10 mars 2025. Rome, 06h15. Réveil matinal pour trois amies et moi. Direction Fiumicino, l’aéroport de Rome, après un séjour inoubliable en Italie et en Bosnie-Herzégovine.
Après trois semaines intenses, nous quittons l’Italie pour rentrer à Maurice en transitant par Paris. Nous arrivons à l’aéroport Charles de Gaulle (CDG), Paris, vers 13h pour prendre le vol MK015 prévu à 16h20. Nous traînons le long des magasins hors taxe, le gate pour notre vol se trouvant à l’extrémité du Terminal.
Il est bientôt l’heure de l’embarquement et nous nous rapprochons des autres passagers lorsque nous entendons une première annonce informant du retard du vol. Cela nous fait sourire et nous allons même jusqu’à faire quelques boutades : « Et si on ne partait pas aujourd’hui ? » Nous écartons cette possibilité, car nous avons tellement envie de retrouver nos familles respectives.
Nouvelle annonce : un problème technique nécessite de changer une pièce. L’agacement se fait sentir parmi les passagers, mais cela n’altère pas notre bonne humeur. Nous choisissons de marcher le long des magasins hors taxe, histoire de regarder, de comparer les prix, de traîner et de tuer le temps. Vers 18h, nous nous rapprochons une nouvelle fois de la porte d’embarquement et voyons cette fois les préposés aux comptoirs remettre des vouchers pour le dîner. Ça ne sent pas bon… pour le décollage !
Nous faisons contre mauvaise fortune bon coeur, et une fois les bons en mains, nous nous installons pour manger.
18h45 : coup de massue. Le vol est annulé et reprogrammé pour le lendemain matin. Deux choix s’offrent à nous : un voucher pour une nuit à l’hôtel avec les transferts ou un voucher pour un taxi aller-retour vers Paris.
Ni une ni deux, je téléphone à une proche qui vit dans la capitale. Grande joie, nous allons nous revoir et passer la soirée ensemble. D’ici 21h, je devrais certainement être chez elle.
C’est avec entrain que nous, les passagers déçus, marchons comme des moutons de Panurge vers un but… inconnu. Stop ! Stupides (et fatigués) que nous sommes, nous suivons quelqu’un qui ne sait pas où il faut aller. En masse, nous faisons demi-tour et prenons les bonnes directives.
Pendant trois semaines, je n’ai regardé ni indication de chemin, ni trajet sur Google Map, ni panneaux, je continue donc à suivre mes amies la tête toujours dans ce séjour qui m’a séduite. Nous arrivons, comme un troupeau, devant la navette qui nous mènera dans une autre zone de l’aéroport. Mais, misère ! Tout le monde s’y engouffre et je n’ai pas de place pour entrer. Les portes se referment et mes amies, mes boussoles, disparaissent sous mes yeux. Laissée sur le quai, je réalise que je ne sais pas où aller. Mais, bonne nouvelle, je ne suis pas la seule.
Une préposée de l’aéroport tente de nous donner les informations en parlant le plus fort possible. Les annonces de l’aéroport précédées d’un jingle recouvrent sa voix et l’exaspération des voyageurs se fait maintenant entendre. Je suis loin et ne comprends pas ce qu’il faut faire. Dans la cacophonie, je choisis encore une fois de suivre.
Nous croisons un vigile qui nous montre le chemin. « Prenez cet escalier et vous verrez les indications pour 2E ». Nous suivons ses instructions, descendons, cherchons le panneau en question, suivons la flèche, remontons les escaliers. Surprise ! Retour au même point, avec le même monsieur (ahuri cette fois) devant nous.
Je décide alors de continuer la route en solo pour rejoindre le Terminal 2E. Je suis (probablement mal) les panneaux indicateurs et me retrouve dans une partie déserte de CDG. Pas un chat ! Je suis épuisée, l’heure tourne.
C’est alors que mes “boussoles » m’appellent : « Où es-tu ? — Je ne sais pas — Que vois-tu ? Quels panneaux il y a devant toi ? » Je réponds et elles me disent : « C’est pas bon. Tu es complètement à l’opposé de nous. » Il est plus de 20h et je ne suis pas au bout de mes peines : « Camille, fais-nous confiance. On va te guider. » Tout ouïe, je me laisse diriger par les voix rassurantes féminines mauriciennes pendant de longues minutes : « Fais demi-tour, sors du terminal par l’extérieur, puis tu montes, vas tout droit, descends, remonte. Allez, on devrait bientôt te voir ! » Elles ont déjà leurs bons en main depuis un moment déjà. Mais nous avons parcouru tellement d’endroits ensemble ces dernières semaines, qu’elles n’ont pas eu le cœur de me laisser derrière et ont préféré s’assurer que j’étais sur le bon chemin. Avec soulagement, je les vois et elles peuvent enfin continuer leur route. Je me retrouve alors en fin de file, parmi les derniers, pour obtenir le fameux voucher. L’attente durera environ une heure et se passe dans la sérénité avec le reste des passagers puisque nous privilégions tous la sécurité. Les préposés d’Air Mauritius à CDG sont sympathiques, compréhensifs et nous accompagnent dans cette galère.
J’y suis presque. Voilà madame. « Votre voucher aller-retour pour le taxi ». Il est 22h. Après quelques péripéties cette fois liées au taxi, j’arrive à bon port à 22h45. Une fois dans l’appartement, je réalise que j’ai les pieds en compote et l’application “Forme” sur mon téléphone indique que j’ai marché presque 11 kilomètres, ce jour-là (rien qu’à l’intérieur de CDG donc).
11 mars 2025. Paris, 5 h 15. Le réveil sonne. Re-taxi, cette fois direction CDG. Sourire aux lèvres, je regarde défiler Paris au petit matin. Mes amies m’attendent déjà au Terminal 2E. L’enregistrement se passe bien, ainsi que l’embarquement. Une fois à bord, c’est un personnel navigant accueillant et empathique que je rencontre. Il est à l’écoute et souriant. Le pilote s’adresse aux passagers avec des mots justes. Le vol est parfait. Je suis enfin sur un petit nuage et plane.
Il est vrai qu’Air Mauritius doit être pointé du doigt pour sa gestion et ses décisions prises à haut niveau. Il est aussi important de reconnaître le professionnalisme et la bonne volonté de ceux qui sont au bas de cette organisation et qui font patiemment face aux passagers.
Les stewards et hôtesses de l’air ont tout fait pour estomper les moments difficiles à CDG et les conséquences de ce retard. Nous atterrissons à quasiment minuit à Maurice dans une ambiance joyeuse.
Pari gagné après une nuit à Paris !
Le carnet de Camille
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