Le Rodriguais Jean Maurice Collet, âgé de 35 ans, a été condamné à 32 années de servitude pénale pour le meurtre de sa compagne, Marie Tiensela Perrine, et qui avait défrayé la chronique dans l’île. La sentence a été prononcée par le juge Lutchmyparsad Aujayeb, siégeant en Cour d’assises, en fin de semaine dernière.
Les faits se sont produits le 22 août 2019 à Rodrigues. Jean Maurice Collet, un mécanicien dans la trentaine habitant Baie-des-Lascars, avait eu une dispute avec sa compagne, Marie Tiensela Perrine, âgée de 22 ans, qui vivait séparément de lui. La dispute portait apparemment sur la paternité de l’un des trois enfants du couple.
Jean Maurice Collet avait acheté un couteau, et pris le bus depuis Port-Mathurin jusqu’à Citron Donis, où habitait Marie Tiensela Perrine. Celle-ci se trouvait à quelques mètres de la maison de son père, et était avec ses trois enfants, âgés de cinq ans, de trois ans et de dix mois.
Jean Maurice Collet devait asséner plusieurs coups de couteau à la poitrine de Marie Tiensela Perrine, cela alors qu’elle tenait le bébé de dix mois dans ses bras, qui n’avait heureusement pas été blessé. Elle avait tenté désespérément de s’emparer du couteau dans un premier temps, et ensuite essayé de s’enfuir. Mais en proie à une rage folle, Jean Maurice Collet avait continué de la larder de coups de couteau dans le dos, indifférent aux cris des enfants. En la voyant s’écrouler dans une mare de sang, il s’était enfui, en jetant le couteau dans des buissons.
Cette affaire avait mis Rodrigues en émoi. Lors du meurtre, Jean Maurice Collet était déjà en liberté conditionnelle, accusé de tentative de crime d’incendie, ayant auparavant essayé de mettre le feu dans la petite case en tôle où habitaient la victime et ses enfants. Va alors s’ensuivre une longue cavale d’environ trois mois pour Jean Maurice Collet, qui commettra plusieurs vols dans des boutiques et restaurants pour pouvoir survivre. La police mauricienne avait même dû dépêcher plusieurs unités à Rodrigues pour aider à traquer le fugitif, qui ne sera pris que le 19 novembre 2019.
L’autopsie avait attribué la cause de décès de Marie Tiensela Perrine à une perforation du cœur. La victime avait aussi de profondes entailles aux mains. Jean Maurice Collet avait pleinement avoué son crime aux policiers. Il sera transféré à Maurice en 2021 pour être jugé en cour d’assises. Poursuivi pour meurtre sous divers articles du Code pénal, il avait plaidé coupable lors de l’ouverture de son procès en 2023. Il avait présenté ses excuses à la cour et à la famille de la victime et exprimé ses remords.
Toutefois, le juge Aujayeb, rejetant un argument de la défense, a retenu que les mots blessants de la victime à l’encontre du prévenu ne pouvaient constituer une forme quelconque de provocation, car la provocation n’est valide comme défense dans des cas de meurtre que si le meurtrier avait été lui-même agressé. Il a retenu que cela ne pouvait que constituer une circonstance atténuante, tout au plus. La réaction du prévenu était ainsi disproportionnée par rapport aux mots blessants de la victime. Il a également retenu que l’accusé avait pleinement prémédité son acte, ce qui est une circonstance grave dans de telles affaires. Il a aussi retenu que les enfants du couple étaient aussi des victimes de ce crime, ayant été témoins de leurs propres yeux. Ils en étaient sortis traumatisés et privés de l’affection de leur mère. Le juge a aussi tenu compte de toutes les autres circonstances atténuantes et aggravantes de cette affaire, ainsi que les sentences qui ont été passées dans des affaires similaires.
Toutefois, vu que l’accusé a plaidé coupable, épargnant un long procès, où pas moins de 31 témoins auraient dû faire le déplacement de Rodrigues à Maurice, et le fait qu’il avait pleinement coopéré avec les enquêteurs, il a bénéficié d’une déduction de peine d’un tiers de la peine maximale, qui est de 60 ans d’emprisonnement sous le Code pénal.
Avec certaines autres circonstances atténuantes, le juge a retenu qu’une sentence de 32 ans de prison était appropriée dans cette affaire. Le temps que le prévenu a passé en détention provisoire sera également déduit de sa sentence.