L’attention sera tournée demain vers Marie-Reine-de-la-Paix où Jean-Michael Durhône sera consacré évêque de Port-Louis en présence des représentants épiscopaux de la région et de plusieurs milliers de personnes.
Le cœur de la célébration sera, comme l’explique Maurice Labour, l’imposition des mains par l’évêque célébrant, en l’occurrence le cardinal Piat et les autres prélats présents sur la tête du nouvel évêque, et qui sera suivie par l’onction du saint chrême qui représente la plénitude des dons que le Saint-Esprit procure. À partir de ce moment, tout le diocèse de Port-Louis, qui compte plus de 250 000 fidèles, sera placé sous la houlette de Mgr Jean Michael Durhône. Ce dernier s’inscrit dans la lignée de ses prédécesseurs immédiats, à savoir le cardinal Maurice Piat et le cardinal Jean Margéot. Son premier sermon est attendu avec beaucoup d’intérêt et devrait donner le ton de son épiscopat.
Depuis l’annonce de sa nomination le 19 mai dernier par le pape François, Jean Michael Durhône a déjà donné des signes quant à l’esprit qui l’animera durant son épiscopat. Il est un homme parmi les hommes, un prêtre parmi les prêtres qui apprendra graduellement à exercer la mission qui lui a été confiée. « Le pape François m’appelle à prendre la responsabilité du diocèse de Port-Louis. J’ai accepté avec joie tout en sachant que c’est une mission que j’apprendrai à assumer. Je ne suis pas né évêque, j’apprendrais à être évêque. Je prendrais le temps nécessaire avec chaque personne mais aussi avec chaque Mauricien et de chacun de vous. »
Pour les chrétiens, cette réponse résonne comme le FIAT voluntas tua, le OUI de la Vierge Marie dont nous venons de célébrer l’assomption et qui a changé la face du monde. Le nouvel évêque affirme qu’il sera l’évêque de tous les Mauriciens dans sa multiculturalité dont il est lui-même marqué. « Je viens d’une famille où ma grand-mère était musulmane. J’ai grandi à Vacoas dans une région où il y avait très peu de catholiques. J’ai eu la grâce de grandir parmi les familles musulmanes, tamoules et catholiques. La question n’est pas de savoir si celui-là est un prêtre d’origine créole ou francophone. La question est de savoir si celui qui est nommé pourra faire la communion et l’unité à la fois dans l’Église et dans la société mauricienne. »
Il a eu l’occasion jusqu’ici de rencontrer les dirigeants du pays ainsi que les représentants de toutes les organisations de l’Église catholique ainsi que les responsables des associations socioculturelles du pays. Son parcours, il le résume lui-même en quelques mots : « Jeune, j’ai découvert l’amour de Dieu pour moi, un amour qui s’est traduit par l’amour reçu de mes parents, de mes amis, de mes enseignants. Je me suis alors posé la question : qu’est-ce que je fais de tant d’amour reçu de Dieu ? Ma devise s’est dès lors imposée, j’ai reçu cette parole du Christ comme un appel à mettre les dons reçus au service des hommes et des femmes de la société mauricienne, y compris nos concitoyens agaléens et chagossiens. » Sa devise officielle, on la connaît désormais : « Reçu gratuitement pour donner gratuitement. » Alors que pays est secoué par le syndrome du désespoir et que nous assistons à un exode des Mauriciens pour l’étranger (une agence de voyage estime que pas moins de 10 000 Mauriciens ont quitté le pays pour le Canada l’année dernière), l’arrivée de Mgr Jean Michael est accueillie comme un signe d’espoir et de renouveau pour le pays.
Remercions le cardinal Piat qui, durant ses 32 ans d’épiscopat, s’est imposé comme une référence morale pour tout le pays, comme un pasteur éclairé et comme la voix des sans-voix. Il dénonce de manière implacable les victimes de l’extended programme qui sont rejetées, la condition des SDF, la mafia de la drogue qui étend ses tentacules. « Elle détruit la vie des jeunes, sème le chaos dans leurs familles, envahit les quartiers pauvres, corrompt nos institutions. Malgré quelques prises spectaculaires par la police, on peut s’inquiéter que beaucoup d’enquêtes n’aboutissent pas », souligne-t-il dans sa dernière lettre pastorale. À cette occasion, il s’est élevé contre le communalisme qui fragilise la démocratie. Et a dit sa tristesse de voir émigrer tant de jeunes Mauriciens. Merci Cardinal Piat pour vos paroles de vérité !