Avant d’en venir aux deux événements qui ont marqué la semaine écoulée, quelques observations qui montrent que nous sommes sur la bonne voie. Il y a, d’abord, la décision du conseil des ministres de vendredi dernier de procéder à des amendements fondamentaux à la Finance and Audit Act.
Cela constitue un premier pas en direction de ce qui est connu comme la « fiscal responsibility ». C’est une notion qui était complètement absente des préoccupations de ceux qui sévissaient avant le 11 novembre et qui disposaient des fonds publics comme bon leur semblait. Avec ce que cela a eu pour conséquences sur le gaspillage, le détournement des ressources, la multiplication de budgets supplémentaires, l’endettement incontrôlé et la corruption quasi généralisée.
Que prévoit ce Finance and Audit (Amendment) Bill qui sera présenté en première lecture par le Premier ministre, Navin Ramgoolam, mardi prochain à l’Assemblée nationale ? L’introduction des indices de performance budgétaire, corréler les fonds publics attribués aux résultats et aux bilans afin d’améliorer l’efficacité opérationnelle de la gestion financière publique, renforcer la transparence et la responsabilité fiscale, la préparation des projets de budgets reposant sur des programmes et des projets sur une base triennale qui indiquent leur sources de financement, les objectifs et les résultats recherchés, la présentation d’un budget pour la première année et la préparation d’une projection des revenus sur trois ans.
Vaste programme qui va dans la direction de la rigueur de la gestion budgétaire et des fonds publics en espérant que cela débouchera sur des rapports du directeur de l’audit annuels qui ne soient plus de véritables procès en dilapidation criminelle des fonds publics et de dénonciations de situations s’apparentant à la corruption.
Autre texte qui sera présenté en première lecture ce mardi, cette fois par l’Attorney General, dont la détermination et la promptitude à corriger les errements du régime passé ne peuvent qu’être saluées, le Bail (Amendment) Bill. Après un premier projet de loi voté qui a rétabli les pouvoirs du Directeur des Poursuites publiques confisqués par la FCC, c’est maintenant une clarification légale attendue qui est proposée pour bien délimiter les prérogatives du commissaire de police et celles du DPP en matière de liberté conditionnelle.
Si le commissaire police aura le droit d’objecter à une remise en liberté sous caution, il devra, par contre, rechercher l’avis du DPP en cas de demande de liberté conditionnelle d’un individu auprès de la cour. Dans ce cas précis, la décision d’objecter ou pas ne sera que du seul ressort du DPP.
Sera aussi de l’exclusif pouvoir du DPP de loger un appel devant la Cour suprême contre la décision d’un magistrat d’accorder la liberté sous caution à un prévenu. Les choses sont désormais claires et on ne verra plus le triste spectacle d’un commissaire de police aux ordres défiant constamment l’autorité d’un DPP.
On avance, lentement selon les plus pressés, mais sûrement. Du moins sur certains dossiers. Et c’est là que nous revenons sur les deux grands événements de la semaine : la fête de Maha Shivaratree et le faux cyclone Garance qui a néanmoins tenu la République en haleine trois jours durant.
Sur Maha Shivaratree, version 2025, rien à dire, sauf peut-être que certains continuent de jouer de la musique à tue-tête après 22 heures et jusqu’au petit matin. Un appel à plus de retenue ne serait pas de trop. Mais en comparaison avec le déroulement sans anicroche de cette importante célébration du calendrier hindou, ce n’est qu’un détail à régler.
Les pèlerins ont, dans leur grosse majorité, respecté les nouveaux règlements sur la dimension des kanwars. Il y a certes eu quelques récalcitrants pyromanes qui ont essayé de faire obstruction. Maintenant que l’on sait d’où ils viennent et qu’ils sont des nostalgiques de l’ère jugnauthienne qui faisait de Maha Shivaratree un exercice à vocation sectaire, au lieu d’un moment de grande communion nationale, et de promotion personnelle de Pravind Jugnauth au lieu d’un rendez-vous de la solidarité et du partage, aucun souci à se faire, les esprits obtus étant voués à la disparition.
C’est à ce titre que l’intervention du Premier ministre à Grand-Bassin mérite d’être saluée. Pas de ton de meeting, aucune pique contre l’adversaire, si ce n’est une nécessaire mise en garde contre ceux qui seraient tentés d’encourager les gens à défier la loi.
L’autre événement de la semaine était cette garce de Garance qui a poussé toute une nation dans une interminable expectative. Viendra, viendra pas ? Pluies ou pas ? Même en classe 3 on ne voyait rien venir, ni le soupçon d’une brise et encore point une trace d’averse. Il a fallu attendre la levée un peu brutale des avertissements et du fameux confus conseil de « sécurité » pour ressentir les conditions cycloniques. Au niveau de la météo, il y a définitivement des infléchissements et des efforts de communication à faire.
Il faut aussi penser à la promulgation de règlements plus stricts pour ceux qui s’aventurent dans des lieux potentiellement dangereux : plage, mer, falaise, rivière. Il y a encore de trop nombreux Mauriciens qui font fi des conseils et qui mettent leur vie en danger. Le problème est qu’ils mobilisent aussi des secours publics qui, eux-mêmes, s’exposent au pire. Lorsqu’on commencera à distribuer des amendes à ces inconscients, ils finiront pas comprendre.
On termine avec les débats sur le Discours-Programme. Des esprits chagrins que l’on a pu entendre sur une radio, ne maîtrisant probablement rien du fonctionnement de la démocratie parlementaire, ont estimé que les débats sur la motion de remerciements de la motion de Babita Thannoo traînaient en longueur.
C’est le contraire qui est vrai. On a eu, jusqu’ici, droit à des participations succinctes, mais de très haute facture, la preuve étant la qualité des interventions de la séance de vendredi dernier, avec celles, en particulier, de l’Attorney General et de la Junior Minister Joanna Bérenger et sa conclusion tout en beauté sur la nécessité de l’utilisation du kreol à l’Assemblée nationale. Oui, tout reste à faire, mais il y a définitivement des pas résolus dans la bonne direction.