Les événements de cette semaine à Maurice nous ont entraînés encore une fois dans un itinéraire partagé entre les rêves futuristes et la dure réalité de la vie quotidienne. Ainsi, le Premier ministre nous a projetés jeudi vers un avenir futuriste en affichant des ambitions spatiales pour le pays, en évoquant même l’éventualité de disposer d’un premier satellite géostationnaire. Il en a fait part aux membres de Fratel, un réseau francophone de régulation des télécommunications, qui s’est rencontré dans l’île pour leur 20e réunion annuelle.
Cette idée trouve sa source dans la réalisation, l’année dernière, du lancement du premier nanosatellite expérimental dans l’espace. Il est vrai que l’on n’en a pas beaucoup parlé depuis le lancement, mais ce satellite minuscule, par la taille et par la durée de vie, d’une année, a indiqué le Premier ministre, a communiqué des données sur la zone économique exclusive du pays ainsi que des données météorologiques à la station basée au MRIC. D’où la tentation d’aller plus loin, avec cette fois un satellite. Une bonne nouvelle pour nos jeunes chercheurs, bien que l’on ne sache pas encore quand ce rêve se réalisera.
Au même moment où l’on faisait ce bon vers le futur, des journalistes se rendaient, eux, à la police, à Port-Louis, pour faire un pre-measure statement, car disant craindre pour la sécurité. Des menaces condamnables auraient été perpétrées contre eux sur les réseaux sociaux. Leur démarche intervient dans une ambiance marquée par des menaces sporadiques contre la presse. Combien de fois n’a-t-on en effet pas entendu des dirigeants politiques, voire des responsables d’organisations socioculturelles, s’en prendre à la presse, qui symbolise pourtant la liberté d’expression. Ces attaques sont indignes d’une démocratie qui se présente comme un exemple pour l’Afrique.
Au Parlement, la présentation du Dangerous Drug (amendment) Bill est considéré par tout le monde comme un pas dans la bonne direction, car la loi permet la mise en œuvre des recommandations du rapport de la Commission d’enquête sur la drogue. Elle introduit ainsi une touche humaine en permettant aux victimes de drogues d’avoir une deuxième chance à travers les centres de désintoxication et de réhabilitation.
Les débats mettent également en lumière une situation dramatique pour le pays et pour de nombreuses familles mauriciennes. Xavier-Luc Duval, citant les chiffres donnés par le ministre de la Santé, parle ainsi de 62 000 à 120 000 toxicomanes dans le pays, sans compter ceux qui s’injectent des drogues ou qui en fument. La grande question est de savoir quels sont les infrastructures, les ressources humaines et les financements nécessaires qui ont été mis en place pour accueillir les toxicomanes voulant se réhabiliter.
Par ailleurs, les mesures prises pour utiliser le cannabis médical ne sont pas encore bien définies. Et c’est tout cela qui amène le leader de l’opposition à réclamer l’institution d’Assises de la toxicomanie. L’intervention du Premier ministre est attendue mardi au Parlement, séance qui sera entièrement consacrée aux orateurs du gouvernement.
Tout cela ne nous permettra pas toutefois de détourner notre attention de Charm el-Cheikh, où se tient la COP 27. « S’unir ou périr », a averti le secrétaire des Nations Unies, Antonio Guterres, dans son discours d’ouverture lundi, durant lequel il n’a pas lésiné sur les mots et les formules assassines. « Nous ne sommes pas loin du point du non-retour », « Nous risquons un suicide collectif », « Nous sommes sur l’autoroute vers l’enfer climatique, avec le pied toujours sur l’accélérateur »… Il s’agit de tout faire pour maintenir le réchauffement de la planète au-dessous de 2 °C.
Dans une interview accordée au Mauricien la semaine dernière, le ministre Kavi Ramano, qui se rend en Égypte cette semaine, souligne la nécessité que la COP 27 soit une conférence d’implémentation, et non d’intention. Croisons les doigts et espérons !