Marie-Anne Rosemond n’imagine pas son existence sans la présence d’enfants dans sa vie. Cela fait 35 ans que cette directrice de crèche et d’école maternelle a choisi comme vocation d’accompagner et d’enseigner les tout-petits. “Je ne le considère d’ailleurs pas comme un travail, car j’ai toujours aimé les enfants. C’est un privilège inestimable que de nombreux parents me font confiance et acceptent de me les confier chaque jour.” Même si elle avoue que les choses ont beaucoup changé au fil des années. À 62 ans, cette Curepipienne ne se lasse pas de se donner corps et âme dans sa tâche au quotidien. Pourtant, elle aimerait que “les enfants soient moins gâtés et livrés à eux-mêmes, et que les parents essayent autant que possible d’accorder plus d’attention et de temps à leurs enfants”.
Être aux services des autres semble être inné chez Marie-Anne Rosemond. Quand elle n’est pas avec ses “enfants”, elle consacre du temps aux malades. Elle est très active dans sa paroisse à “faire des cours de catéchèse et donneuse de communion”. Après une première expérience de pèlerinage à Lourdes, elle s’apprête au mois de mai à s’envoler pour la Terre Sainte. “J’ai hâte d’y être. Je rends grâce à Dieu car c’est une chance de pouvoir vivre une telle chose.”
Cette mère de deux enfants et grand-mère d’un petit-fils savoure en effet chaque jour, comme une nouvelle expérience où “il faut toujours faire de son mieux pour ne rien regretter”.
Une fois que ses petits de la crèche et de la maternelle sont dans les bras de leurs mamans et papas, Marie-Anne Rosemond s’accorde quelques heures de repos devant un bon feuilleton ou une série télévisée, avant de retrouver sa cuisine où elle aime concocter de bons petits plats. “C’est en faisant plaisir à mon époux, mes enfants et mes proches que je me sens vraiment bien dans ma peau.”
La boîte à questions
Notre invitée a plongé sa main dans notre boîte à questions. Et le hasard lui a imposé ce qui suit.
Si vous deviez changer un trait de votre personnalité, lequel serait-il ?
Je suis trop soucieuse dans la vie. Je m’angoisse souvent pour les autres au moindre problème. Et c’est parfois très dur à gérer, jusqu’à me rendre malade.
À quelle personnalité publique confierez-vous les clés de votre maison pendant vos vacances à la plage ?
On peut rarement faire confiance aux gens. Les clés de ma maison ne se retrouveront jamais dans les mains d’une personnalité publique. Lors de mes vacances à l’étranger, il n’y a qu’à ma belle-sœur et à une amie proche que j’ai confié ma maison.
Pensez-vous que nous sommes seuls dans l’univers ?
Jusqu’à preuve du contraire, je pense que nous sommes seuls dans l’univers.
Comment définiriez-vous votre pays ?
C’est très malheureux à dire, mais à Maurice, il y a un manque de courtoisie. Surtout du côté des jeunes qui, à mon humble avis, n’ont plus de respect envers les adultes. Il faut vraiment faire très attention, sinon nous allons perdre toutes nos bonnes valeurs et s’enfoncer dans un trou d’où il sera très difficile de ressortir.
Que direz-vous à Dieu quand vous vous le verrez ?
Ce sera l’occasion de lui confier tous mes soucis, difficultés et problèmes. Je lui demanderai aussi de me donner une bonne santé afin d’être là aussi longtemps que possible pour mes enfants, mes proches et tous ceux qui font partie de ma vie. Je compte surtout lui dire merci pour le travail que je fais, pour tous ses petits qu’il me confie chaque jour.
Que devrait faire Superman si un jour il atterrit à Maurice ?
Je pense qu’il devra surtout changer l’atmosphère qui règne à Maurice. Les gens sont tellement préoccupés par la routine – travail, maison, boulot – qu’ils oublient de regarder autour d’eux.
Si on vous donne la possibilité de vivre une journée dans la peau d’une autre personne, qui choisirez-vous et pourquoi ?
Sans hésitation Mère Teresa, qui a aimé tellement de gens autour d’elle. Ses bienfaits sont nombreux. Elle m’a toujours inspirée, et aujourd’hui encore, même après sa mort. J’aurais voulu avoir cette vocation de charité, de me mettre au service des enfants, des pauvres et des lépreux.
Confiez-nous votre plus grand secret ?
Je n’ai pas vraiment de secret dans la vie, mais j’avoue que lorsque mes enfants passent par des moments difficiles, je me sens terriblement mal. Je me sens impuissante de ne pas pouvoir toujours les aider à s’en sortir.
Qu’offrirez-vous au Premier ministre s’il vient chez vous à l’heure du dîner et de quoi lui parlerez-vous ?
D’abord, je me demande si le Premier ministre acceptera de dîner chez moi. Mais s’il débarque chez moi, je me ferai un devoir de lui proposer de prendre au moins un apéro avec moi. Et s’il veut poursuivre avec le dîner, j’ajouterai un couvert à ma table. J’aborderai avec lui les difficultés de mon métier de directrice et enseignante de maternelle. Et je partagerai avec lui quelques inquiétudes : les parents sont trop stressés ou très pris par le boulot, le coût de la vie augmente, et les enfants ne peuvent pas profiter de grands moments en famille. Il faudrait aussi qu’il s’intéresse aussi aux plus démunis, qui n’arrivent pas à avoir un toit décent sur leur tête.
Vivre d’amour et d’eau fraîche, ça vous dit ?
Aujourd’hui que mes deux enfants sont grands et indépendants, je dirais : oui, je peux vivre uniquement d’amour et d’eau fraîche aux côtés de mon époux Lewis, qui partage ma vie et me soutient depuis 40 ans.