Le judiciaire tout comme le sport ont été secoués de façon révoltante et inquiétante. L’un faisant les frais d’un Premier ministre — Pravind Jugnauth — qui croit que tout lui est désormais permis. L’autre perdant injustement sa légitimité sous cette pression venue d’ailleurs et pas nécessairement saine, mais dans le but unique de sauver une association qui est loin de s’aligner sur les principes de la bonne gouvernance ! Ces deux cas, certes d’un contexte différent, se rejoignent indistinctement et malheureusement à un point déterminant. Celui de l’abus de pouvoir et dont ce monde n’arrive toujours pas à s’en défaire plus de 2 000 ans après ! Tout comme les maladies incurables, la tyrannie nous consume de l’intérieur. Parfois lentement et parfois brutalement. Et dans bien des cas, on se doit de s’en prendre à soi-même. Faute d’avoir réagi à temps et d’avoir surtout pris les bonnes décisions.
Ce qui s’est passé à Surinam est hautement déplorable. La situation est même très grave en tenant compte, cette fois, qu’un pas interdit a été franchi, sans impunité aucune, vers l’autocratie. Et désormais, il faut se préparer au pire avec une démocratie fragilisée et une société multiculturelle qui peine cruellement à s’identifi er à ses propres couleurs que sont le rouge, le bleu, le jaune et le vert. Pravind Jugnauth sait mieux que quiconque que sa démarche est dangereuse. Sauf qu’il s’est tout de même permis de s’aventurer sur ce terrain. La raison: il sait que la nation, aussi docile que résiliente soit-elle, ne lèvera pas le petit doigt. Comme en témoigne sa posture face aux augmentations injustifi ées qu’on lui impose et peu importe aussi si elle doit payer chèrement pour un métro dont elle n’a nullement commandé !
Le Mauricien, malheureusement, il est comme ça. Quitte à moisir, chaque matin, dans les embouteillages rendus encore plus monstrueux qu’avant l’arrivée du « jouet » de monsieur le PM dans le paysage routier local ! Délibéré ou pas, ce qui est certain, c’est que ce sont les pompes qui trinquent allègrement générant des millions de roupies au nom du pauvre automobiliste. Le gouvernement ne pouvait rêver mieux pour des raisons évidentes ! À ce jeu-là toutefois, c’est la loi du plus fort qui prime. L’État, par le biais du ministère des Sports, en a fait l’expérience, à son tour, face à la puissante Fédération internationale de football associations (FIFA) dans ce petit jeu malsain d’abus de pouvoir. Le ministre Stephan Toussaint ayant décidé de faire machine arrière après avoir dissout le comité directeur de la Mauritius Football Association (MFA).
Cette pression exercée par la FIFA est loin d’avoir été sportive compte tenu du fait qu’elle a tenu un État souverain en otage ! Pour ce faire, elle était même disposée à sacrifi er des sportifs pour « sauver » un comité directeur au fonctionnement bancal ! Est-ce donc cela le beau jeu que prône la FIFA ? Tout comme les arguments avancés par le Comité olympique mauricien (COM) pour faire craquer Stephan Toussaint. Ceux faisant croire que le Comité international olympique (CIO) risquait de suspendre tous les sports olympiques de Maurice en cas de sanction de la FIFA. Abus de pouvoir une fois encore ? Si cela n’en est pas un, alors cela y ressemble. Et l’olympisme et ses vraies valeurs dans tout cela ? Ne serait-ce pas aussi une forme de dictature en voulant généraliser un cas tout en imposant une sanction unilatérale sur l’ensemble d’un peuple sportif ? Le président du CIO, Thomas Bach, trouve-t-il normal s’il ait, un jour, à payer pour une faute qu’il n’a pas commise ?
Aussi, faudrait-il savoir pourquoi avoir permis à la boxe de participer aux Jeux olympiques de 2021, alors même que l’Association internationale de boxe était pourtant sous le coup d’une suspension du CIO ? Idem pour cette présente démarche d’un retour des athlètes russes en compétitions internationales, dont les Jeux olympiques de 2024 à Paris. Alors même que des milliers d’Ukrainiens ont fait les frais de la politique meurtrière du président Vladimir Poutine et dont la Cour internationale a émis, la semaine dernière, un mandat d’arrêt à son encontre pour crime de guerre ! En d’autres mots, à la FIFA, comme au CIO, on décide selon les humeurs. Et ça, c’est vraiment dommage pour le sport et ses sportifs. Au lieu de favoriser un environnement sain, on préfère cautionner l’incompétence et des intérêts extra-sportifs. Sans oublier que ces deux organismes sont loins d’avoir été irréprochables dans le passé. Même si certains veulent faire croire qu’un changement est en cours.
Ce qui est certain, ce que ce n’est pas en sanctionnant des petits États comme Maurice que la FIFA rendra à notre football ses lettres de noblesse. Au même titre que le ministre des Sports, Stephan Toussaint, qui est à blâmer pour avoir cédé trop facilement face à une association qui a pourtant aussi abusé de ses pouvoirs. Même que Stephan Toussaint affi rme désormais, sur les ondes d’une radio, que le football bénéfi ciera, à partir de la saison prochaine, d’un soutien fi nancier de l’État ! En somme que le gouvernement subventionnera à nouveau une association qui est sous enquête policière et qui a été suspendue par la FIFA pour avoir omis une procédure luttant contre la fraude ! Preuve qu’en politique, on parvient facilement à changer de couleur afi n de s’accommoder en fonction des situations. Sommes-nous cependant disposés à continuer de subir ce genre d’abus ? Est-il juste que des fonds publics, soit l’argent des tax payers que nous sommes, soient à nouveau alloués à une association qui est loin d’être crédible et qui plus est, ne dispose pas d’un trésorier comme l’exige la loi du pays ? Aux Mauriciens de réagir si, bien évidemment, il n’est pas déjà trop tard.