Nos pensées vont cette semaine aux quelque 300 habitants d’Agalega après que l’archipel ait été dévasté, selon les témoignages reçus, par le cyclone Chido. Les toits en tôles de toutes les maisons se sont envolés, tandis que l’eau de la mer et de la pluie a envahi les maisons, détruisant le mobilier et les réserves alimentaires. Cela a été le cas également pour les réserves des produits alimentaires des entrepôts de l’archipel. L’appel de détresse d’un habitant est éloquent : « Tou finn fini kraze. Bann siternn dilo lor lakaz inn anvole. Il ne reste plus rien sur l’île, sauf les habitants, juste le peuple agaléen. Toutes les habitations ont été abîmées. La végétation est à plat. Nous avons besoin d’aide d’urgence. Nous n’avons plus ni maison, ni vivres. Regardez ce que vous pouvez faire pour nous ! »
Une telle situation ne s’était plus produite depuis 1983, alors que le passage du cyclone avait fait de victimes. Il est heureux que ce ne soit pas le cas cette fois. Il semble que les services météorologiques basés dans l’archipel, qui ne sont pas habitués à ce genre de calamité, ont été pris de cours, au grand dam des habitants. Agalega est en effet situé dans une zone où naissent les cyclones sans généralement affecter l’archipel.
À Maurice, la situation a été suivie de très près par le Premier ministre, Navin Ramgoolam, le Premier ministre adjoint, Paul Bérenger, ainsi que le commissaire de Police Rampersad Sooroojbally. Le Dornier s’est rendu dans l’archipel dès vendredi matin pour livrer des fournitures essentielles, notamment de la nourriture et des médicaments. La communication à Agalega, assurée par Emtel, a, elle, été rétablie. L’aide du gouvernement indien, qui a permis de financer la construction d’une piste d’atterrissage moderne dans l’archipel, a été sollicitée par le gouvernement pour déployer un avion-cargo P81 de Goa pour la reconnaissance aérienne des deux îles et livrer des fournitures à Agalega dès ce samedi. Tout un travail de reconstruction doit désormais être entrepris afin que la vie retourne à la normale au plus vite.
À Maurice, la semaine a été dominée par le constat de la situation économique et financière. À la lumière des statistiques présentées aussi bien par le gouverneur de la Banque centrale, Rama Sithanen, que par le Premier ministre et ministre des Finances, Navin Ramgoolam, la situation est pour le moins inquiétante. Le gouverneur de la Banque centrale a mis le doigt sur les défaillances de la MIC, subsidiaire de la Banque centrale, et des mesures pour les corriger ont déjà été engagées.
Il a toutefois tenu à préciser que tout n’est pas perdu et que la plupart des entreprises, y compris les plus gros bénéficiaires, qui jouent un rôle majeur dans l’économie du pays, respectent leurs engagements. Il a cependant souligné l’importance pour la Banque de Maurice de se concentrer sur son core business et la nécessité de trouver un mécanisme alternatif pour la gestion des activités de la MIC, qui a affecté le balance sheet de la Banque.
Quant à l’état de l’économie, le taux de croissance a été revu à la baisse. Le taux d’inflation, de la dépréciation de la roupie et de la dette publique a été montré dans son état réel, c’est-à-dire à un niveau alarmant. Il en sera question encore ce samedi lors de la première conférence de presse du Premier ministre. Avec en toile de fond ce tableau alarmant, le gouvernement a annoncé hier après-midi le paiement du 14e mois à tous ceux touchant jusqu’à Rs 50 000 et à tous les bénéficiaires des pensions de vieillesse et d’allocations sociales.
Le prix de l’essence et du diesel a par ailleurs baissé de Rs 5. On peut dire que le gouvernement a respecté, même de manière partielle, la promesse électorale faite sous la pression de l’ancien gouvernement, qui avait sorti la carte du 14e mois comme un acte désespéré lors de son meeting de clôture. Tout le monde sait que la situation économique réelle est une des raisons qui a entraîné la chute du gouvernement précédent. Maintenant, le public attend de ce gouvernement des propositions concrètes et innovantes, qui doivent lui permettre de regarder l’avenir avec force et espérance.
Il est bon de conclure l’année avec les bilans des dernières années. Espérons que l’année prochaine débute avec un nouveau budget et un nouveau discours-programme qui mobiliseront et motiveront toute la nation.
Jean Marc Poché