Mikir Shah : « Maurice joue un rôle essentiel dans notre succès et notre croissance »

Société de réassurance spécialisée dans des solutions d’assurance et la gestion des risques sur les marchés spécialisés africains, Africa Specialty Risks (ASR) a participé à la réduction des risques d’environ $ 1,1 milliard pour des entreprises et des investissements à Maurice. Mikir Shah, fondateur et Chief Executive Officer (CEO) d’ASR, explique que le bureau local joue un rôle crucial dans les opérations du groupe et représente le pilier sur lequel il construit sa forte présence sur le marché africain. ASR a récemment lancé sa solution de captives.

- Publicité -

Quel bilan faites-vous depuis l’installation d’ASR à Maurice ?
Africa Specialty Risks a débuté ses opérations en février 2021 dans le but de combler le manque de capacité d’assurance en Afrique. Ce défi a été exacerbé par la pandémie, au cours de laquelle les assureurs mondiaux se sont concentrés sur les marchés établis. ASR a commencé ses opérations à l’île Maurice en mai 2021. Cette initiative a permis de consolider sa présence à Maurice en tant que réassureur agréé et capitalisé et en tant que Managing General Agent (MGA). Parallèlement, le réassureur d’ASR aux Bermudes s’est vu attribuer la note BBB+ par AM Best, ce qui constitue sa première notation de crédit.

En moins de trois ans, la société s’est transformée en une entreprise internationale, avec une équipe de 88 professionnels, dont 30 basés à Maurice. Le groupe a joué un rôle important dans la réduction des risques dans 49 pays d’Afrique et neuf pays du Moyen-Orient, en fournissant des couvertures d’atténuation des risques à travers ses neuf secteurs d’activité, notamment le risque politique, le crédit commercial, la construction, la violence politique et le terrorisme, les dommages aux biens et l’énergie.

L’île Maurice a joué un rôle essentiel dans notre succès et notre croissance, en servant de plaque tournante pour les opérations du groupe dans de nombreux pays africains et en fournissant une gamme complète de services comprenant la souscription, la gestion des risques et la conformité, l’analyse actuarielle, la finance et le développement des affaires. Cette approche est ancrée dans notre modèle d’entreprise qui met l’accent sur l’approfondissement des relations en Afrique et le maintien d’une présence locale active.

Résultat direct de cette stratégie, nous avons conclu plusieurs accords de partenariat importants. Les collaborations avec l’African Reinsurance Corporation, la Société Centrale de Réassurance, Ocean Re et l’obtention du statut de Coverholder de Lloyd’s ont considérablement augmenté la capacité de souscription en Afrique et élargi l’accès à des couvertures spécialisées de réduction des risques pour un plus grand nombre d’entreprises et d’investisseurs, répondant ainsi à un besoin critique du marché.

Dans quelle mesure l’émergence de nouveaux risques et de risques accrus depuis le Covid a changé la donne pour les réassureurs ? 
Nous pensons que le Covid-19 a eu un effet important sur le secteur de l’assurance. Il a entraîné une révision importante des libellés des contrats, avec un renforcement de la couverture pour les pertes d’exploitation sans dommages et la mise en place d’exclusions spécifiques pour les maladies dans le cadre de la couverture des biens.

Le Covid-19 a exigé une transition rapide vers le travail à distance en raison des confinements à l’échelle globale. Cela a créé de nouveaux risques, comme l’infrastructure informatique distribuée en dehors du centre de l’entreprise, où des mécanismes rigoureux d’atténuation des risques pouvaient être appliqués, vers des bureaux à domicile bénéficiant de protections modestes. Les employés travaillant à domicile étaient également plus exposés aux cyberattaques, surtout si l’infrastructure informatique n’était pas régulièrement mise à jour.

Outre la pandémie, le changement climatique continue de perturber les modèles de risque, avec une augmentation de la fréquence des grandes catastrophes naturelles, comme le cyclone Freddy qui a frappé le Mozambique au début de l’année, ainsi que les inondations en Libye et au KwaZulu Natal. Le phénomène climatique El Niño devrait entraîner une sécheresse dans certaines régions d’Afrique et des précipitations excessives dans d’autres. L’incertitude incite les souscripteurs à plus de prudence et à augmenter les coefficients de fluctuation afin d’évaluer le risque de manière appropriée.

La pénétration de l’assurance en Afrique est relativement faible, ce qui a donné l’impression qu’il n’y avait pas d’exposition aux catastrophes naturelles sur le continent. Nous constatons une augmentation de la fréquence des événements météorologiques ainsi que des événements sismiques tels que le tremblement de terre au Maroc et les volcans en

République démocratique du Congo.

Bien que les risques existent, l’impact sur le marché de l’assurance est modeste en raison des lacunes dans la pénétration de l’assurance. Cette situation exacerbe les effets d’une catastrophe car les assureurs ne sont pas là pour en atténuer les conséquences. Une situation qu’ASR s’efforce de remédier.

Vous avez lancé votre solution de captives de réassurance. Quels sont les avantages pour les entreprises de créer leur propre captive de réassurance à Maurice ?
L’île Maurice s’est développée pour devenir un centre financier international par excellence, et une porte d’entrée importante pour les investissements en Afrique. Bénéficiant d’un environnement propice aux affaires, elle offre une infrastructure solide de traités, d’accords de double imposition avec divers pays et un cadre juridique moderne, complété par une main-d’œuvre hautement qualifiée.

La Financial Services Commission accorde des licences aux professionnels du secteur de l’assurance qui exercent à Maurice. Cela inclut les compagnies de (ré)assurance, ainsi que les courtiers, les agents et les experts en réclamations. En outre, la juridiction fournit l’écosystème requis, en termes de suffisance des fonds propres, de solvabilité et de bonne gouvernance d’entreprise, pour permettre l’exploitation d’une captive à Maurice.
Ces éléments, combinés à un régime fiscal favorable et à l’absence de restrictions de change, font de l’île Maurice une plaque tournante émergente pour les captives. Cela souligne non seulement la croissance du secteur mauricien de la (ré)assurance, mais aussi son engagement à répondre aux divers besoins du continent africain, y compris la fourniture de solutions captives pour faire face aux risques émergents qui ne bénéficient pas d’une couverture adéquate ou dont le coût est prohibitif sur les marchés traditionnels de l’assurance.

Une captive de réassurance peut-elle assurer tous types de risques ?
Une structure captive peut couvrir un large éventail de risques auxquels une entreprise est confrontée. ASR est spécialisée dans les risques d’entreprise et les risques spécialisés, fournissant des solutions aux entreprises depuis la phase d’investissement initial jusqu’à la construction et l’exploitation. Nous disposons d’une vaste expérience en Afrique et d’une solide équipe de souscripteurs et d’actuaires qui nous permettent de développer des offres et des structures sur mesure dans nos neuf branches d’activité.

Y a-t-il des conditions spécifiques à respecter pour les entreprises souhaitant mettre en place une captive de réassurance ?
Lorsque les entreprises décident d’explorer des solutions captives, les critères pertinents qui seront généralement pris en compte comprennent le choix de la juridiction (capital et exigences réglementaires, solvabilité et régime fiscal), la facilité de mise en place de la captive et l’expertise du gestionnaire de la captive.

ASR, en tant que gestionnaire de captive, peut accompagner les entreprises intéressées par la création d’une captive en évaluant leur éligibilité par le biais d’une étude de faisabilité approfondie. Cette étude comprend une analyse de la structure de gestion des risques et du programme d’assurance existants de l’entreprise. En fin de compte, ASR permet à l’entreprise de prendre une décision éclairée et, si l’entreprise décide d’implémenter la solution captive, nous l’accompagnons tout au long du processus.

Il n’y a pas que des avantages à créer sa propre captive de réassurance. Cela nécessite des fonds et des coûts de gestion…

Comme toute autre initiative commerciale, la mise en place d’une captive nécessite du temps de gestion et les aptitudes et compétences requises pour la superviser. Cependant, une fois qu’une entreprise décide d’implémenter la solution captive, cela lui permet de réduire les risques de ses opérations de manière plus efficace et rentable. Elle peut également accélérer l’accès à des capacités d’assurance supplémentaires, améliorant ainsi la vitesse d’exécution des projets ou en offrant la possibilité d’accéder à une gamme complète de couvertures d’assurance au niveau adéquat requis pour une entreprise.
Grâce à son véritable modèle de partenariat et à sa solution intégrale, ASR peut établir, gérer et administrer la captive, tout en permettant aux entreprises de se concentrer sur leurs activités principales. ASR se distingue aussi grâce à sa possibilité d’offrir sa propre capacité de souscription et de partager les risques avec le propriétaire de la captive.

 

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -