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Réactions Post-Budgétaire : l’opposition déçue du budget « électoraliste »

L’opposition est unanime à trouver le budget 2018/2019 “décevant”. Du fait notamment qu’outre des mesures électoralistes, “panadol”, selon Paul Bérenger, “confetti” selon Shakeel Mohamed, “manifeste électoral”, pour Alan Ganoo, “demi-cuit” pour le leader de l’opposition, ce budget ne tient pas compte des enjeux économiques. Tous évoquent leurs craintes pour le secteur sucrier principalement, pour lequel “Pravind Jugnauth n’a pas été capable d’annoncer une seule mesure”. Le pays se dirige vers une catastrophe économique, disent les membres de l’opposition, qui prédisent l’imminence des législatives. Outre l’effrayante mesure d’octroyer le passeport mauricien à des étrangers contre un montant de USD 500,000, ce qui retient l’attention de l’opposition c’est le désaveu fait par Pravind Jugnauth à son adjoint.

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PMSD: Enn bidze demi cuit
«La cuisine de Pravind Jug-nauth comprend des novices qui l’ont mal éclairé pour la préparation du Budget 2018-2019. Résultat : c’est enn bidze demi cui servi au peuple». C’est l’avis du leader de l’opposition sur les mesures budgétaires annoncées par le Premier ministre et ministre des Finances jeudi dernier. Pour Xavier Duval, du fait que le budget ne comprend aucune mesure concrète sur l’économie, «la cuisine finn rat reset bidze», et cela démontre que Pravind Jugnauth a failli dans son grand oral. S’il y a quelques mesures populaires, notamment sur le plan social, c’est parce qu’il est beaucoup plus facile pour un Premier ministre d’être généreux avec l’argent des contribuables, estime-t-il. Mais avec la mise à l’écart de l’économie «ce budget reste en dessous des attentes de la population».

La réaction à chaud du leader de l’opposition quelques minutes après la présentation du budget par le Premier ministre a été ponctuée de critiques, notamment contre «enn Premier minis ki pa pe tenir compte nou l’économie». Le leader de l’opposition s’accorde le mérite de la baisse du prix des carburants, notamment à travers son travail lors de la PNQ sur le sujet. Autre PNQ qui a porté ses fruits, selon lui, celle relative à l’eau et qui a démontré que la CWA n’a jamais été en faillite. Pour Xavier Duval, le Deputy Prime Minister et ministre des Utilités publiques a été désavoué par le Premier ministre avec l’annonce qu’il n’y aura pas d’augmentation des tarifs.
Le leader de l’opposition reconnaît néanmoins que quelques mesures doivent être saluées, plus particulièrement celles ayant trait à la sécurité routière. Dans l’ensemble, ce 4e budget de l’alliance gouvernementale est un cadeau fait à l’opposition, estime Xavier Duval qui souligne qu’il n’a jamais vu «un plat aussi mal cuisiné». Avec ce budget, dit-il, «pou gagn enn indigestion économique». En occultant les problèmes économiques, Pravind Jugnauth a démontré que «poêlon Finances pe pez trop lourd. Li pa pe kapav handle PMO ek Finances».

24 heures après sa présentation, les députés parlementaires du PMSD ont aussi commenté le budget. C’est Aurore Perraud qui était leur porte-parole. Cette dernière a été des plus critiques à l’encontre du gouvernement. Elle juge que ce Budget 2018/2019 indique «que nous allons vers les élections générales». Pour elle, c’est un budget à courte vue qu’elle qualifie de «fer labous dos, apré demin nou va guetter».

MMM : « Budget électoraliste…»
« Un budget Panadol fondamentalement décevant et qui comprend des mesures électoralistes annonçant l’imminence des élections générales » : c’est ainsi que Paul Bérenger, leader du MMM, a résumé, dans un premier commentaire à chaud, le discours budgétaire.

Paul Bérenger est d’avis que Pravind Jugnauth a été contraint de faire de petites faveurs aux uns et aux autres. Le leader du MMM en veut pour preuve que dans son discours, le ministre des Finances a omis de préciser s’il y a un autre budget à venir. Evoquant certains indicateurs économiques révélés par Pravind Jugnauth, Paul Bérenger trouve que celui relatif au taux de croissance « prête à sourire ».

Alors que ce chiffre pour l’année financière qui s’achève est estimé à 3,9%, le chef de file des mauves note que le ministre des Finances prévoit pour la troisième année consécutive un taux de croissance de 4,1% pour la nouvelle année financière 2018/19. Autres indicateurs sous-estimés : ceux du déficit budgétaire et de la dette publique avec, dit-il, le nombre de dépenses qui se fait hors budget pour des projets, tels ceux de Mauritius Telecom (MT) ou du Metro Express.
Paul Bérenger considère d’autant plus « effrayant » le fait qu’il a fait quasiment l’impasse sur les mesures de soutien à l’industrie sucrière, vivement ébranlée par la chute conséquente du prix du sucre sur le marché international. Il juge, en effet, « décevant » que, hormis notamment la décision de porter de 15% à 80% les droits de douane sur le sucre importé et destiné à la consommation locale, rien n’a été proposé. Paul Bérenger ne manque pas, par ailleurs, de noter que, « l’imminence des élections oblige », le projet pourtant si cher au Premier ministre adjoint et ministre des Services publics, Ivan Collendavelloo, d’augmenter le tarif d›eau a finalement été rangé au placard.
Pour ce qui concerne l’annonce de la baisse des prix des carburants, le leader du MMM trouve que, là encore, cela s’est fait sous la pression populaire. Paul Bérenger convient, finalement, que malgré tout, « il peut y avoir aussi du bon dans le Panadol ». Il cite, à cet égard, la révision annoncée par le ministre des Finances du taux d’imposition fiscale des contribuables touchant jusqu›à Rs 50 000 mensuellement et qui passe de 15% à 10%. Une mesure que le leader du MMM reconnaît être de bon augure pour les salariés de la classe moyenne.

PTr :«budget confetti»
Il n’y a rien de concret dans ce budget: si ce n’est qu’avec cela, nous mènerons le pays vers une catastrophe économique. Ce sont en ces termes que le nouveau député du PTr, Arvin Boolell a commenté à chaud la présentation budgétaire de Pravind Jugnauth aux côtés de Shakeel Mohamed, Osman Mohamed, Ezra Jhuboo et Ritesh Ramphul. S’inquiétant que les fondamentaux économiques n’ont pas été traités par ce budget, il qualifie le Premier ministre et ministre des Finances d’»irresponsable» et estime qu’il joue avec l’économie du pays. D’emblée Arvin Boolell et Shakeel Mohamed ont qualifié de «confetti» le budget présenté par Pravind Jugnauth. Certes, ce budget comporte de nombreuses mesures, mais dans le fond, il n’y a rien de concret, disent-ils, exprimant leur inquiétude que les problèmes des secteurs financier et bancaire n’ont pas été pris en considération.

Les députés PTr ont aussi évoqué leur crainte pour la souveraineté de Maurice suivant l’annonce du Premier ministre d’octroyer des passeports mauriciens aux étrangers. S’interrogeant sur les mesures qui seront prises pour protéger le passeport mauriciens, Shakeel Mohamed émet des réserves, notamment en ce qui concerne les mafieux qui pourront s’installer librement à Maurice, grâce à cette mesure. Il se demande également si en bradant la nationalité mauricienne, les Mauriciens auront l’opportunité d’acheter un lopin de terre et construire une maison avec l’option donnée aux étrangers de s’installer à Maurice.

Ce thème a été largement repris par le leader du Parti Navin Ramgoolam. Selon lui, les Mauriciens risquent de devenir des étrangers dans leur propre pays si nous allons de l’avant et donnons aux investisseurs la possibilité d’obtenir le passeport mauricien contre la somme USD 500,000. Et cela est très inquiétant. C’est l’avis du leader du PTr en réaction aux annonces budgétaires de Pravind Jugnauth. Comme ses acolytes, Navin Ramgoolam, qualifie le dernier exercice budgétaire de «budget confetti», avec des annonces creuses. Selon lui, le fait d’offrir sur un plateau le passeport mauricien aux étrangers démontre que le gouvernement a échoué à attirer des investissements directs étrangers. «Nous serons des étrangers dans notre propre pays», déplore-t-il. Enfin les députés rouges se sont interrogés sur la pertinence et l’utilité du projet Safe City. Dans l’ensemble, disent-ils, ce budget est irresponsable et démontre que l’’économie du pays va à la dérive.

MP : Un manifeste électoral
L’exercice budgétaire 2018 a été passé au crible par trois des membres du MP lors de leur conférence de presse tenue vendredi. Selon Alan Ganoo, « ce budget est décevant et ressemble plus à un manifeste électoral ou à un discours programme qu’à un budget classique. » Alan Ganoo a longuement décrié ce qu’il considère être « un budget qui manque de vison et de stratégie et ne prépare pas le pays pour l’avenir. » S’il exprime le point de vue selon lequel, « il y a eu plusieurs mesures sociales, positives et populistes qui ont été annoncées », le président du MP es d’avis qu’ « à part quelques cadeaux offerts ici et là », cet exercice démontre, selon lui, qu’« on a à l’heure actuellement au sein gouvernement un Premier ministre et ministre des finance essoufflé.»

Au sujet de l’industrie cannière, le chef de file du MP argue que « hormis deux mesures il n’y a rien qui n’a été annoncé pour retourner la sérénité dans ce secteur » Commentant la décision de gouvernement de ne pas augmenter le tarif de l’eau, Alan Ganoo évoque « un désaveu de la part du Premier ministre au ministre de tutelle, Ivan Collendavelloo ». Alan Ganoo s’est finalement appesanti sur «la vente du passeport mauricien ». Il se demande également si, à terme, les Mauriciens auront encore la possibilité d’acheter des terrains pour bâtir leurs maisons et dit craindre aussi l’arrivée dans le pays, d’investisseurs « de la même trempe que Sobrinho et Bastos »

La mesure concernant l’essence et le diesel a fait l’objet de virulentes critiques de la Jean-Claude Barbier. « C’est une escroquerie et une insulte à l’intelligence des Mauriciens », selon lui. Il a d’autre part fait ressortir qu’il « n’y rien dans ce budget qui permet de booster les revenus de l’état qui sont restés à 18% de notre produit intérieur brut et cela n’inquiète nullement le Premier ministre. »
Enfin, Tania Diolle a, quant à elle, fustigé le Premier ministre pour « son manque de stratégie en ce qu’il s’agit du combat contre la drogue. La dernière intervenante, Tania Diolle, qualifié de « dérisoire » le budget de Rs 10 millions sur un an alloué à la prévention contre le fléau de la drogue. « Il faut arrêter de penser que c’est uniquement un petit groupe de jeunes qui est affecté par ce fléau », a-t-elle déclaré.

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