C’est à son domicile à cité CHA de Terre-Rouge que Week-End a rencontré mercredi, le capitaine de la sélection nationale de football et du Pamplemousses SC, Kevin Jean-Louis. Du haut de son 1m90, le gardien de but, à la stature imposante, espère ramener l’or avec ses coéquipiers aux Jeux des îles de l’Océan (JIOI, 19-28 juillet) pour faire vibrer le cœur de tout un peuple. Calme, serein et sans langue de bois, le dernier rempart nous parle à cœur ouvert, en nous donnant des détails sur son parcours, ses envies et ses objectifs.
Désiré L’Enclume et Orwin Castel sont les deux seuls gardiens à être montés sur la plus haute marche du podium lors des JIOI, tenus à Maurice. Le premier, décédé il y une semaine, avait d’ailleurs été le héros de la finale de 1985, stoppant deux tirs au but face à la formation réunionnaise. La question que nous nous posons est la suivante : est-ce que Kevin Jean-Louis est fait du même métal que ses glorieux aînés ? Notre interlocuteur répond, « Je ne sais pas, seul l’avenir nous le dira, mais je veux ramener la médaille d’or à Maurice. Nous avons cette opportunité en tant qu’équipe de le faire, et ce serait vraiment la cerise sur le gâteau voire symbolique de s’imposer devant son public. C’est le rêve de tout joueur. »
Kevin Jean-Louis garde une belle image de feu L’Enclume, dit ‘l’Araignée’. « J’ai eu le privilège de bénéficier de ses conseils. C’est un grand MONSIEUR qui respirait le football et qui demeurait un grand pédagogue. C’est son esprit de camaraderie qui m’a le plus frappé chez lui. C’était un super formateur avec un grand cœur », confesse-t-il. C’est à l’école de foot de St-François Xavier, dans la Capitale, que Jean-Louis commence à faire ses racines, avant de rejoindre le Centre technique du Nord, ou il évoluera dans toutes les catégories d’âges.
Jonathan Jean-Louis, celui par qui tout a commencé…
Mais, à la base, la fibre lui vient de son papa, Jonathan. « Il était gardien de but dans la localité et moi, je le suivais partout, quand il y avait des matchs. Je portais ses équipements, et à force de baigner dans cette ambiance, je suis logiquement tombé dans la marmite », souligne le jeune homme de 29 ans. « Je jouais attaquant petit, mais je me suis installé dans les buts, car j’avais des aptitudes pour ce poste. Tout s’est fait naturellement », poursuit-il. Après le Centre technique, Kevin rejoint les rangs du Pamplemousses SC, et qui évoluent depuis plus de 10 ans, glanant les titres de champion de Maurice ainsi que les autres Coupes nationales. « On ne s’est pas de quoi l’avenir sera fait, mais à titre personnel, je me sens très bien à Pamplemousses. »
Ses bonnes performances en club lui ont ouvert les portes du Club M, et il s’y est imposé à vitesse grand V devenant un élément indéboulonnable dans les cages. « Ma principale qualité est mon mental. Chez un gardien, c’est un facteur déterminant pour réussir sur la durée. Je suis aussi bon sur ma ligne. La concurrence est rude en sélection, mais cela ne m’a jamais posé problème. Bien au contraire, grâce à elle , on devient meilleur et on fait plus de progrès », explique ce grand supporter de Manchester United et de David de Gea. Il a son avis sur l’importance du gardien dans le football moderne. « Vous savez, contrairement aux autres joueurs de champ, le gardien est bien souvent isolé. L’erreur est humaine et tous les grands gardiens en font. Mais c’est surtout à nous de nous remettre en question le plus vite possible et de nous concentrer sur l’arrêt suivant. Nous n’avons pas le temps de tergiverser et de trop réfléchir. Le gardien de but ne peut également pas se permettre d’avoir un moment de déconcentration. Ça se paie souvent cash. »
Un leader privilégiant le dialogue
Avant de poursuivre, « Je me suis bien amélioré, et je sens beaucoup mieux les coups qu’à mes débuts. J’ai mûri dans mon jeu. Et forcément, quand vous gagnez en maturité, vous dégagez une forme de sérénité que vous transmettez à vos coéquipiers. Avec le Club M, j’ai disputé les éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations et je me suis retrouvé en face des joueurs que je voyais uniquement à la télé, en la personne d’Adebayor (Togo) ou des frères Ayew (Ghana) pour ne citer qu’eux. Ce sont de sacrés joueurs qui vous font définitivement franchir un nouveau cap. J’ai aussi la chance de côtoyer un ancien international à Pamplemousses, Nicolas Doro, qui me prodigue des conseils quand le besoin se fait sentir. »
Mais Captain Jean-Louis est aussi un leader qui privilégie le dialogue. « En tant que capitaine, mon devoir est de mener mes gars à bon port. Je ne suis pas un aboyeur. Quand j’ai besoin de parler, je le fait, sobrement. »
Jean-Louis a également faim de victoires, « Je veux gagner des titres. Mon objectif est que nous conservons notre couronne de champion en Super League et ensuite remporter les JIOI. J’ai goûté à mes premiers Jeux il y a quatre ans à La Réunion, et nous sommes revenus avec le bronze autour du cou. Ce fut une expérience enrichissante, et j’estime que depuis, le groupe a franchi un palier, et que nous allons capitalisé là dessus, pour réaliser un beau tournoi.»
Il ne tarit pas également d’éloges sur l’actuel entraîneur, Akbar Patel. « Je le connais depuis un moment maintenant. Ce que j’aime chez lui, c’est sa franchise. Il n’est pas du genre à tourner autour du pot, et moi, ça me convient. Il nous tire vers le haut, et le groupe est encore plus soudé. Il règne une franche ambiance de camaraderie autour de nous. Il faudra compter sur nous pour les JIOI », affirme-t-il.
Ayant effectué un essai à Saint-Louisienne à La Réunion, Kevin Jean-Louis caresse le rêve de disputer au moins une saison, dans un championnat étranger. Mais pour l’heure, ce champion est déterminer à guider ses partenaires, vers les sommets dans les 3 mois qui suivent.