C’est à partir du 2 octobre 2017 que le député MSM Kalyan Tarolah, qui était à l’époque Parliamentary Private Secretary, s’est fait connaître du grand public en envoyant une vidéo depuis l’enceinte du Parlement à une femme qu’il voulait séduire en lui déclarant sa flamme avec sa langue en mouvement. L’illustration téléphonique d’un slip of the tongue !
Une langue sur laquelle toutes sortes de commentaires ont été écrits. Ce que le PPS pensait être un argument sensuel pour séduire la belle fut pris pour ce qu’il était, une insulte grossière, et fit l’objet d’une plainte en bonne et due forme à la police. Mais la police mauricienne étant ce qu’elle est devenue, un instrument au service du pouvoir, l’enquête prit du temps à démarrer. Parions que si c’était le PPS qui avait porté plainte, la police aurait travaillé à la vitesse TGV. Ce fut le cas quand des ministres allèrent déposer plainte contre des internautes et même le DPP.
Entre-temps, la vidéo du PPS était devenue virale et le gouvernement, dont le chef se prétend un grand défenseur de la morale, ne put faire autrement que d’évincer Tarolah du poste de PPS. D’autant que l’opposition s’était saisie de la question. La Speaker, qui devait prendre position sur cette insulte faite à une femme dans l’enceinte du Parlement, trouva une parade. Au lieu de sanctionner le député, ce qu’elle fait pratiquement toutes les semaines, quand il s’agit de ceux de l’opposition, elle a envoyé l’affaire à la police. Qui, elle-même, refila le dossier au bureau du DPP. Et contre toute attente, ce dernier, au lieu de prendre une décision, renvoya le dossier au premier envoyeur, la Speaker. C’est ainsi qu’on prit plus d’une année pour retourner à la case départ.
Oui, dans ce pays où la publication d’une photo peut provoquer le vote à toute vitesse d’un durcissement des lois sur les réseaux sociaux, on a pris plus de douze mois pour ne pas prendre une décision sur la vidéo de M. Tarolah montrant sa langue frétillante. C’est qu’entretemps, les députés de Lalians avaient compris qu’ils étaient devenus des intouchables et qu’ils n’avaient qu’à prononcer le terme démission pour faire trembler le sommet de l’État. Ce n’est pas parce qu’il est innocent qu’aucune sanction, ne serait-ce qu’un blâme, n’est pris contre le député Tarolah, mais parce qu’à une année des législatives, le gouvernement ne peut se permettre de perdre une partielle. C’est bien pour cette raison que les villageoises ont été renvoyées aux calendes grecques, n’est-ce pas ? C’est une règle de la realpolitik à laquelle la Speaker a été obligée de se soumettre. Sinon, comment expliquer que la Speaker qualifie le comportement du député Tarolah de « demeaning and undignified », mais ne le sanctionne pas, elle qui passe son temps à reprendre les parlementaires sur leur langage et n’hésite pas à les suspendre ou à les expulser du Parlement ?
Le refus de la Speaker de permettre au député Uteem de soulever un point of order sur cette affaire va augmenter la réputation de partialité qui lui colle à la peau. Est-ce que la realpolitik serait en train de nous conduire a une énième alliance électorale entre les membres de la défunte grande famille des militants ? C’est ce que redoutent des militants fatigués des alliances et des cassures, et surtout des koustik faits par le leader du MMM pour les justifier, avant de les condamner. Ce sentiment de crainte a été résumé l’autre soir par un vieux routier de la politique locale. « Kan mo tann Paul dir vote avec des réserves, mo santi enn mari parfum l’alliance monté ! » C’est vrai que la déclaration du leader du MMM selon laquelle les députés de son partis considéraient l’éventualité de voter en faveur de la réforme électorale proposée par le gouvernement, mais avec des réserves, a de quoi faire tiquer. Dans notre système parlementaire, on comptabilise les votes pour ou contre une motion, pas les votes pour mais avec des réserves ! Ce qui semblait avoir été un slip of the tongue du leader du MMM a trouvé des échos positifs du côté du MSM.
C’est ainsi que le ministre Sinatambou a déclaré en plein débats parlementaires sur la réforme électorale que « l’alliance gouvernement et le MMM sont si proches ! » À cela, d’autres oranges ont déclaré que « Paul ne peut pas voter contre un projet pour finir une fois pour toutes avec le Best Loser System et moderniser la loi électorale. » Avec ces éléments concordants, on peut se demander si la déclaration de Paul Bérenger sur le vote en faveur mais avec réserves était un slip of the tongue .