Parole d’Ainé pour Vimla

Marie Jacques Laval Panglose, G.O.S.K

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AMI ET ÉLÈVE DU grand E.

« On commence par s’inscrire dans une autre logique : celle de l’aliénation de ses ressources. Puis on renonce tout doucement à cet espace-temps qui se désagrège, en faisant le deuil de ses biens, en léguant son patrimoine avec bienveillance. On se prépare à vieillir sereinement en essayant de s’approprier un autre temps. » : L’auteure Mme Pravina Nallatamby, en ce jeudi 6 mars dans Le Mauricien (Forum) page 20.

Monsieur Preetam, mon chauffeur, conduisait la voiture pendant que je lisais avec délice les mots de l’auteure, me plongeant dans la rivière de ses pensées peintes, quand, soudain, il klaxonna son énervement face à un jeune motocycliste, lequel, hardi et souple, slalomait brusquement devant nous, avant de prendre son bel essor dans une ligne droite mince entre deux colonnes de voitures. Et je vis un de mes rêves inassouvis, s’envoler vers son destin. J’ai toujours, mais en vain, voulu prendre le pégase de fer.

Puisque la mort n’est que l’arrivée au pays d’ailleurs, valait-il mieux y suivre le slalomeur ou vieillir sereinement en essayant de s’approprier un autre temps ? La question se figea en moi telle une flèche de Parthe. C’est Shakespeare qui disait :

“Cowards die many times before their deaths ;
The valiant never taste of death but once.
Of all the wonders that I yet have heard,
It seems to me most strange that men should fear;
Seeing that death, a necessary end,
Will come when it will come.

Vieillir est un état d’esprit. Ce n’est pas constater le dépérissement du corps physique avec résignation, en se disant que rien ne se peut. Car l’expérience humaine est un affrontement, une aventure où l’esprit créé par l’infini, mesure la portée de son intelligence et de sa spiritualité à l’aune de son corps. L’Esprit, c’est ce coursier hippique qui porte la charge maximale pendant la course. Voilà l’épreuve à laquelle on s’est assujetti en s’incarnant Homme. Je suis venu et j’ai voulu connaitre mon ardeur, ma volonté et mon feu dans un vaisseau temporel, mon corps, choisi selon mes aspirations dans ma quête de l’Éternité. Je ne vais pas oublier qui je suis parce que mon corps est vieux, Non, Temps, garde ton vol, je suis et te situe. Mon esprit te cerne et non l’inverse. La sérénité m’appartient de facto et surtout de jure. C’est la condition primale de mon combat. Je ne vieillis pas, je te vois glisser, passer par l’entremise de mon corps. Mais je demeure.

Je suis entré avec mon corps dans sa 75e année. Je l’ai vu, ce corps, me faire goûter à chaque moment. Les pensées de madame l’auteure me semblaient extrêmement pertinentes à chaque vieillard. Et j’en suis un, pensai-je, non sans effroi.

Alors quand je descendis de voiture pour entrer chez moi, je gardais toujours, l’enveloppe de ma méditation silencieuse devant les images creuses de mon téléviseur. Pris par un réflexe de croyant, j’invoquai le Saint Esprit pour me libérer de cette angoisse, et j’entendis clairement s’inscrire en moi ces paroles: ‘relis ton Mundaka Upanishad’; je le fis et vous en relis le passage à la 3e partie, chapitre un :

II-i-1: Deux oiseaux, compagnons inséparables et portant le même nom, sont perchés sur le même arbre. L’un d’eux mange les fruits divers aux saveurs variées, tandis que l’autre le contemple, sans manger.

III-i-2: Sur le même arbre, l’âme individuelle (jiva) est agrippée, pour ainsi dire captive; et elle se lamente, accablée des soucis dus à son impuissance. Dès lors qu’elle aperçoit son compagnon, le Seigneur adorable, dans toute Sa gloire, elle est subitement libérée de toute souffrance.

III-i-3: Lorsque le voyant aperçoit le Purusha – Celui qui est couleur d’or, le Créateur, le Seigneur, et la source du Soi – alors, en vertu de son illumination, il se défait du mérite comme du démérite, devient sans souillure, et atteint à la parfaite équanimité.

« L’ARC EST L’OM SACRÉ,

La flèche c’est Ton Être

La cible est Brahman, Son BUT

Comme la flèche s’unit au BUT,

Que les Esprits éveillés soient en Lui. »

Mundaka Upanishad 2.4

1.Ἐν ἀρχῇ ἦν ὁ λόγος, καὶ ὁ λόγος ἦν πρὸς τὸν θεόν, καὶ θεὸς ἦν ὁ λόγος.  2  οὗτος ἦν ἐν ἀρχῇ πρὸς τὸν θεόν.  3  πάντα δι’ αὐτοῦ ἐγένετο, καὶ χωρὶς αὐτοῦ ἐγένετο οὐδὲ ἕν ὃ γέγονεν4  ἐν αὐτῷ ζωὴ ἦν, καὶ ἡ ζωὴ ἦν τὸ φῶς τῶν ἀνθρώπων.  5  καὶ τὸ φῶς ἐν τῇ σκοτίᾳ φαίνει, καὶ ἡ σκοτία αὐτὸ οὐ κατέλαβεν.

1.In principio erat Verbum, et Verbum erat apud Deum, et Deus erat Verbum. 2.Hoc erat in principio apud Deum. 3.Omnia per ipsum facta sunt:
et sine ipso factum est nihil, quod factum est.
4. In ipso vita erat,
et vita erat lux hominum:
5.et lux in tenebris lucet,
et tenebræ eam non comprehenderunt.

1.“At the beginning of time the Word already was; and God had the Word abiding with him, and the Word was God. 2. He abode, at the beginning of time, with God. 3. It was through him that all things came into being, and without him came nothing that has come to be. 4. In him there was life, and that life was the light of men. 5. And the light shines in darkness, a darkness which was not able to master it. John beginning of his gospel.”

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