! Lui qui se vantait d’avoir eu, sous son mandat de 18 ans, la création de plusieurs fédérations dont nombreuses sont désormais en proie à une décision légale.
Aussi, le COM n’a-t-il pas invité la fédération de tir à son assemblée générale annuelle du 30 décembre dernier et de participer aux votes menant à des amendements ? Alors que pourtant, cette fédération ne figurait même pas sur le site officiel de sa fédération internationale, preuve qu’elle est bien fictive ! La Fédération mauricienne de boxe y était aussi, alors que sa fédération internationale n’était plus reconnue par le comité international olympique ! L’intervention de ce dernier a d’ailleurs forcé le COM à priver ces deux fédérations d’une participation à l’assemblée générale spéciale du 25 février ? N’est-ce pas triste tout cela, M. Hao Thyn Voon ?
Nous venons aussi d’apprendre par le biais des statistiques disponibles sur le site du Registry of Associations que le siège de la Mauritius Hockey Federation (MHF) se trouvait à Petit-Gabriel à Rodrigues à l’heure de son enregistrement ! Pire, alors que nombre de fédérations africaines disposent d’un président et d’un secrétaire général, celle de Maurice n’a qu’un secrétaire administratif en la personne de Nundkishore Fakun ! Sauf que, lui, il réside, selon le site de la fédération internationale, à Curepipe, à moins que, depuis, il a bougé à Rodrigues !
D’autres fédérations se sont vues, elles, servir, fin 2024, une notice of cancellation de leur enregistrement par le Registrar of Associations pour non-respect des règlements. Désormais, c’est au régulateur de venir de l’avant et de faire officiellement part de sa posture par rapport à la situation légale de ces fédérations. Car, ce devoir, il est citoyen et obligatoire, si l’on veut réellement permettre au sport mauricien d’évoluer dans un cadre propre.
Après autant de désaveux, il est important que Philippe Hao Thyn Voon vienne expliquer à la jeunesse mauricienne à quoi servaient ces fédérations si elles n’ont aucune assise sportive. Comprenez par là, qu’elles n’organisent pas de compétition et donc, n’exercent aucune activité sportive spécifique, réelle et durable comme l’exige la Charte olympique !
N’est-ce pas là une réelle tristesse et tout le mal qu’endure le sport mauricien depuis de nombreuses années ? N’était-ce la détermination de Jean-Michel Giraud, président de la Mauritius Tennis Federation, ces fédérations, qu’il qualifie désormais de fantômes — avec raison d’ailleurs —, auraient déjà participé aux élections et contribué à valider, comme une lettre à la poste, le maintien de l’équipe en place pour quatre nouvelles années !
Ce sera donc à la Cour Suprême de trancher sur la plainte déposée par la MTF. Après le rejet des arguments avancés par le COM à la veille des élections capotées du 29 mars, l’affaire a été prise sur le fond mercredi. Le COM devait alors faire état de sa posture. L’a-t-il fait ou compte-t-il jouer désormais la montre ? Est-ce aussi à comprendre que la situation présente arrange certains au COM dans leur quête de garder le pouvoir ?
Ce qui est sûr, c’est que Philippe Hao Thyn Voon demeure à la tête d’un COM des plus contesté à l’échelle des valeurs. Mais ce qui est malheureux, c’est que, pendant ce temps, c’est le sport qui continue à s’enfoncer dans les diverses crises fédérales et pour lesquelles le COM n’a tristement jamais levé le petit doigt !
Jean-Michel Chelvan