Alors que l’ombre des élections générales se précise, la pression monte graduellement dans la marmite politique. Cette semaine encore, malgré le fait qu’il s’est beaucoup déprécié aux yeux du public, le Parlement s’est présenté comme le principal champ de bataille où s’affrontent une opposition privée de plusieurs de ses artilleurs – dont Paul Bérenger, Rajesh Bhagwan et Joanna Bérenger – et la majorité du gouvernement.
La dernière victime en date a été Patrick Assirvaden, le nouveau Whip de l’opposition, en poste depuis deux semaines et suspendu pour six semaines sous l’accusation d’avoir mis en doute l’intégrité du Speaker, Sooroojdev Phokeer. Durant ce nouvel épisode, on a eu droit à un nouveau spectacle du Speaker. Après avoir répondu aux accusations à l’effet que le tirage au sort des questions parlementaires est truqué, et en donnant l’assurance que cet exercice se déroulait conformément à un accord conclu entre deux anciens Whips de la majorité et de l’opposition, il a donné lecture d’une lettre privée que lui avait adressée Patrick Assirvaden en prévenant que, pour de telles lettres, un parlementaire avait été suspendu au Parlement britannique.
Cette lettre privée faisait mention de ce que l’auteur considérait comme l’opacité entourant le tirage au sort et contenait des propos un peu durs à l’encontre du Speaker, qui a pris la mouche. Il a par conséquent demandé à Patrick Assirvaden s’il maintenait ses propos ou s’il était prêt à présenter ses excuses. Ce à quoi ce dernier a dit maintenir que le tirage au sort s’est déroulé dans l’opacité. Il a en outre refusé de présenter des excuses. Ce qui lui a valu une expulsion de la Chambre et, par la suite, sur une motion urgente du Premier ministre, une suspension de six semaines. C’est très cher payé pour une lettre privée et il risque de ne pas retourner au Parlement avant la fin des débats budgétaires. C’est un leader de l’opposition (Shakeel Mohamed) esseulé sur le Front Bench qui continue de faire ses premiers pas avec sa deuxième PNQ adressée au Premier ministre sur les enquêtes menées sur l’achat des médicaments et des équipements médicaux durant la période de Covid. Si le Premier ministre a donné la garantie que s’il y a eu maldonne, les responsables auront à répondre de leurs actes, il n’a pas manqué d’adresser quelques flèches en direction du leader du PTr, Navin Ramgoolam, concernant ses coffres.
C’est dans cette ambiance de confrontation politique permanente que se déroulent actuellement les travaux parlementaires, et il y a peu de chance que la situation s’améliore jusqu’à sa dissolution prochaine. Or, c’est la seule occasion pour les téléspectateurs de voir les députés de l’opposition, puisqu’ils sont ostracisés par la MBC depuis le 1er mai. Seul le PMSD a eu droit à une couverture magistrale pour la journée porte ouverte à Melville dimanche dernier. Cette activité a requinqué le PMSD, qui a retrouvé un nouveau souffle après ce que Xavier-Luc Duval a qualifié de présence d’une foule énorme. Une foule où se trouvaient les principaux dirigeants de Linion Moris, qui mènent campagne contre Pravind Jugnauth et Navin Ramgoolam, et qui semble placer beaucoup d’espoir en un PMSD qui pratique actuellement une stratégie de « portes ouvertes ». Sur le terrain, l’alliance PTr-MMM-ND semble continuer à surfer sur le succès de son meeting et la présentation d’une première liste de 20 mesures, qui a donné lieu à des débats très intéressants sur les ondes des radios privées, dans la presse et sur les réseaux sociaux. Les leaders continuent de plancher sur la liste des candidats qui, comme on le sait, n’est jamais complétée qu’à la veille du Nomination Day. Paul Bérenger a pour le moment annoncé des développements politiques, alors que les spéculations vont bon train autour des nouveaux candidat(e)s qui feraient bientôt leur « coming out » politique. Entre-temps, l’alliance gouvernementale continue sur sa lancée avec des inaugurations qui ont pris la tournure de mobilisations politiques permanentes, afin de dire, comme l’a fait Steven Obeegadoo à Balisson hier : « Pa ziz nou lor koze, ziz nou lor seki finn fer ! » Jean Marc Poché