La deuxième interpellation d’Adrien Duval lors du Prime Minister’s Question Time portait la promesse électorale en vue de la création d’un collège électoral chargé d’élire le président et le Speaker de l’Assemblée nationale. « Est-ce que le Premier ministre peut indiquer où en sont les choses ? », a-t-il demandé.
Ramgoolam : Après 56 ans d’indépendance, il est opportun d’envisager des réformes constitutionnelles et électorales afin de consolider davantage nos institutions démocratiques, surtout après la façon dont le régime précédent a miné toutes nos institutions. C’est précisément pour consolider notre démocratie que la proposition de mise en place d’un collège électoral pour l’élection du président de la République a été incluse dans le manifeste électoral du gouvernement. Le collège électoral est un processus par lequel un groupe d’électeurs est formé pour élire un candidat à un poste particulier.
Le concept de collèges électoraux n’est pas nouveau et est connu dans plusieurs démocraties à travers le monde. Par exemple, des pays comme l’Inde et l’Allemagne ont recours à des collèges électoraux pour élire leur président. En France, le Sénat est élu par un collège électoral. Chacun de ces pays dispose de son propre modèle de collège électoral adapté au contexte local et aux spécificités de son système électoral. La création d’un collège électoral à Maurice fera partie intégrante du programme de réforme de mon gouvernement et nous tiendrons des consultations avec tous les intervenants.
Duval : Le Premier ministre reconnaît-il qu’il s’était engagé pendant la campagne électorale à nommer le président de la République par un collège électoral ? Je demanderai au Premier ministre s’il n’est pas d’accord avec le fait que le président sortant aurait pu rester en poste dans l’attente de la nomination d’un nouveau président par le biais du collège électoral, comme il s’y est lui-même engagé.
Ramgoolam : Je ne suis pas d’accord avec l’honorable député. Nous avons un nouveau gouvernement. Le mandat du président est terminé. Il a démissionné au moment où son mandat a expiré; il s’est retiré. C’est pourquoi nous devons remplacer le président et le vice-président jusqu’à ce que nous fassions les réformes que nous nous sommes engagés à faire.
Duval : Le Premier ministre n’est-il pas d’accord pour dire que la Constitution prévoit déjà que le président sortant peut rester en fonction jusqu’à ce que le président entrant soit en poste et que, parce que le mandat d’un président est de cinq ans, ce ne sera pas sous ce gouvernement qu’un nouveau président sera élu par le collège électoral, comme il s’y est engagé ?
Ramgoolam : Je ne partage pas le point de vue de l’honorable député. Le président, comme je l’ai dit, a accepté de démissionner après l’élection d’un nouveau gouvernement et la fin de son mandat. C’est ainsi que nous avons procédé à la nomination du nouveau président et du vice-président. Nous ne pouvons pas laisser les choses en rester là parce que, vous savez, ce serait un éternel argument si c’était le cas. C’est pourquoi nous avons suivi la procédure et avons élu un nouveau président, comme cela a toujours été le cas, mais nous apporterons les réformes que nous nous sommes engagés à apporter.
Speaker: Je pense que le Premier ministre a répondu à votre question. Vous pouvez le faire, mais ne soyez pas argumentatif et ne revenez pas sur le même sujet.
Duval : Est-ce que je peux demander au Premier ministre, étant donné que le nouveau président et le vice-président sont en fonction, s’il envisage, une fois le collège électoral mis en place, de demander au président de quitter son poste jusqu’à ce qu’il soit nommé à nouveau par le biais de ce système ? S’il ne le fait pas, il ne tiendrait alors pas sa promesse d’élire le président sous son mandat par le biais du collège électoral…
Speaker : Il a donné une réponse. Vous n’êtes peut-être pas d’accord avec sa réponse, mais je pense que je ne vais plus approfondir cette question. Il y a aussi une partie sur le choix du président de l’Assemblée nationale. Peut-être voulez-vous répondre à ce sujet ?
Ramgoolam : C’est la même chose, Madame la Présidente, nous devrions permettre à M. Phokeer de rester président. C’est précisément ce que vous dites quand vous avez vu quelle était la différence.
Adrien Duval revient à la charge pour demander si le gouvernement tiendra sa parole.
Ramgoolam : Cette promesse sera tenue. Nous allons examiner cela. Je l’ai dit dans ma réponse liminaire. J’ai dit qu’il y aurait des consultations, de larges consultations avec tous les intervenants, parce que nous devons examiner tous les aspects et nous nous en tiendrons à ce que nous avons dit.
De son côté, le député Francisco François, leader de l’Organisation du Peuple de Rodrigues a également abordé la réforme électorale à Rodrigues. Navin Ramgoolam a répondu que son gouvernement s’est engagé à procéder à une réforme complète du système électoral actuel, lequel tiendra compte de la volonté de la population et « rétablira la réputation démocratique de notre pays ».
« À cette fin, des consultations seront menées auprès de toutes les parties prenantes. La nécessité de mettre en place une commission compétente pour examiner la réforme constitutionnelle et électorale sera examinée au cours de ce processus », s’est-il appesanti
Pour sa part le député Ram Etwreea, intervenant lors du Prime Minister’s Question Time a interpellé le Premier ministre sur la sécurité au Nord du pays. Navin Ramgoolam a relevé que les zones côtières du nord comprennent 17 régions, partant du Goulet et se terminant à Roches-Noires. Ces régions sont très populaires parmi les touristes et les résidents locaux, précise-t-il.
« J’ai été informé par le commissaire de police qu’au cours des trois dernières années, 1 120 cas de vols ont été signalés à la police dans les zones côtières du nord. C’est-à-dire de 2012 à 2024. On m’informe également que la police a mis en place plusieurs mesures pour suivre de près la situation. A savoir des patrouilles à vélo et mobiles sont effectuées quotidiennement par la police régulière. Plusieurs unités de police ont été mobilisées à cet effet. De plus, des unités spéciales de la SMF sont déployées la nuit pour effectuer des patrouilles mobiles et des barrages routiers dans des endroits stratégiques de l’île, y compris, par conséquent, la division nord. Troisièmement, l’unité de prévention de la criminalité mène régulièrement des campagnes de sensibilisation dans les zones résidentielles et commerciales, ainsi que dans les hôtels, afin de sensibiliser le public sur les mesures de prévention de la criminalité », a répondu Navin Ramgoolam.
Le Premier ministre fait comprendre que des programmes de surveillance de proximité ont également été mis en place dans ces régions afin d’obtenir l’adhésion de l’ensemble de la communauté dans la lutte contre la criminalité, y compris les vols. Quatrièmement, des caméras urbaines sûres sont utilisées pour surveiller les mouvements des personnes et des véhicules suspects afin d’apporter une réponse rapide et coordonnée aux demandes d’aide de la police, dit-il.
« À la suite de la nomination du nouveau commissaire de police, les mesures existantes ont été renforcées afin de revitaliser les différentes unités de police sur le territoire de l’île et assurer une réponse plus efficace à la criminalité. Les forces de police sont en train de réorganiser leurs effectifs et adopteront une politique de tolérance zéro à l’égard de tous les délinquants, ce qui constitue un moyen de dissuasion contre la récidive », indique le Premier ministre.
Il réaffirme que son gouvernement accorde une grande importance à la sécurité des visiteurs et des résidents. « Nous devons veiller que notre pays reste une destination sûre, non seulement pour les touristes, mais aussi pour les résidents locaux », a-t-il conclu.