Celui connu sous le sobriquet politique de Judas ou encore de Marsan Mervey cueilli à sa descente de l’A380 d’Emirates à son retour de l’Inde
Rakesh Gooljaury a passé la nuit en cellule policière; son inculpation provisoire aujourd’hui dans des affaires de Toxic Loans de Rs 1,5 milliard
Le frère de celui qui orchestrait des débauchages politiques sous le précédent GM Jugnauth aussi placé en état d’arrestation
Il y a dix ans jour pour jour, soit le 6 février 2015, ses révélations fracassantes avec, en contrepartie des faveurs sans limites du gouvernement Jugnauth, avaient déclenché les malheurs personnels et politiques de Navin Ramgoolam. Ce dernier avait été battu aux élections générales du 21 décembre 2014. Depuis hier, également un 6 février, Rakesh Gooljaury, l’un des plus notoires Top Chefs de Lakwizinn démantelée du Prime Minister’s Office, a passé sa première nuit en cellule policière après avoir voyagé en première classe à bord de l’A380 d’Emirates venant de l’Inde, avec un transit à Dubayy. Il a été cueilli à sa descente d’avion par des éléments de la Financial Crimes Commission (FCC) pour les besoins d’enquête dans une sinistre affaire de Toxic Loans d’un montant de Rs 1,5 milliard au préjudice de l’ex-MPCB, aujourd’hui sous enseigne de la MauBank Ltd. Son frère, Prameshwar Gooljaury, ayant bénéficié et exploité cette proximité politique avec des emprunts de l’ordre de Rs 200 millions.
De ce fait, Rakesh Gooljaury a été conduit à la Quartier-Militaire Police Cell vers 21h30 hier pour y passer la nuit en détention. Tandis que son frère, Prameshwar Gooljaury, a, lui, pris la direction du Vacoas Detention Centre. Ils n’ont pas encore donné leurs Statements à la FCC au sujet des allégations de Toxic Loans. Ils ont seulement pris connaissance des éléments à charge portés contre eux hier soir. Le duo est attendu en justice aujourd’hui pour leur inculpation provisoire.
Ainsi, Rakesh Gooljaury est le deuxième High Profile Top Chef à être appréhendé à l’arrivée au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport, avec une première nuit en cellule policière, après l’ancien gouverneur de la Banque de Maurice, Harvesh Seegoolam, interpellé le 3 janvier par l’Anti-Money Laundering Unit du Central CID, avec un détournement de Rs 48 millions au profit de la bande de Pulse Analytics et ses sondages fictifs en faveur du Pravind Jugnauth 3.0.
Toutefois, pour cette opération Savat Dodo – Version Marsan Mervey, le montant des préjudices se compte en milliard de roupies à l’ex-MPCB, devenue MauBank, et présentée jadis par l’ancien ministre des Finances, Renganaden Padayachy, comme la plus importante banque commerciale en devenir. Exploitant sa connexion avec l’ancien pouvoir politique, Rakesh Gooljaury s’était distingué avec un accès sans contraintes à des facilités bancaires pour sa galaxie d’enseignes haut de gamme. Et aussi pour ses fracas sur l’échiquier politique avec des épisodes de Vire Mam des membres de l’ancienne opposition, d’où son épithète Marsan Mervey.
Si les portes des plus hautes sphères de la State Bank Tower n’avaient aucun secret pour lui, la FCC a choisi de se concentrer sur ses deals avec la MPCB, sous le contrôle de l’ancien Grand Argentier. À la seule State Bank of Mauritius, il aurait été gratifié de facilités bancaires de plus d’un demi-milliard, avec pour partenaire Mam Kole, le beau-frère de l’ancien Premier ministre, Pravind Jugnauth.
Toutefois, l‘enquête instruite par la Financial Crimes Division, qui a vu l’arrestation de Rakesh Gooljaury, porte sur des emprunts toxiques s’élevant à Rs 1,5 milliard, obtenus par ses entreprises auprès de l’ex-MBCP (MauBank). La direction de cette banque, dont l’un des Top Guns a fait un déplacement éclair à Dubayy aux lendemains des dernières élections générales, sera appelée à fournir des explications sur le traitement de faveur accordé à celui que Navin Ramgoolam présente comme le « Judas des temps modernes ».
Rakesh Gooljaury a été arrêté au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport vers 17 h à son arrivée du vol de l’après-midi d’Emirates. L’homme d’affaires était parti en Inde, en faisant escale à Dubaï, avant de rentrer à Maurice. Les enquêteurs l’ont informé qu’il était en état d’arrestation pour le délit présumé de blanchiment d’argent sous les dispositions de la Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act. C’est avant 18h qu’il est entré dans le bureau de la FCC, alors que son frère, Prameshwar Gooljaury, est, lui, arrivé quelques minutes avant. Entre-temps, Me Siddartha Hawoldar est venu rejoindre son client, Rakesh Gooljaury, pour prendre connaissance des accusations portées contre lui.
À hier soir, très peu d’informations avaient transpiré sur ce qui s’est déroulé dans les locaux de la FCC, si ce n’est que l’enquête a trait aux Toxic Loans que lui avait accordés l’ex-MPCB. Alors que Rakesh Gooljaury avait aussi des ardoises auprès d’autres banques du pays. L’interrogatoire n’a pas atteint sa vitesse de croisière hier soir, car les enquêteurs devaient informer les deux frères des éléments glanés contre eux. Et ce premier exercice est long en soi, alors que les deux hommes devaient donner leur version tard dans la nuit ou lors d’une prochaine séance.
Il était prévu que Rakesh et Prameshwar Gooljaury passeraient la nuit en détention, alors qu’ils seront traduits au tribunal de Port-Louis ce vendredi pour leur mise en inculpation provisoire. En soirée jeudi, il n’y avait aucune confirmation à l’effet de savoir si la FCC avait l’intention d’objecter à leur remise en liberté conditionnelle lors de la comparution du jour. Le Doomeshwar Gooljaury Group avait une dette colossale auprès de diverses banques, dont la MauBank, avec les prêts accordés à Fashion Style, Designer Labels Ltd, Jack Intl Ltd et Pro-Fashion Ltd. Alors que Prameshwar Gooljaury était à la tête de The Grooving Style Ltd, qui avait bénéficié des facilités bancaires de Rs 116,4 millions et 1,1 million d’euros auprès de l’ex-MPCB.
Le FCC avance que l’interrogatoire des deux frères pourrait s’étaler sur plusieurs séances, car il faudra qu’ils s’expliquent sur chaque emprunt, et pour chaque entreprise, et donnent des éclaircissements sur les dépenses assurées par ces fonds. Rakesh Gooljaury n’a pas été en mesure de rembourser la majorité des emprunts. D’ailleurs, en 2016, une quinzaine entités du groupe Gooljaury avaient été placées sous administration judiciaire.
Affaire à rebondissements à suivre avec le potentiel Aste Vande de Marsan Mervey.