- Après le décès suspect du détenu Eddysen Patchee lundi dernier, de graves allégations portées contre des policiers de la Southern Division mardi par un jeune de Surinam
- La Commission des Droits de l’homme saisie du dossier d’Eddysen Patchee après les conclusions de l’autopsie du Chief Police Medical Officer
En une semaine, deux cas de graves allégations de brutalité, avec dans un cas le suspect Eddysen Patchee, âgé de 39 ans, succombant à ses blessures au Sir Seewoosagur Ramgoolam National Hospital dans la nuit de dimanche à lundi, ont été portés contre la police. Et cela, à peine l’enquête bouclée sur le cas de brutalité policière contre le dénommé Gaiqui au poste de police de Curepipe. Ainsi, cinq policiers affectés à la Southern Division sont accusés par un habitant de Surinam, âgé de 24 ans, de violence physique gratuite contre sa personne, mardi après-midi, dans les bureaux de la CID de Rose-Belle dans une enquête se déroulant dans le Sud. Dans le cas d’Eddysen Patchee, les conclusions de l’autopsie pratiquée par le Chief Police Medical Officer, le Dr Sudesh Kumar Gungadin, à l’effet que ce détenu n’est pas mort de cause naturelle, ouvrent la voie à des enquêtes au pénal, notamment de la Major Crime Investigation Team (MCIT) et de la Commission des Droits de l’homme.
Dans l’éventualité qu’Eddysen Patchee ait pu être victime d’un foul play entre les mains des éléments de l’Anti-Robbery Squad de la Northern Division, des proches de la victime réclament une contre-autopsie. Toutefois, cette question devra être tranchée par le magistrat siégeant au tribunal de Mapou demain. Les parents avaient déjà retenu les services d’un médecin de La Réunion, le Dr Jean-Marie Berthezene.
Ne faisant pas partie de l’Ordre des Médecins à Maurice, le Dr Barthezene a dû reprendre l’avion pour rentrer à l’île sœur. La pratique veut que tout médecin doit être enregistré auprès du Medical Council pour pouvoir exercer à Maurice et cela dans n’importe quelle circonstance. Avec le ruling du magistrat suite à une demande formelle de contre-expertise, des procédures nécessaires devront être initiées. Le Chief Police Medical Offi cer, qui a relevé des traces d’égratignures sur la dépouille de la victime, est arrivé à la conclusion qu’elle n’est pas morte de causes naturelles. Il attribue le décès à un œdème pulmonaire. Avec ce nouveau développement, la Commission des Droits de l’homme a ouvert une enquête, alors que la MCIT, menée par l’assistant-surintendant de police Dieudonné Gérard, oriente son exercice vers un éventuel délit de meurtre sur la personne sous l’autorité et le contrôle de la police. À ce stade, la MCIT a déjà interrogé douze policiers qui étaient de service dans la soirée du 24 au 25 mars. Quant aux offi ciers affectés à l’Anti Robbery Squad de la CID, ils seront interrogés après que les enquêteurs de la MCIT eurent visionné les caméras de surveillance dans le périmètre du poste de police de Rivière-du-Rempart pour vérifier la véracité des propos d’Asha Patchee, l’épouse d’Eddy Patchee.
Dans une déposition consignée à la police après la mort de son époux, Asha Patchee a soutenu lui avoir parlé le lendemain de son arrestation. Son époux lui aurait confi é que des policiers l’avaient emmené à la gare de Rivière-du-Rempart et l’ont agressé avant de le conduire au poste de police pour sa détention. Trois membres de l’Anti-Robbery Squad intéressent les limiers de la MCIT à cet effet. Le dénommé Patchee avait été arrêté vendredi de la semaine dernière à Rivière-du-Rempart. Les policiers l’auraient surpris alors qu’il préparait de la drogue synthétique et il aurait avalé les exhibits. Il avait été admis au Sir Seewoosagur Ramgoolam National Hospital le week-end dernier, se plaignant de douleurs. Son décès a été constaté à l’hôpital aux petites heures lundi matin.
« Kout sok elektrik »
Vingt-quatre heures après, la police de Karl Mario Nobin devait se rendre coupable d’un autre cas de brutalité policière. L’OB 455/2018, enregistrée dans la journée de vendredi au poste de police de Rivièredes-Anguilles par la victime, un habitant de Surinam, âgé de 24 ans, en fait foi. Vers 16h mardi, il marchait le long de Teeluck Lane à Surinam en compagnie d’un ami. À un certain moment, un véhicule de couleur noire avec cinq hommes à bord devait s’arrêter à sa hauteur. Après avoir confirmé son identité, les hommes, des policiers en civil, devaient l’embarquer pour une enquête. Le véhicule s’est rendu ensuite à Rose-Belle. La victime affirme être en mesure d’identifier tous les officiers de police impliqués dans ce cas flagrant de brutalité policière. Une fois dans les locaux de la CID de Rose-Belle, un premier devait l’intimer de dire toute la vérité sur une affaire qui avait eu lieu à Surinam. Il devait nier les accusations portées contre lui en affirmant qu’il avait sa main plâtrée au moment des faits incriminés et qu’il se trouvait chez lui.
« Kan mo ti ti pe dir sa, mo finn gagn enn kalot for lor mo lazou gos », ajoute la victime en maintenant que c’est un autre policier qui l’a agressé en lui ordonnant de dire la vérité. Presque au même moment, un policier en civil a fait irruption dans la salle avec un sac dans sa main. Il devait eu retirer une torche. « Bann lezot la polis finn pouss mwa lor enn latab. De ladan finn trap mo lame ek lezot fi nn donn mwa koud’pwin ek kout dibwa lor mo lekor ek mo lipie. Mo finn gagn enn pake kout sok eletrik partou. Mo pa finn kapav tini ek mo finn rakont zot enn zafer », devait-il poursuivre. « Apre enn bann lapolis finn dir ki ti bizin bat mwa pou mo koz laverite », ajoute l’habitant de 24 ans. Il indique que lors de sa comparution devant le magistrat du tribunal de Savanne, il ne pouvait pas marcher et que ce dernier s’était enquis de ce cas de brutalité policière. La victime a retenu les services d’un homme de loi pour cette affaire…