Annoncé depuis quelque temps par la Gambling Regulatory Authority (GRA), qui joint enfin l’acte aux annonces, le Mauritius Insight Survey mené conjointement par DCDM Research et la firme canadienne Sustainable GAMING est enfin en marche. Le but inavoué de cet exercice vise à mieux cerner la part du jeu illégal par rapport à celle qui se passe selon les règles établies par l’autorité du gambling à Maurice. Cette initiative longtemps attendue des services de l’État devrait donc nous permettre, au-delà des informations classiques comme le comportement du Mauricien dans le monde du jeu, le montant des paris et leur fréquence, de mieux appréhender la manne qui échappe à la taxation et revenus des industries concernées.
Cette étude a aussi pour objectif de mesurer le volume des mises placées chaque semaine sur les différents secteurs du jeu en opération à Maurice, tout en analysant tout ce qui concerne le profil du parieur moyen et sa part au sein de la population mauricienne. Ce sondage grandeur nature concernera aussi bien les parieurs que les organisateurs de paris. Dans la nouvelle configuration du monde des paris, qui a connu une évolution spectaculaire en 2018 et, particulièrement ces derniers mois, avec les licences octroyées bric-à-brac par la GRA au magnat du jeu mauricien pour assouvir l’appétit gargantuesque d’un financier du pouvoir actuel et le compromis d’avoir été contraint de donner au Loto un deuxième tirage hebdomadaire, cette étude tombe à point. On devrait avoir une estimation la plus proche possible de la réalité du chiffre d’affaires global du monde des paris mauricien qui doit largement dépasser les Rs 4 milliards avancées officiellement par les autorités.
Ces informations seront bien utiles au département de l’intégrité de la GRA qui se met en place très rapidement, avec à sa tête le spécialiste britannique recruté à cet effet qui, nous l’espérons, devra avoir toute latitude pour faire son travail sans interférence ni de son conseil d’administration ni de la part des autorités gouvernementales si d’aventure certains suppôts de l’État étaient pris dans les mailles du filet. En tout cas, les premières incursions du Britannique au Champ de Mars lors des dernières journées de courses lui auraient déjà donné une idée de la montagne qu’il doit gravir pour renverser la vapeur et mater les incongruités propres au monde hippique mauricien.
On se demande comment il arrivera à convaincre sa propre hiérarchie qu’il ne faut pas octroyer de permis de bookmaking à des personnes qui ne paient pas leurs redevances ou à ceux qui jouent au bon samaritain avec les jockeys en les emmenant se promener en bateau. On se demande comment il interprétera que la Police des Jeux soit absente du Champ de Mars le samedi, alors que leurs collègues en uniforme s’autorisent des paris le jour des courses. Enfin, qu’est-ce qu’il proposera pour stopper cette pratique de paris à crédit aux yeux et à la barbe de tous, lorsque les bookmakers remettent à des parieurs des preuves de paris sur de simples signes de la main de ceux-ci, sans qu’aucun argent ne soit remis ?
Cela n’est que le sommet de l’iceberg, car bon nombre de pratiques illégales sont rentrés dans nos mœurs et il faudra une bonne dose d’abnégation pour changer les choses. La présence musclée de la Police des Jeux au Champ de Mars lundi dernier pour tenter d’identifier les parieurs qui sont venus toucher des gains importants est troublante parce qu’elle touche aux droits de privacy, mais sans doute utile si cela permet de savoir si les sources of funds sont bona fide ou non.
Cela a pour répercussion que les paris de Rs 1 000 se multiplient en proportion de la baisse des paris avec des sommes plus importantes. Ainsi, samedi dernier, sur deux chevaux au moins, Purple Tractor et Answeringenesis, il y a eu des masses de paris individuels de Rs 1 000 qui ont été par-dessus le marché encaissés dès le samedi. Ces chevaux qui étaient anormalement délaissés au début des paris ont trouvé des preneurs confiants à l’approche de leur épreuve respective. Autant dire qu’il y a des gens bien renseignés au Champ de Mars qui connaissent toujours avant les autres le résultat final d’une course.
Rassurez-vous, ils ne sont pas de ceux qui consultent des cartes de tarot ou lisent dans les boules de cristal. Ce sont des marionnettistes capables de faire des professionnels du monde hippique des êtres inanimés aux ordres de la puissance monétaire. Eux n’ont peur de personne et s’ils s’étaient fait discrets parce que l’attention et l’arsenal du contrôle et de la répression étaient en alerte avec les cas de doping, depuis le Maiden, la vigilance a laissé la place au bal des vampires.
N’en déplaise à l’entourage d’Al Mariachi, qui avait été de la fête malgré lui il y a une quinzaine dans une course où l’un de ses plus sérieux adversaires aurait prévenu les autorités qu’il n’insisterait pas pour mener, cette fois, il a été cocufié avec la même arme fatale. La mine défaite et coléreuse de ses principaux propriétaires — pourtant mis en garde contre un éventuel donnant-donnant entre les 5e et 6e courses — au paddock après la course en disait long sur la déception d’une défaite annoncée et ponctuée par un incident à mi-parcours, détecté par les Stipes mais si faiblement sanctionné pour une faute qui lui a coûté la course.
Le doute n’est plus permis, les vampires sont de retour et le bal immonde va pourrir cette fin de saison, à moins que les autorités ne se réveillent et décident de frapper fort. C’est sans aucun doute la trop longue valse hésitation sur les cas de doping qui a redonné confiance aux manipulateurs qui, désormais, s’en donnent à cœur joie. S’il est réjouissant que les enquêtes sur les cas de doping reprennent vendredi, quatre mois après les faits, elles n’auront de crédit que si elles sont prises sur le fond et que les tactiques dilatoires sont rangées au placard.
Il faut frapper fort et dans la fourmilière si l’on veut arrêter cette remontée de courses manipulées, mais il faut aussi faire preuve de jugeote et ne pas laisser le doute planer sur les vraies intentions de la chambre des commissaires de course. Nous avions en début de saison mis en garde contre la confusion que cela entraînait que deux jockeys étrangers et mauriciens qui travaillent pour le même établissement puissent monter dans la même course, dont l’une sur des chevaux d’autres écuries. Nous avions stigmatisé le lien Bheekary-David et démontré betting et résultat à l’appui le doute que cela engendrait, pour ne pas dire plus. Samedi dernier, nous avons eu droit à un lien semblable Teeha-Fradd dans les épreuves remportées par le Sud-Africain. Rien ne dit qu’il y a maldonne délibérée, mais la perception demeure. Dans tous les cas, Fradd n’avait décidément pas besoin de ce coup de pouce d’Euroklidon (Teeha), qui a rendu hard le lead de Volatile Energy, ce qui a favorisé les desseins de Kapteinspandiseile, ni celui de Secret Idea (Teeha), qui a mis sur orbite Top Of The Rock.
Terminons sur un silence du MTC qui dérange et qui laisse place à toutes sortes de supputations. Les conclusions de l’enquête concernant les déclarations publiques à la télévision de l’entraîneur Ramapatee Gujadhur au détriment des Stipes n’ont jusqu’ici pas été rendues publiques. À qui le MTC a-t-il donné tort, à l’entraîneur ou au Stipe, ou aux deux ? La transparence exige qu’un communiqué soit émis… à moins qu’il n’y a en qui sont moins égaux que les autres. Mais ça, nous le savions déjà !