Est-ce bien à Week-End qu’était destinée la « patente » de la The Bank of Mauritius (BOM) ? Ou visait-elle à répondre par anticipation aux interpellations parlementaires de Raffick Sorefan ?
Le député du Mouvement patriotique (MP) a, mardi, à l’Assemblée nationale, estimé que le gouverneur était en train de « blow his own trumpet »(…) « in the Public Notice of today »
C’est donc par une Public Notice que The Bank of Mauritius a choisi de répondre à un articulet publié dans l’édition de Week-End de la semaine dernière faisant état des critiques qui pleuvent sur certains aspects de sa gestion. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’organisme régulateur a connu une soudaine poussée d’inflation sémantique qui, si elle se répète, peut s’avérer indigeste, voire toxique.
La BOM aurait pu se contenter d’une mise au point à Week-End qui aurait été rapportée dans nos colonnes pour lui permettre de donner sa version des faits qui, il faut le souligner, n’ont été que sommairement évoqués dans notre rubrique « Ça va se savoir ».
Mais, à bien y voir, ce n’est pas au premier chef à notre titre que la kilométrique Public Notice de mardi était destinée. Elle a, en effet, tout l’air, d’avoir été utilisée comme prétexte pour répondre en anticipation aux interpellations parlementaires du même jour du député du MP, le Dr Raffick Sorefan, sur ce que ce dernier considère comme des failles dans la gestion de la BOM.
Sur le fond maintenant, la BOM a peut-être raison techniquement sur sa situation financière et si elle ose se comparer aux autres institutions similaires dans le monde, elle doit aussi réaliser que ses homologues acceptent, elles, les critiques et qu’elles n’achètent pas des espaces dans les journaux pour répondre à un articulet ou pour tenter de décourager un élu trop curieux. Et on est presque certain que les gouverneurs de banques centrales d’autres pays trouvent mieux comme conseils au grand public que de s’abstenir d’acheter des « smart phones » et des chaussures Adidas et Nike !
Sur la politique de recrutement et les voyages, la prose de la BOM peut être abondante, mais elle n’est guère convaincante. Quant au gouverneur Ramesh Basant Roi qui prétend ne pas vouloir être « cheap », on se demande bien ce que faisait cette allusion plus que « cheap » à une visiteuse du dimanche à la BOM Tower munie d’un volumineux sac dans sa Public Notice. Si la BOM considère cette affaire comme criminelle, elle peut toujours remettre les bandes d’enregistrement des caméras de surveillance à Heman Jangi. Pour cela, elle peut demander à la fille de ce dernier, recrutée à la banque au temps de l’interpellation de l’ancien gouverneur, de l’en informer.
Si Raffick Sorefan n’a pas évoqué ce volet de l’affaire, il ne s’est pas privé mardi dernier d’interroger le Premier ministre et ministre des Finances sur le rôle du gouverneur Ramesh Basant Roi et l’accuser de « blow his own trumpet » dans la «Public Notice of today ».
Le député s’est étonné que le Second Deputy Governor Vikram Panchoo ait été d’un voyage en Irlande alors qu’il n’est pas impliqué directement dans les préparatifs de la création de « l’Asset Management Company ». Sir Anerood Jugnauth a, lui, justifié ce déplacement par le fait qu’il a un rôle de Supervisor à la Banque centrale.
Raffick Sorefan a aussi remis en cause le recrutement d’un ancien cadre de la Barclays et actuel directeur de la Maubank Mario Heennequin, ses connexions avec un autre dirigeant de la BOM qui ferait l’objet d’une enquête de l’ICAC. D’autres informations indiquent qu’une autre proche du cadre recruté aurait aussi bénéficié d’une promotion. C’est apparemment cela que la Public Notice considère comme « more representative of our society ».
Autre cible, celle-là depuis quelque temps déjà , du député du MP, le Dr Jameel Khadaroo. L’élu a voulu savoir si ce dernier est un directeur de la SBM avec des allocations de Rs 80 000, s’il sera aussi celui de la branche des Seychelles et s’il n’y aurait pas conflit d’intérêts étant donné, selon le député, qu’il serait aussi un fournisseur de logiciels informatiques. Réponse du Premier ministre: « Well, if he is enjoying Rs 80 000, I hope he deserves it ».
L’articulet de Week-End a aussi été l’occasion pour des confrères d’accepter un communiqué payant alors qu’ils n’étaient pas concernés par cette affaire. Notre éthique, ici, nous interdit de répondre à un individu ou à une institution qui aurait été mis en cause par un autre titre. D’autres n’éprouvent aucun complexe à le faire. C’est leur affaire.
Certains qui se posent en porte-parole de la BOM, au nom peut-être d’anciennes relations de bon voisinage, ont même été jusqu’à se poser en donneurs de leçons et traiter notre information de « tendancieuse ». Ceux qui ont « divorcé » un député toujours bel et bien marié avec la même épouse devraient commencer par balayer devant leur porte avant de s’ériger en juges d’autrui !
BANQUE DE MAURICE : Une poussée d’inflation… sémantique
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