Semaine exceptionnelle pour une année pas comme les autres

La nouvelle semaine qui débute ce week-end sera exceptionnelle pour les Mauriciens en général. D’abord parce qu’elle sera marquée mercredi par la fête de Noël, qui a pris une dimension nationale. C’est non seulement une fête du partage et de solidarité, mais également, comme le souligne l’évêque de Port-Louis, Mgr Michael Durhône, dans son message de Noël, la célébration de l’espérance.
Cette semaine aura également un caractère spécial pour un grand nombre de Mauriciens qui recevront un cadeau exceptionnel sous la forme d’un 14e mois de salaire pour marquer une année pas comme les autres. C’est le résultat d’une promesse électorale faite par les deux principaux partis en pleine campagne électorale. Parole donnée, parole sacrée. Le nouveau gouvernement de l’Alliance du Changement, qui est arrivé au pouvoir avec une écrasante majorité, s’est vu dans l’obligation de respecter ses promesses.
Toutefois, à cause de la situation économique, comme en fait état le rapport intitulé The State of the Economy présenté par le Premier ministre, Navin Ramgoolam, le paiement du bonus promis a été limité aux salariés touchant jusqu’à Rs 50 000 mensuellement. « Nous avons fait tout ce que nous pouvions faire », a fait comprendre le Premier ministre. L’argument a été repris par le Premier ministre adjoint, Paul Bérenger, qui a estimé que le gouvernement a fait le maximum de ses possibilités.
Le ministre du Travail, Reza Uteem, a, lui, mis l’exercice en contexte en révélant que 90% de la main-d’œuvre active, soit 425 000 employés du secteur public et du secteur privé, sont concernés, sans compter tous les bénéficiaires des pensions de vieillesse et autres allocations sociales. Le bonus s’inscrit dans un package qui comprend la baisse du prix de l’essence et du diesel, le paiement d’une compensation de Rs 610 à tous ceux touchant jusqu’à Rs 50 000 à partir de janvier, ainsi qu’une augmentation de Rs 1 000 de la pension de vieillesse, qui passera donc à Rs 15 000.
Il est normal que ceux touchant plus de Rs 50 000 puissent avoir un pincement au cœur. Toutefois, dans une économie à visage humain, il revient au gouvernement de protéger les travailleurs et les plus faibles de la société en fixant un niveau ou un plafond afin d’assurer leur protection. Cela ne veut nullement dire que le secteur privé doive respecter à la lettre les minima fixés par le gouvernement. Nous sommes certains que beaucoup d’entreprises, exception faite des PME, ont les moyens de payer un bonus, même si ce n’est pas un 14e mois, à ceux considérés comme des professionnels, dont certains sont sous contrat.
Caroline Piat, du cabinet Korn Ferry, observait cette semaine dans un entretien accordé au Mauricien, que cette catégorie des travailleurs est prise en sandwich entre les bas salaires et les salaires de haut niveau. « Je suis préoccupée par le fait que nous payons déjà moins cher par rapport aux niveaux internationaux pour les diplômés. Je suis préoccupée par le fait que nous n’avons pas de rémunération attrayante pour eux par rapport aux salaires pratiqués sur la scène internationale. Et je suis préoccupée maintenant par le fait qu’avec l’augmentation de la population ouvrière, la différenciation salariale est devenue moindre. J’aimerais donc voir les organisations se concentrer sur les salaires à ce niveau », souligne-t-elle.
Son message s’adresse particulièrement aux entreprises du secteur privé qui peuvent faire un effort pour leurs cadres. Il ne faut pas tout mettre sur le dos du gouvernement. En ce qui concerne les hauts salaires, le gouvernement a même donné l’exemple en expliquant que bien avant la décision de fixer un plafond salarial, il avait été décidé que les ministres et les députés n’auraient pas touché de 14e mois.
En cette semaine de fin d’année, il faut saluer l’élan de solidarité qui se manifeste sous toutes ces formes pour venir aide aux plus démunis de la société à travers des organisations philanthropiques et religieuses. Cette solidarité se manifeste à travers des collectes de jouets, des paniers de marchandises, de produits alimentaires ou, tout simplement, à travers des dons de sang. Il faut aussi saluer l’élan de solidarité en faveur des Agaléens, durement frappés par le cyclone Chido. Cette solidarité peut s’étendre aux autres pays de la région, dont les Comores et Mayotte, pour lesquelles le Premier ministre a, avec raison, eu une pensée spéciale lors de son intervention consacrée à Agalega au Parlement mardi dernier.
Nous souhaitons un Joyeux Noël à tous les Mauriciens.

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Jean Marc Poché

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