Ryan Labonne, élève du collège du Saint-Esprit a décroché la plus haute distinction en Physical Education, soit le Top AS Level. Mercredi à Côte-d’Or, à ‘invitation du Mauritius Examinations Syndicate en collaboration avec le Cambridge Assessment International Education, il était heureux de faire partie de l’élite à la cérémonie des Outstanding Cambridge Learner Awards, célébrant la performance des élèves mauriciens pour leurs examens d’octobre-novembre 2022.
Du haut de ses 21 ans, Ryan, s’exprime sans langue de bois en disant que la Physical Education est une matière basée non seulement sur l’anatomie, mais aussi sur la psychologie et le développement holistique, ce qui permet aux athlètes d’avoir une connaissance approfondie de leur habilité à augmenter de manière significative leur performance.
Sur votre diplôme, il est écrit “Top in Mauritius AS Level in Physical Education”. Ryan Labonne, parlez-nous de votre cheminement ?
Je suis né le 27 octobre 2002. Élève du collège du Saint-Esprit de 2014 à 2022, je me décris comme un passionné de sport essayant de pratiquer le maximum de disciplines sportives. Cette passion grandissante m’a permis d’élargir mon cercle social tout en forgeant chez moi un mental et une personnalité en concordance avec ce que, je pense, recherche notre société.
Pourquoi avoir choisi de faire la Physical Education en HSC ?
Après maintes réflexions suivant la Form V, j’ai pris la décision d’opter pour cette matière. Mais pourquoi me diriez-vous ? Eh bien, je dois dire que j’étais déjà un passionné de sport pratiquant de nombreuses activités comme le football, le basket-ball, le volley-ball, le badminton, le tennis de table et même de l’athlétisme durant mes années au collège.
Mais en sus de cela, j’ai découvert que ce qui me passionnait encore plus, c’était de comprendre les aspects théorique, scientifique et techniques du sujet. Ayant vu la possibilité de faire une carrière, je n’ai pas hésité. C’était une évidence que je voulais me lancer dans ce domaine, je n’avais que cela en tête.
La Physical Education est une matière basée non seulement sur l’anatomie mais aussi sur la psychologie et sur le développement holistique, ce qui permet également aux athlètes d’avoir une connaissance approfondie de leur habilité à augmenter de manière significative leur performance.
Y a-t-il une dimension pratique et théorie ? Comment cela se passe ?
Il y a évidemment deux parties, les aspects théorie et physique. Avant le nouveau syllabus, cette année, c’était de 80% pour la théorie et 20% pour la pratique. Cependant le nouveau syllabus a ramené cela à 50% pour la théorie, et 50% pour la pratique, rendant le sujet encore plus accessible à tous.
Pour la théorie, vous êtes évalué sur un papier d’une heure et quarante-cinq minutes et pour la pratique votre enseignant va noter vos performances et, par la suite filmera une vidéo pour justifier les notes mises concernant les activités sportives. Cela sera par la suite envoyé à Cambridge.
Comment la Physical Education est-elle devenue une matière reconnue ?
C’est quand les scientifiques de notre ère ont mis en avant le fait que faire du sport n’est plus vraiment une question de choix, mais plus une question d’obligation, si on veut vivre pas nécessairement plus longtemps, mais mieux.
Les bienfaits physiques et mentaux liés à l’éducation physique sur les plus jeunes favorisent également cette reconnaissance. En effet, il est prouvé qu’un enfant pratiquant une activité physique régulière et qui en apprend les bienfaits sur son corps améliorera ses performances académiques.
C’est d’ailleurs une partie de l’éducation qu’offre la Finlande, pays décrit comme ayant le meilleur système éducatif au monde. L’éducation physique favorise le développement des compétences motrices, de la coopération, de la discipline, de l’estime de soi et de la gestion du stress. Ces compétences sont considérées comme essentielles pour le développement global des élèves.
Avec quelles autres matières avez-vous combiné vos études ?
J’ai combiné mes études avec d’autres matières, français, Business Studies, Art and Design et General Paper. J’ai un amour pour les langues, notamment le français, une matière qui me permet de m’exprimer et de mettre en mots mes émotions.
J’ai beaucoup hésité à devenir enseignant dans ce domaine, car je trouve que partager sa passion et la transmettre aux autres est une chose merveilleuse. Cependant, j’avais un penchant pour l’éducation physique.
Les Business Studies sont une matière qui m’a toujours intéressé, car je pense qu’il y a certains concepts à savoir, afin de ne pas se faire duper par certains individus principalement quand cela touche à l’argent. En effet, le sujet traite des lois, des concepts et des termes techniques… En résumé, cela nous procure toutes les clés en main pour réussir et minimiser les erreurs.
Pour moi, les Business Studies sont un plus dans le parcours scolaire et le parcours de vie. Pour ce qui est de Art and Design, je dois dire que l’art est un moyen pour sortir un petit peu de cette réalité et briser en quelque sorte une certaine monotonie qui pourrait commencer à s’installer principalement durant les grandes classes. Dessiner et peindre tout en écoutant de la musique est un moment calme, reposant et en même temps tellement divertissant qui permet de garder cet équilibre entre les études, la pression et le stress présents durant l’année scolaire.
Racontez-nous votre parcours scolaire. Comment êtes-vous parvenu à gérer votre emploi du temps entre les séances d’éducation physique et les études académiques ?
J’ai fréquenté l’école primaire Philippe Rivalland R.C.A de la Grade 1 jusqu’à la Grade 5. Après cinq ans, mes parents ont pris la décision de m’inscrire dans une école privée, connue comme Cavendish Institute afin d’optimiser mes chances d’obtenir une place au collège du Saint-Esprit. Le fait d’être dans un collège avec autant d’équipements sportifs et de ressources académiques a été une bénédiction pour moi me permettant de gérer cette année de Higher School Certificate de manière efficace.
Néanmoins, je tiens à préciser que pour gérer entraînements physiques et révisions, discipline, rigueur, détermination et persévérance sont des valeurs importantes à inculquer afin d’optimiser les chances de réussite. Car beaucoup pensent que pendant cette année, il ne faut que réviser et travailler, ce qui mène à une vie sédentaire des élèves.
Comment avez-vous été évalué lors de ces examens au point d’avoir atteint un si haut niveau ? Quel est le secret derrière votre réussite ?
J’ai été évalué sur la théorie et sur la pratique. Pour la théorie, j’ai été également évalué sur un document que l’on appelle Action Plan, que j’ai personnellement trouvé très intéressant mais qui en même temps prenait beaucoup de mon temps.
Un Action Plan est un programme de dix semaines durant lesquelles, je suis amené à pratiquer une activité sportive, préparer des entraînements personnalisés et variés afin d’optimiser une progression rapide. Dans mon cas, j’ai choisi le badminton.
Durant dix semaines, j’ai établi des entraînements spécifiques et après cette période, j’ai dû donner une évaluation et une conclusion visant à déterminer si le programme a été une réussite ou non. Dans mon cas, je dois dire que cela a été une réussite. Par la suite, j’ai été évalué sur une autre activité, la musculation, visant à déterminer ma technique et ma force dans cette discipline.
Cependant, mes différents entraînements m’ont permis d’être plus que prêt le jour du tournage et je dois dire que je me suis très bien débrouillé. En dernier lieu, j’ai été évalué et soumis à un papier de théorie d’une heure et quarante-cinq minutes, où je devais répondre à trois sections, la partie Anatomy and Physiology, Acquiring, Developing and Performing Movement Skills, Contemporary Studies in Physical Education and Sport.
Dans mon cas, la théorie était la clé pour réussir car c’était la partie qui permettait de scorer le plus, mais c’était aussi la partie la plus difficile à comprendre surtout. Ainsi, avoir un emploi du temps bien précis, calculé et savoir trouver la meilleure technique de révision parmi les centaines qui existent est le secret derrière la réussite.
Pour la pratique je dois dire que j’ai travaillé et pratiqué énormément afin de me donner les moyens de réussir et de progresser. Le secret ? Le travail, la patience, la persévérance, des valeurs qu’on entend souvent et qui sont tellement importantes.
Quelles études comptez-vous poursuivre et quelle carrière ambitionnez-vous d’avoir à Maurice où ailleurs ?
Pour l’instant, je compte entamer des études tertiaires en éducation physique, et ainsi augmenter mes connaissances et gravir les échelons. Pouvoir vivre de sa passion tout en gagnant bien sa vie est le rêve de chaque individu. Ainsi, je mets tout en œuvre pour que ce rêve se concrétise un jour et pour cela il n’y a pas mille solutions, il faut se donner corps et âme pour y arriver.
Pour l’instant, je compte me diriger vers l’enseignement et le coaching, jouant ainsi de mes éventuelles compétences dans deux domaines différents, gagnant deux fois plus en expérience et maturité. L’important est également d’aimer ce qu’on fera plus tard. De devoir se lever en voyant le boulot comme une corvée n’est pas ce que je veux, bien au contraire. Je veux aimer mon métier et voir cela comme une évidence de travailler et de transmettre ma passion aux autres, aux plus jeunes car ce seront eux, l’avenir.
Quel conseil donneriez-vous à un jeune qui hésite à se tourner vers la Physical Education ? En quoi cette matière vous a permis d’être reconnu ?
Foncer et ne pas se poser de questions, faites-le pour vous, et pas pour les autres. Pour moi, le sport est un exutoire, là où certains ne répondent pas présents. Le sport apportera une aide considérable et permettra aux jeunes de canaliser leurs émotions pour le développement du corps et de l’esprit. Les sports d’équipe permettront aux plus timides de se développer, de savoir comment travailler en équipe, ce qui est tellement important dans beaucoup de compagnies.
Le sport évitera cette vie sédentaire que beaucoup d’élèves vivent. C’est durant cette période scolaire que notre corps est le plus apte à répondre aux changements que nous lui apporterons grâce aux activités physiques.
Le sport vous permettra de découvrir un potentiel que vous ne soupçonniez pas et surtout, le sport vous apportera un sentiment de bien-être et de fierté grâce aux hormones sécrétées après l’effort. De mon point de vue, le sport n’est pas qu’un loisir, c’est un besoin, favorisant le développement de la discipline qui nous sera sans le moindre doute cruciale dans la vie de tous les jours.
Parlez-nous du soutien de vos parents, de votre frère. Comment la famille a-t-elle contribué à votre réussite ?
En termes de soutien, je dois dire que je suis chanceux. Ma mère, Nadine, mon père, Jerry, ainsi que mon petit frère, Warren sont les piliers de ma vie. Mes parents ont toujours su me soutenir dans les moments où j’avais le plus besoin d’eux. Il n’y a pas une seule fois où mes parents n’ont pas répondu présents quand j’avais besoin d’eux.
C’est ce soutien, cet encouragement, cette confiance qu’ils me portent ont contribué à ma réussite. Car, dans les moments où vous ne vous sentez pas capable, c’est la famille qui vous redonne cette énergie et qui vous fait vous souvenir du chemin parcouru et à quel point vous en êtes capable.
Mes parents n’ont jamais imposé leur choix, au contraire, ils m’ont toujours soutenu dans les miens. Et quant à mon frère, c’est la même chose, c’est celui sur qui je peux toujours compter en termes de soutien, de conseils. Malgré son jeune âge, il respire la maturité et la perspicacité. Je dois dire que cela est aussi la raison de ce que j’ai pu accomplir aujourd’hui.
Avec le Covid, comment se sont passées vos études ?
Le Covid, pour tout le monde, a été un choc émotionnel surtout pour les étudiants. La pandémie a changé notre manière de voir les choses et notre manière d’étudier. Néanmoins, je dois m’estimer heureux que les classes en ligne aient fait leur apparition. Avec l’aide de mes enseignants d’éducation physique, Stéphan Beehary, ainsi que son épouse, j’ai pu continuer à travailler malgré les conditions peu favorables au début de la pandémie.
Durant cette période, la difficulté était de se concentrer mais également la connexion à Internet. Mais dans mon cas, pratiquer mon activité physique était impossible. Comment pratiquer le badminton dans votre maison ? Très difficile. C’est là que j’ai vu ma progression prendre un frein jusqu’à la fin du confinement. Je dois dire que cela a été très difficile pour moi moralement et physiquement car mon physique et ma force avaient diminué. Je ne me suis pas arrêté, au contraire j’ai repris de plus belle l’entraînement et les études et grâce à la décision du gouvernement qui était d’étendre l’année scolaire, j’ai eu toutes les cartes en main pour me reprendre et donner le meilleur de moi-même.
Beaucoup d’élèves peinent à ramener de bons résultats. Quel message voulez-vous faire passer aux jeunes ?
Je veux juste dire à ces élèves de croire en eux et de ne pas travailler pour les autres, sinon les résultats ne seront pas au rendez-vous. Travailler pour se rendre fier soi-même, se montrer ce qu’on peut le faire, qu’on peut sortir de notre zone de confort. Travailler petit à petit est primordial. Réviser un petit peu tous les jours, par exemple si vous faites un sujet, réviser le sujet pendant 15 minutes tous les soirs, ce n’est pas beaucoup, me direz-vous. Effectivement, mais de fil en aiguille, vous verrez que quand vous entamerez vos grosses révisions, vous aurez une bonne partie déjà en tête, et cela facilitera vos révisions et optimisera vos notes.
En dehors des études, du sport, quelle est votre autre passion ?
Je suis passionné par l’art. En effet, dessiner permet de se vider la tête et de se retrouver dans une bulle rien qu’à vous, un endroit où seuls vous pouvez entrer. La musique est également une passion, elle permet d’embrasser ce que nous sommes, nos émotions, et nous permet de minimiser le stress, la pression du quotidien et, dans mon cas, elle a été d’une grande aide durant ma dernière année au collège.
Mais par-dessus tout, le sport est évidemment ma passion et grâce à lui, je peux canaliser ou exprimer n’importe quelle émotion, je peux développer mon corps afin d’être fort physiquement et mentalement. Grâce au sport, j’ai gagné une plus grande confiance en moi, une facilité à côtoyer des gens, à me faire des amis et à comprendre et écouter mon corps. Tout cela, je le dois au sport. J’ai aussi des objectifs à atteindre, pour rendre ma vie encore plus intéressante et passionnante.
Un message qui vous tient à cœur ?
Je tiens juste à rajouter que de nos jours beaucoup pensent que pour réussir il faut couper ou arrêter tout loisir. Je ne suis pas d’accord, je pense que si le sport est un exutoire, l’éliminer même pendant une courte période peut nuire à la santé mentale. Un bon emploi du temps est ce qui vous aidera à surmonter cette épreuve et pas le fait de couper toutes activités récréatives ou sportives.
« Si le sport est un exutoire, l’éliminer même pendant une courte période peut nuire à la santé mentale »
« L’éducation physique favorise le développement des compétences motrices, de la coopération, de la discipline, de l’estime de soi et de la gestion du stress »
« Le secret ? Le travail, la patience, la persévérance, des valeurs qu’on entend souvent et qui sont tellement importantes »