Le vendredi 26 juillet 2024 restera gravée dans l’esprit de millions de personnes qui ont regardé la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques.
Grandiose : des scènes magnifiques, des voix qui émeuvent, la Marseillaise qui retentit sur le toit du Grand Palais. La fête, la joie, la bonne humeur, des larmes : on s’en prend plein les yeux. Un spectacle audacieux se déroule à Paris.
Une balade enjouée à l’écriture sensuelle prend place dans la Librairie Nationale de France. Dehors, perchés sur des tiges, des acrobates aux couleurs de l’arc-en-ciel nous emmènent dans un ballet aérien d’une beauté vertigineuse sous la pluie. Puis, s’installe un petit trouble : un trouple invite presque le spectateur à plus d’intimité. Imaginons un instant derrière leurs écrans, des fillettes de dix-douze ans, les yeux remplis d’étoiles, témoin de cette invitation et des garçons d’une quinzaine d’années encore en recherche de repères, qui voient, en ce jour mémorable pour la France, des adultes, des sourires, la joie, la fête et un plan à trois comme un exemple coquin banal. Le message est clair : l’inclusion comporte tout, tout, tout ! Mais où sont passées les valeurs, comme la fidélité, par exemple ? Voilà ce que des adultes donnent comme exemples aux jeunes, aujourd’hui, en les apprivoisant au plaisir et au désir libertins, libres, dit-on !
Lors de la traversée le long du fleuve, le wokisme et le féminisme prennent rapidement le dessus sur cette cérémonie pour petits et grands, en France et ailleurs. Elle se voulait inclusive (pari audacieux) mais lorsque l’on veut s’imposer à ce point, il ne faut pas exclure d’autres en leur manquant de respect. Erreur de discernement, de jugement ou provocation intentionnelle d’une liberté démesurée ? Nous ne jugeons pas ni ne condamnons les personnes impliquées, mais constatons un résultat. Est-ce que l’ouverture d’esprit est de tout accepter, d’accepter ce que moi je veux, ou alors est-elle un enfermement à s’obstiner à être “open” tout court, peu importe le sujet ?
Paris, ville magique et des amoureux, offre tout au long de la Seine de splendides scènes. Mais une des scènes de trop est celle possiblement inspirée de la représentation de La Cène. Ou est-ce Le Festin des Dieux ? Nous sommes nombreux à en douter encore puisqu’aucun de ceux impliqués dans la cérémonie ne rectifie illico presto le parallèle rapidement fait entre le tableau La Cène, de Leonard de Vinci, et les images qui sont retransmises.
Soyons honnêtes ! Impossible que de tels professionnels n’aient pas vu cette opportunité ! Impensable qu’ils n’aient pas été tentés (par celui-là même qui tenta Jésus dans le désert) d’utiliser cette représentation ! Des scènes sur la Seine… et ne pas penser à La Cène aurait presque été une erreur artistique.
L’occasion est trop bonne pour notre époque en perte de repères et de valeurs : c’est du pain béni. La réaction de chrétiens, entre autres, est légitime devant cette grossière parodie qui heurte. Il fallait s’assurer que le nom de l’œuvre, s’il ne s’agissait pas de La Cène, circule pour qu’un malaise ne s’installe pas.
Les bateaux sur la Seine n’ont pas dérivé, Dieu merci, mais dérive, il y en a eu ! On a tenté le coup de l’irrespect en espérant que cela passe. Le mal, poignant, est fait !
Au Maghreb et aux États-Unis, certaines parties de la cérémonie ont été censurées. Les évêques français ont communiqué sur cet événement controversé. Se seraient-ils aventurés à le faire s’il n’y avait pas d’offense ?
Il serait bien plus salutaire de reconnaître dignement ce mauvais choix, même s’il s’agissait du Festin des Dieux (mais nous en doutons toujours), plutôt que de se cacher derrière Dionysos et de petits rires, honnêtes certes, mais qui banalisent la situation. Des adultes qui prônent le trouple peuvent assumer le rejet flagrant des racines chrétiennes en France. Soit on ose et on accepte, soit on réfléchit, on pense aux conséquences et on évite que le torchon ne brûle.
Mais de deux choses l’une, ceux choqués par certaines parties de la cérémonie et par les différentes scènes aux références chrétiennes (La Cène n’étant pas la seule), croyants ou pas, vont, peut-être, se réveiller face à ces ambiguïtés foireuses et réaliser que la société se perd lentement en oubliant ses valeurs… Les chrétiens heurtés, quant à eux, pourraient sortir de leur confort, accepter ouvertement leurs croyances, se mettre debout et se battre (sans violence, sans armes ni poings, bien évidemment) pour leurs origines, sans les renier, sans honte.
Il n’est pas exagéré de penser qu’il y a eu tentative de ridiculiser le Dernier Repas du Christ à travers ce tableau vivant trop proche de l’interprétation faite par Leonard de Vinci dans son œuvre La Cène, exposée au Louvre.
Par ailleurs, les chrétiens portent souvent l’image de personnes nian nian, possiblement indolentes, en invitant au pardon et à la miséricorde tout en tendant l’autre joue. Mais il faudrait remettre en perspective ces termes qui ne sont ni de la lâcheté ni du masochisme. La miséricorde comporte la réparation et la justice. Quant à tendre l’autre joue, ce n’est, certes, pas encourager la violence, mais à faire face aux persécutions avec maîtrise de soi, force et sagesse.
Marthe Robin, mystique française aujourd’hui décédée, disait : « La France tombera très bas. Plus bas que les autres nations, à cause de son orgueil […]. »
Il est, peut être, temps que la lucidité quant à la nécessité du respect des valeurs détrône la griserie du libertinage et d’une trop grande liberté qui tutoie l’individualisme. Ceux attachés aux valeurs ont aussi le droit de s’exprimer, sans être étiquetés de “fermés”.
Évidemment, la France n’est pas que cela. Ce pays, riche de par sa culture, son histoire, ses traditions et son art de la table, est un modèle de raffinement et d’élégance. Les éloges ne manquent pas pour la qualifier.
De nombreux spectateurs ont été conquis, bluffés, émerveillés par la cérémonie. Artistiquement, c’était une réussite à plus d’un titre et une explosion de créativité.
Mais elle dégage aussi l’image d’une réunion familiale élargie, avec l’aîné (adulte) des hôtes qui, de manière gratuite, crache sur sa mère, gigote presque nu devant sa grand-mère et finit par lancer de la boue sur la grande photo familiale de ses aïeuls placardée fièrement au milieu du salon. Cela attriste, désole, provoque de la colère et entache cette réunion familiale dans son ensemble, malgré tous les moyens mis en œuvre pour qu’elle soit une réussite.
Est-ce que la morale de l’histoire de bafouer les valeurs serait désormais mieux tolérée que d’en vivre ? Est-ce que s’imposer à tout prix est preuve de tolérance ? Cette attitude est-elle juste, voire ajustée ? N’enferme-t-elle pas dans une idéologie du désir d’inclusion absolue, en excluant d’autres ? Ne devenons pas esclaves d’un étiquetage sans fin.
Maintenant, donnons toute la place à ce qui est important, les épreuves sportives qui, elles, fédèrent et ne divisent pas. Unissons-nous aux athlètes, tels qu’ils sont, et qui sont aux JO grâce à leur détermination, leur discipline, leur persévérance et leurs sacrifices, et non à cause des cases qu’ils remplissent ou pas.
Et terminons par ces valeurs olympiques : “Le Mouvement olympique a pour but de contribuer à bâtir un monde pacifique et meilleur en éduquant la jeunesse par le moyen du sport pratiqué sans discrimination d’aucune sorte et dans l’esprit olympique qui exige la compréhension mutuelle, l’esprit d’amitié, la solidarité et le fair-play.”
31 juillet 2024
* Phonétique de scène, Seine et Cène