Après ses études pour devenir expert-comptable, Zaynab Hisaund s’est spécialisée dans la fiscalité. Aujourd’hui Senior Tax Manager chez Andersen Mauritius, elle parle de la fiscalité comme d’un secteur dynamique. Classée Rising Star dans la dernière édition de l’ITR World Tax, dans la catégorie General Corporate Tax pour Maurice, elle est aussi formatrice. Pendant ses études d’ACCA, elle s’est distinguée au niveau national en Advance Taxation, Financial Management et Financial Reporting. Elle parle de la place de la femme dans le secteur financier et aborde le manque de compétences pointues dans le secteur. Elle donne également son avis sur la CSG.
Pour ceux qui ne vous connaissent pas, racontez-nous votre parcours professionnel…
J’ai commencé ma carrière à l’âge de 19 ans et travaillé notamment pour EY et KPMG à Maurice et en Afrique du Sud, ainsi que pour Aspen Global, une multinationale pharmaceutique. Je suis actuellement Senior Tax Manager chez Andersen Mauritius, avec une douzaine d’années d’expérience, spécialisée dans la fiscalité internationale, le conseil fiscal et la conformité fiscale.
Pourquoi avoir choisi de vous spécialiser dans la fiscalité ?
La fiscalité est un domaine dynamique et passionnant, et l’un des rares domaines qui apporte chaque jour de nouveaux défis et où il n’y a pas de limite à l’apprentissage et à la connaissance. La fiscalité concerne tout le monde, et pouvoir conseiller avec succès nos clients sur leurs questions fiscales m’apporte beaucoup de satisfaction. La fiscalité est également un marché niche à Maurice, où il existe de nombreuses opportunités d’évolution de carrière.
Depuis 2020, vous exercez chez ATax, devenue Andersen Mauritius. Que fait cette entreprise pour aider les professionnelles comme vous à s’épanouir dans le milieu du travail ?
Chez Andersen, l’employé est l’atout principal et pour assurer la croissance. La firme propose des perspectives de croissance avec des objectifs définis pour chaque membre du personnel. Nous avons également accès à l’apprentissage continu et le personnel bénéficie de la possibilité de suivre des formations techniques. Andersen a également lancé un programme de Secondment, qui donne la chance aux meilleurs employés d’effectuer un détachement dans un autre bureau d’Andersen à travers le monde. La firme pratique aussi une politique de salaire égal et de non-discrimination, et veille au bien-être des employés en privilégiant un environnement propice au travail.
On voit de plus en plus de femmes dans le secteur financier. C’est positif, n’est-ce pas ?
Je pense que la compétence et l’assiduité des femmes au travail expliquent cela. Les choses changent, le monde évolue et de plus en plus d’entreprises adoptent une culture favorisant l’inclusion des femmes, surtout dans des rôles stratégiques. De plus, l’intelligence émotionnelle, la passion et la nature méticuleuse des femmes contribuent à créer un environnement de travail sain et une main-d’œuvre équilibrée.
Parallèlement, 2 000 postes sont vacants dans le secteur financier. Que diriez-vous aux jeunes pour les encourager à faire carrière dans la taxe ?
Cela fait plus de 12 ans que je travaille dans la fiscalité et il n’y a pas eu un seul jour où je me suis ennuyée. Le sujet lui-même est passionnant et dynamique, et vous apprenez de nouvelles choses chaque jour. Une carrière en fiscalité vous permet de voir le monde et offre des opportunités infinies. Il y a aussi un grand potentiel de progression sur le plan salarial.
Parallèlement, la demande du marché pour des experts fiscaux est élevée, mais le nombre de fiscalistes compétents est malheureusement très faible. Donc, j’encourage vivement ceux qui ont du potentiel à rejoindre le secteur de la fiscalité.
Il y a eu des changements fiscaux majeurs affectant le monde du business ces dernières années. Lesquels vous ont donné davantage de fil à retordre ou affecté le plus vos clients ?
Le principal changement fiscal qui a touché de nombreuses entreprises et investisseurs a été la suppression du crédit d’impôt de 80% qui était disponible pour les entreprises titulaires de l’ancienne Category 1 Global Business Licence. Ce changement a en fait augmenté le taux d’imposition effectif des entreprises concernées de 3% à 15%, ce qui représente une augmentation massive de leurs coûts fiscaux, avec pour résultat que nous avons vu de nombreuses entreprises migrer vers d’autres juridictions plus compétitives, comme les Émirats Arabes Unis, suite de cette refonte du régime fiscal. Heureusement, le Partial Exemption Regime, qui prévoit une exonération fiscale de 80% sur certains revenus, a été introduit, et cela a contribué à retenir certains investisseurs qui utilisent Maurice comme Investment Holding Jurisdiction.
Les actuaires et nombreux professionnels ont attiré l’attention sur le fait que la CSG est une taxe et qu’elle n’est pas viable dans le temps. Qu’en pensez-vous ?
Pour être précis, la CSG n’entre pas dans la définition de l’impôt sur le revenu en vertu de l’Income Tax Act 1995. Toutefois, elle peut entrer dans le champ d’application de l’impôt sur les revenus d’emploi, aux fins des conventions fiscales. Il est sous-entendu que la CSG a été instaurée pour financer la revalorisation de la pension de retraite que le gouvernement a promise.
Étant donné que la contribution à la CSG va à un fonds consolidé qui ne génère pas de revenus d’investissement, et compte tenu de la hausse de l’inflation, de la dévaluation de la roupie et de la situation de la dette du pays, la question se pose de savoir si la CSG se traduira par un retour qui en vaut la peine pour les contribuables… Seul le temps nous dira si la CSG est viable.