Opération Savat Dodo Saison II – Deal Apavou : l’ancien Board de la BoM sous haute tension

  • L’ex-2nd Deputy Governor Sewraj-Gopal de la Banque Centrale interrogée, hier Under Warning, au QG de la Financial Crimes Commission
  • La prochaine convocation de Mardayah Kona Yerukunondu, ex-First Deputy Governor, de Ragen Swaminathan, et de Swadicq Nuthay déterminante

Les dessous des Deals conclus sous le couvert des interventions stratégiques lors de la pandémie de Covid-19 continuent à ébranler l’ancien Top Management de la Mauritius Investment Corporation Limited et par extension l’ex-Board de la Banque de Maurice. À ce stade, les trois anciens membres du conseil d’administration de la Mauritius Investment Corporation, à savoir Mardayah Kona Yerukunondu, ancien First Deputy Governor de la Banque Centrale, Ragen Swaminathan, ancien Secretary for Public Service en 2021, et Swadicq Nuthay, ancien Independent Non-Executive Director, sont sous le coup d’éventuelles charges provisoires après les séances d’interrogatoire de vendredi dernier au QG de la Financial Crimes Commission. Leur prochaine convocation formelle pourrait se révéler déterminante.

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Et hier, ce fut au tour de Hemlata Sadhna Sewraj-Gopal, ex-Second Deputy Governor de la Bank of Mauritius (BoM), d’être entendue Under Warning à la Financial Crimes Commission dans le sillage de l’enquête sur le Apavou Deal. Elle n’avait pu répondre présente à sa convocation au Réduit Triangle en fin de semaine dernière et les enquêteurs ont été informés à ce sujet.

Comme elle faisait partie du Board of Directors de la Mauritius Investment Corporation, la Financial Crimes Commission a voulu savoir dans quelles circonstances un Equity Trust d’un montant de Rs 2,4 milliards a été accordé à la société East Coast Hotel Investment, propriétaire de l’hôtel Ambre du groupe Apavou. Il a également été question du rôle de Verde Frontier Solutions Ltd comme intermédiaire (Transaction Advisor) pour conclure ce Deal le 7 juin dernier, soit à la veille de la dissolution de l’Assemblée nationale, les enquêteurs de la Financial Crimes Commission soupçonnant qu’il y aurait eu un détournement de Rs 400 millions en raison d’un gonflement artificiel de Rs 2,1 milliards à Rs 2,4 milliards (48 millions d’euros) pour une part majoritaire de 51 % au sein de l’hôtel Ambre sur la côte Est.

Répondant aux questions, Hemlata Sewraj-Gopal a indiqué que toute demande d’investissement financier passe par un Investment Committee. Ce serait ce comité qui scrute les projets et par la suite soumet des recommandations. Ce n’est qu’après cette étape que le dossier est référé au Board of Directors – qui donne le feu vert ou rejette une demande d’aide financière. Elle affirme qu’elle siège sur le Board en tant que représentante de la Banque de Maurice car la Mauritius Investment Corporation Limited est une filiale subsidiaire qui est « entirely owned » par la Banque Centrale.

Au sujet de l’East Coast Hotel Investment, l’ancienne Second Deputy Governor fait comprendre que le Board de la MIC peut imposer des conditions avant d’accepter un dossier. Et ce, avant d’affirmer que ses membres se basent sur des chiffres et informations que l’Investment Committee leur remet avant de parvenir à une décision. Le Board de la MIC ne procède donc pas à une Forensic Study des chiffres avancés par le demandeur car cette étape est accomplie en amont et à un niveau inférieur.

Si la Financial Crimes Commission semble être d’accord avec par ces points avancés, l’enquête s’intéresse plutôt à la vente de 21% d’actions de l’hôtel Ambre au groupe Sun. Sujet qui sera abordé avec les protagonistes prochainement. La MIC détenait 70 % des parts contre un investissement de Rs 2,4 milliards. Elle est devenue minoritaire à 49 % alors que le groupe Sun a obtenu la majorité de 51 % car il détenait déjà 30 % au sein de l’hôtel Ambre.

Les enquêteurs estiment qu’il y a anguille sous roche et s’interrogent sur le feu vert donné par le board de la MIC pour vendre exactement 21% des actions. « Pourquoi pas 20% ou 15%. Pourquoi le chiffre 21 % pour que Sun devienne le groupe majoritaire de l’hôtel ? », se demandent les enquêteurs. Ces derniers justifient un interrogatoire Under Warning car le Board de la MIC a sanctionné cette vente.

La Financial Crimes Commission souhaite savoir combien d’argent la MIC a obtenu en retour de ce Deal. Elle n’est en possession d’aucun chiffre confirmé. Sans compter que la société Verde Frontier, imposée suite à des directives venant d’en haut comme Transaction Advisor pour faire l’intermédiaire entre la MIC et le groupe Sun, aurait touché le pactole de quelque Rs 400 millions. C’est le couple Dirish et Venna Noonaran qui est à la tête de Verde Frontier, et la femme est un proche parent de l’ancien ministre des Finances, Renganaden Padayachy.

À ce sujet, c’est Jitendra Bissessur, ancien CEO de la MIC, qui pourrait être le Missing Link entre ces protagonistes. Son interrogatoire est donné comme une certitude au Réduit Triangle.

Par ailleurs, le sort des membres de la MIC est suspendu à des communications entre la FCC et le bureau du Directeur des Poursuites Publiques (DPP) sur la marche à suivre. Il y a quelques semaines, ces deux organismes ont eu une réunion de travail où ils ont promis une bonne collaboration sur des dossiers clés.

L’opération Savat Dodo – Saison II, avec en toile de fond les Rs 82 milliards de la Mauritius Investment Corporation Limited promet d’autres rebondissements…

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