Le pays renouera ce 1er mai à l’ambiance qui a toujours caractérisé la Fête du Travail. Cela ne s’est pas vu depuis quelques années. Il est vrai que pendant deux années de suite, nous avons subi les restrictions associées à la pandémie. Même durant la période précédant le Covid, il n’y a pas eu de mouvements significatifs, sauf çà et là quelques congrès en salle.
Cette année, on sent une ambiance fébrile planer à travers le pays. Une ambiance électorale commence à gagner la population. Dans les rues de Port-Louis ou ailleurs, nous ne pouvons pas marcher sans être interpellés à plusieurs reprises par des « Ki pozision ? Eleksion kan ? ». Comme si nous étions dans le secret des Dieux. D’autres signes sont un peu plus probants. Les inaugurations se succèdent. L’asphaltage des routes dans les régions urbaines prend de l’ampleur.
L’annonce de la construction de monuments dans des régions stratégiques se multiplie. Hommes d’affaires, entrepreneurs et investisseurs sont mobilisés. « On nous demande d’accélérer ou de venir avec des projets. » Il n’y a pas de doute : il y a quelque chose qui se trame dans les arcanes du pouvoir. Il se chuchote même que des élections seraient prévues en juillet, sans préciser s’il s’agirait des municipales ou des élections générales. Allez savoir ! Les spéculations vont bon train. Certains attendent avec impatience le budget dans l’espoir de voir des mesures électorales. Le fait est qu’une ambiance de campagne électorale gagne graduellement le pays, même si le Premier ministre, Pravind Jugnauth, insiste sur le fait qu’il ira jusqu’à la fin de son mandat à la fin de l’année prochaine.
C’est dans cet écosystème que nous abordons les manifestations du 1er mai. Tous les politiciens seront sur les routes ou feront la tournée des cimetières pour rendre hommage à nos tribuns, qui ont marqué l’histoire politique du pays. Beaucoup auront une pensée spéciale pour Guy Rozemont, à l’origine de la proclamation d’un jour férié pour les travailleurs le 1er mai, ou pour le Dr Curé. Ensuite, chaque parti rendra hommage à ses propres tribuns. Il est bon de savoir que les syndicats seront mobilisés avec Rezistans ek Alternativ, qui organise une marche de Saint-Jean à Ébène sur le thème “Travayer twa ki ena pouvwar”. La Confédération des travailleurs du secteur privé et public a également prévu une marche à Rose-Hill, alors que la FPU, elle, organisera un rassemblement au Plaza.
Les regards seront toutefois tournés vers Vacoas, où le MSM prépare une manifestation de force. Le message du Premier ministre et leader de ce parti, Pravind Jugnauth, qui visiblement veut prendre une avance sur son principal adversaire du moment, est attendu avec intérêt. Il aura le champ libre, puisque l’Alliance Ptr-MMM-PMSD, en gestation, a choisi de ne pas se jeter dans la bataille des foules pour ce 1er mai. Il va sans dire que ses leaders seront pris pour cible par les principaux orateurs du MSM et leurs invités du ML et de la Plateforme militante. On s’attend à ce que ceux-ci fassent leur bilan sur le plan économique et sanitaire.
Le jugement de l’ITLOS dans le conflit opposant Maurice aux Maldives devrait également être évoqué. Déjà, le Premier ministre l’a qualifié de « développement historique, confirmant la souveraineté de Maurice sur les Chagos » dans une déclaration à la télévision hier. Espérons qu’après ce jugement, les relations entre Maurice et les Maldives retourneront à la normale. Après tout, cet archipel est également un petit État insulaire en développement et, comme Maurice, est menacé par le changement climatique.
Finalement, LPM fera sa première sortie politique à l’auditorium Octave Wiehé lundi matin, avec la participation entre autres de Nando Bodha. Ce regroupement se présente comme la vraie opposition face au gouvernement. Sa performance sera suivie avec intérêt.
Cette semaine a aussi pris fin avec la publication du “New Proposals for free and fair elections in Mauritius”, qui a été lancé par Navin Ramgoolam, Paul Bérenger et Xavier-Luc Duval vendredi. Ce document contient des propositions détaillées pour l’organisation d’élections libres et équitables, et qu’il faudrait étudier avec attention. Pour le moment, souhaitons bonne fête à tous les travailleurs.