Ruddy Elan Bhujun habite Résidence Mont Rose Ballison, à Rose-Belle. Après avoir fréquenté la Rose-Belle North Government School, il a étudié à la Sookdeo Bissoondoyal Academy, où il a tout récemment été élu Vice-Headboy. Très actif au sein de plusieurs sociétés, comme l‘Eco Campus et la Press Society, le jeune homme est plein d’ambitions. « Mon objectif est d’encourager les jeunes en leur offrant des opportunités de devenir des ambassadeurs dans des compétitions nationales, comme la Global Curriculum Orbit Compétition », dit-il.
Peux-tu nous dire qui est Ruddy Elan Bhujun ?
Je suis un jeune Tik-Toker passionné d’éducation. J’ai créé ma page Tik-Tok l’année dernière dans le but d’aider mes amis à se préparer pour leurs examens. Depuis, ma communauté a grandi à une vitesse fulgurante. J’ai aujourd’hui 27 000 abonnés. Mon objectif est de rendre l’éducation accessible à tous et de donner à chacun la chance de réussir.
Depuis 2020, j’ai participé à plusieurs compétitions nationales, où j’ai été primé parmi les meilleurs. Je suis fier d’être le gagnant de compétitions prestigieuses, comme la Global Curriculum Orbit, le Champion du Midi et le Concours d’éloquence de la francophonie, qui m’a permis de représenter fièrement mon pays à La-Réunion.
Tu viens aussi de participer au National Youth Parliament…
C’est vrai. Je suis passionné par la politique depuis mon plus jeune âge, et depuis 2018, j’ai été fasciné par le National Youth Parliament (NYP) et la performance des jeunes députés d’une semaine. Je rêve de faire partie de ce temple de la démocratie. Au début de cette année, j’ai donc saisi l’opportunité lorsque la compétition pour le NYP a été ouverte. Après avoir rempli un formulaire en ligne, j’ai été convoqué pour un entretien au Parlement. Là, j’ai dû décrire ma participation communautaire, mes réussites et mes connaissances en politique. J’étais déterminé à tout donner pour réaliser mon rêve de participer à cette expérience unique.
Tu peux nous parler de ton expérience ?
Le NYP a été bien plus qu’une simple aventure politique pour moi. En entrant au Parlement, j’ai été frappé par l’immensité et l’importance de l’histoire de Maurice qui y est ancrée. Ce lieu emblématique incarne l’idéal de la droiture et de l’humilité que chaque citoyen doit avoir envers la société et envers soi-même.
Au cours de cette semaine intense de travail en groupe, j’ai appris l’importance de l’écoute et du respect des autres membres de l’opposition. J’ai été élu leader de l’opposition et j’ai pris ce rôle très au sérieux, guidé par l’idée que la politique est avant tout une affaire de personnes, d’humanité et d’empathie. En travaillant ensemble, nous avons surmonté les obstacles et relevé les défis, et j’ai eu la chance de rencontrer des personnes formidables, qui sont devenues des amis pour la vie.
Cette expérience m’a aussi enseigné une leçon importante : le pouvoir de l’unité. Malgré nos différences, nous avons en effet réussi à travailler ensemble pour atteindre un objectif commun. Nous avons mis de côté nos préjugés et nos intérêts personnels pour travailler ensemble vers un but. J’ai découvert le bonheur, la capacité de travailler avec d’autres pour atteindre un objectif plus grand que nous-mêmes. En fin de compte, le NYP m’a rappelé que la politique est un moyen d’améliorer la société dans son ensemble. Car nous avons tous un rôle à jouer dans la construction d’un monde meilleur.
As-tu pour ambition d’embrasser une carrière politique ?
Je suis convaincu que la politique est un domaine qui peut apporter des changements significatifs et positifs dans la société. Cependant, je suis également conscient que la politique est un terrain difficile, où les idéologies, les intérêts personnels et les jeux de pouvoir peuvent entraver les aspirations les plus nobles. Cela dit, je crois fermement en la capacité des jeunes à faire une différence dans la politique et à changer les choses pour le mieux.
Quels sont les leaders politiques qui t’inspirent le plus ?
Les leaders visionnaires qui se servent de la politique comme d’un moyen d’apporter le changement nécessaire dans leur communauté et dans le monde. La politique est une plateforme pour défendre des causes justes, pour donner une voix aux sans-voix, et pour transformer les rêves en réalité. Je suis déterminé à apporter ma contribution dans le domaine de la politique à Maurice.
Cependant, je suis très conscient que la politique peut être un terrain miné, mais je suis prêt à prendre ce risque, car je crois que la politique est la voie à suivre pour apporter des changements significatifs et durables dans notre société. En somme, la politique est une opportunité pour les jeunes de faire une différence dans la vie des gens, de réaliser leurs ambitions et de construire un avenir meilleur pour tous.
Que penses-tu de la politique locale ?
Je crois fermement en l’importance de la politique locale de Maurice pour le développement et l’avenir de notre société. Cependant, je suis également conscient des défis et des problèmes qui existent dans notre système politique. « La politique est la rencontre de deux ambitions sur le terrain vague de la vanité. » Il est vrai que la politique peut souvent être perçue comme une compétition narcissique entre des individus cherchant à obtenir le pouvoir et le prestige. Je pense que nous ne devrions pas laisser cela nous décourager de participer activement à la politique locale.
Nous avons besoin de leaders politiques qui sont passionnés par leur travail et qui ont une vision claire pour l’avenir de notre pays. Nous avons également besoin d’un système politique plus transparent et équitable, qui permettra à tous les citoyens de participer à la prise de décision. Cela implique également une responsabilité des politiciens envers le peuple. Je crois que la politique locale peut être un outil puissant pour apporter des changements positifs à notre société.
Et aussi une plus grande participation des citoyens dans le processus démocratique ?
Effectivement. Nous devons être critiques et exigeants envers nos dirigeants politiques, et nous assurer que les décisions prises sont dans l’intérêt de tous les citoyens, et non pas seulement d’une élite privilégiée. Il faut envisager une nouvelle ère politique à Maurice. Une remise en question fondamentale de nos valeurs et de nos priorités. Nous devons nous demander si notre système actuel, qui est basé sur des partis politiques et une polarisation excessive, répond réellement aux besoins de notre société et de notre nation.
Une nouvelle ère politique à Maurice, qui à mon avis doit être centrée sur la participation citoyenne et la collaboration, où tous les secteurs de la société travaillent ensemble pour atteindre des objectifs communs. Cela implique de renforcer les mécanismes de participation citoyenne, tels que les consultations publiques, les forums de dialogue et les initiatives communautaires. Il est également important de promouvoir une culture de transparence, de responsabilité.
Comme l’a dit Malcolm de Chazal, « la politique doit cesser d’être l’art de tromper les gens et de les maintenir dans l’ignorance ». Il est temps de changer notre façon de penser la politique et d’adopter une approche plus responsable et plus humaine. De se concentrer sur l’intérêt général plutôt que sur les intérêts particuliers, de promouvoir la tolérance et l’inclusion, plutôt que la division et la polarisation.
Quelle est ta priorité actuelle ?
Je crois que la poursuite de nos rêves et de nos ambitions est une expression ultime de notre humanité. Nous avons tous la capacité de réaliser nos aspirations, même face à l’adversité. Pour moi, la réussite scolaire et professionnelle est un moyen de rendre hommage à ceux qui nous ont précédés, et de laisser notre propre marque sur le monde. Alors que je poursuis mes études et travaille à atteindre mes objectifs, je me rappelle toujours de l’importance de la persévérance et de l’engagement envers mes passions. Je rends hommage à ma défunte mère, qui m’a beaucoup aidé.
Que penses-tu de la jeunesse mauricienne ?
Elle est pleine de potentiel et de compétences. Les jeunes sont souvent porteurs d’idées novatrices et ont une soif d’entreprendre un renouveau pour leur communauté et leur pays. Cependant, il est important de donner une voix aux jeunes et de leur permettre de s’exprimer sur les questions qui les concernent. Les jeunes doivent être entendus et inclus dans les décisions qui affectent leur avenir.
Les établissements scolaires sont ces derniers temps le théâtre d’actes de violences, chez les filles comme chez les garçons. Pourquoi selon toi ?
La recrudescence des cas de violences dans le milieu scolaire à Maurice est préoccupante. Plusieurs facteurs peuvent contribuer à cette situation. Tout d’abord, il y a une absence de valeurs. On doit inculquer aux jeunes des principes telles que le respect, l’empathie, la tolérance, la solidarité et la responsabilité. Les parents, les jeunes, les écoles, le ministère de l’Éducation et les associations socioculturelles ont tous un rôle important à jouer dans ce processus.
Il est également important de reconnaître que les jeunes vivent dans un monde où les enjeux peuvent paraître insignifiants pour l’ancienne génération. Il y a un grand écart entre la philosophie de la nouvelle génération et celle de l’ancienne, ce qui peut entraîner des incompréhensions. De plus, les jeunes sont constamment sous pression à cause des réseaux sociaux, où leurs actions sont souvent scrutées et critiquées. Cette pression peut être source de stress et d’anxiété pour eux.
Il faut aussi prendre en compte le mal-être de la société mauricienne dans son ensemble. L’école est un modèle de société et si la société est malade, l’école le sera également. Les problèmes sociaux, tels que la pauvreté, le chômage, les inégalités, les discriminations, les violences domestiques et les abus sexuels, peuvent tous avoir un impact sur le bien-être des jeunes à l’école. L’école reflète souvent le mal-être de la société, et inversement.
En se mettant dans la peau d’un étudiant, il est compréhensible de constater que la jeune génération veut se faire entendre et ne plus être considérée comme insignifiante. Les jeunes veulent être impliqués dans les décisions qui les concernent, et avoir un rôle actif dans la société. Il est donc important de donner aux jeunes une voix et de les impliquer dans les décisions qui les concernent afin de les aider à se sentir valorisés et respectés.
En somme, il est important de prendre en compte les raisons de ces dérives dans une approche globale, en reconnaissant l’importance des valeurs, de la responsabilité individuelle et collective, en tenant compte de la pression exercée sur les jeunes ainsi que le mal-être de la société dans son ensemble. En donnant aux jeunes une voix et en les impliquant dans les décisions qui les concernent, nous pourrons contribuer à créer un environnement plus sain et plus sûr pour tous les élèves.
Y a-t-il des solutions pour rétablir tout ça ?
Oui, il existe plusieurs solutions. Mais aussi pour prévenir les violences dans le milieu scolaire à Maurice. Promouvoir les valeurs et l’éthique. Les écoles, les parents et les associations sociales peuvent jouer un rôle important en sensibilisant les jeunes aux valeurs telles que le respect, la tolérance, la responsabilité, l’empathie et la solidarité. Il faut à mon avis renforcer les programmes de prévention et de sensibilisation. Ces programmes peuvent inclure des ateliers de gestion de la colère, des programmes de résolution de conflits, des sessions de communication non violente, etc.
Et le rôle des parents dans tout ça ?
Les parents doivent être impliqués dans l’éducation de leurs enfants. Les écoles peuvent organiser des réunions avec les parents pour discuter des problèmes de comportement et trouver des solutions ensemble. Les écoles doivent renforcer les mesures disciplinaires pour les élèves qui ont un comportement violent. Il est important de faire comprendre aux jeunes que ce comportement ne sera pas toléré et qu’il y aura des conséquences.
Il faut aussi encourager la participation à des activités sociales, culturelles et sportives. Cela les aidera à développer des compétences sociales et à mieux gérer leur temps libre. Il est important d’améliorer la communication entre les parents, les écoles, les associations sociales et le ministère de l’Éducation. Cela peut aider à identifier les problèmes et à trouver des solutions ensemble. De fait, pour rétablir la situation, il est essentiel de travailler de manière globale, en impliquant tous les acteurs concernés. Cela nécessite un effort collectif pour promouvoir les valeurs et l’éthique, renforcer les programmes de prévention et de sensibilisation, impliquer les parents, renforcer les mesures disciplinaires, encourager la participation des jeunes et améliorer la communication entre les différents acteurs.
L’écart se creuse chaque jour entre ceux qui ont les moyens et ceux en manquent…
L’écart entre les riches et les pauvres n’est pas simplement une question de richesse matérielle, mais aussi de pouvoir et d’accès aux ressources essentielles pour une vie digne. En tant que société, nous devons prendre des mesures pour réduire cet écart. Cela pourrait inclure des politiques fiscales plus justes, des programmes d’éducation et de formation pour les personnes défavorisées, des programmes d’emploi et des initiatives de développement économique pour les régions les plus pauvres. Nous devons reconnaître que l’écart entre les riches et les pauvres n’est pas simplement un problème économique, mais aussi un problème moral et social, qui doit être abordé avec urgence et détermination.
Un message pour les jeunes…
Jeunes de Maurice, ne sous-estimez jamais le pouvoir de vos rêves et de vos aspirations. Nous sommes l’avenir de notre nation et nous avons le potentiel de changer le monde. Faites entendre votre voix ! Soyez des agents du changement et n’ayez pas peur de prendre des risques pour réaliser vos ambitions ! Le chemin peut être difficile, mais chaque obstacle surmonté vous rendra plus forts et plus résilients. N’oubliez jamais que votre potentiel est illimité et que nous sommes capables de réaliser de grandes choses.
Propos recueillis par
Jocelyn Rose