Le Chief Police Medical Officer, le Dr Sudesh Kumar Gungadin, qui avait pratiqué l’autopsie de Pravin Kanakiah, a affirmé en Cour de Souillac que la thèse de Foul Play ne pouvait être écartée de cette affaire. De son côté, le beau-frère de Pravin Kanakiah a expliqué que ce dernier avait reçu un appel qui l’avait grandement angoissé la veille de cet événement dramatique.
Me Damodar Bissessur, le représentant du Directeur des Poursuites Publiques (DPP), a procédé à l’interrogatoire du Dr Sudesh Kumar Gungadin. Il avait fait état de ses conclusions dans un rapport en date du 15 janvier 2021. Il avait attribué la cause du décès à une traumatic subarachnoid hemorrhage, c’est-à-dire une hémorragie et un œdème du cerveau, dû à un mouvement violent de cet organe dans la cavité craniale. Toutefois, aucune fracture du crâne n’a été relevée. Il a décrit les blessures de Pravin Kanakiah à la tête comme suit : une lacération de 3 cm sur la peau du crâne et deux autres lacérations de 3 cm sur le côté gauche de la tête.
Me Bissessur (DB) : Quelles sont les causes de ces blessures ?
Dr Gungadin (SG) : Il y a deux possibilités. Premièrement, la tête de défunt a pu heurter une surface dure, par exemple lors d’une chute. Deuxièmement, un impact contondant (Blunt Force) a pu être exercé sur sa tête, à divers endroits. Dans les deux cas, cela a provoqué cette hémorragie et causé sa mort.
DB : En ce qui concerne la possibilité d’une force contondante que vous évoquez, y a-t-il pu avoir l’utilisation d’un objet dur ?
SG : Cet impact contondant a pu être causé par un objet dur, ou encore par des coups de poing ou de pied.
DB : Vous avez fait état de 16 blessures sur tout le corps. Ces blessures ont-elles été causées avant ou après la mort ?
SG : Certaines de ses blessures ont été causées avant la mort, certaines proches du moment de la mort et d’autres encore, après la mort. Le défunt a été repêché près d’une falaise. Les blessures post mortem, dont des abrasions sur plusieurs endroits du corps, ont été causées par l’abrasion du corps avec la paroi rugueuse de la falaise.
Le médecin légiste s’est ensuite étendu sur les blessures Ante-Mortem, c’est-à-dire causées avant la mort. Outre les blessures à la tête déjà mentionnées, il y avait aussi des bleus et des abrasions sur la poitrine et le bras gauche.
DB : Y avait-il eu fracture des bras ou de jambes ?
SG : Non.
DB : Quand le corps de Pravin Kanakiah a heurté la surface de l’eau, était-il vivant ou mort ?
SG : Vu les blessures à la tête, je dirais qu’il est plus probable qu’il était mort avant que l’eau n’ait pu s’infiltrer dans ses voies respiratoires et ses poumons. Cela veut dire que ce n’est pas un cas de noyade. Ce sont les blessures à sa tête qui ont causé sa mort.
DB : En d’autres mots, il était déjà mort quand son corps avait heurté l’eau.
SG : Oui.
DB : Vous êtes d’accord qu’un impact contondant contre sa tête est plus plausible que le cognement de sa tête contre quelque chose ?
SG : Oui, mais on ne peut totalement exclure la possibilité que c’est sa tête qui ait heurté quelque chose.
DB : Mais si Pravin Kanakiah est tombé de la falaise et heurté la paroi de celle-ci, son corps n’aurait-il pas subi de fractures ou de bras ou de jambes brisées ?
SG : Cela dépend de plusieurs facteurs, dont la hauteur de la chute, la nature de la paroi, la dureté de l’impact, le type d’impact, le poids du corps et des vêtements qu’il portait, entre autres. Il n’y a pas eu de fracture, mais d’hémorragie du cerveau.
DB : En ce qui concerne la possibilité d’un impact contondant, est-il possible que Pravin Kanakiah ait été agressé à la tête par un objet dur ?
SG : Les enquêteurs sont plus aptes pour expliquer cela.
DB : Vous êtes d’accord que Pravin Kanakiah n’ait pu infliger ses blessures lui-même…
SG : Il ne s’agit pas de Self-Inflicted Injuries.
DB : Est-il correct de dire qu’on ne peut écarter la thèse de Foul Play ?
SG : À mon avis, on ne peut écarter la thèse de Foul Play.
Le médecin-légiste a aussi indiqué qu’une contre-autopsie avait été effectuée par le Dr Satish Boolell le 12 décembre 2020 en sa présence, et que le Dr Boolell a été d’accord avec ses conclusions. Il a été ensuite interrogé par la magistrate Ameerah Dhunnoo, qui préside cette enquête judiciaire.
Magistrate : Est-il correct de dire que toutes les blessures ont été causées à la partie avant et supérieure du corps ?
SG : Yes, you can say that.
Magistrate : En conjonction avec les informations existantes, il y a deux possibilités : soit Pravin Kanakiah a chuté de la falaise, soit d’autres personnes sont impliquées ?
SG : Les deux possibilités sont envisageables.
Un appel angoissant
Le beau-frère de Pravin Kanakiah, Uttam Appaddo, a ensuite été appelé à la barre. Il a indiqué que lui-même et sa sœur Reshmee, qui a déjà déposé en Cour dans le cadre de cette enquête judiciaire, ont consigné plusieurs Statements à la police, dont au poste de police de Souillac. Ces Statements lui avaient été lus par les policiers avant d’apposer sa signature. Le témoin a catégoriquement nié que lui-même et sa sœur avaient mentionné à la police qu’ils privilégiaient la thèse de suicide, comme écrit dans ses Statements.
Par ailleurs, il a fait état que la veille de la mort de Pravin Kanakiah, soit le 9 décembre 2020, ce dernier avait reçu un appel téléphonique vers 18 h, qui a duré plus de huit minutes, appel qu’il a pris hors de la présence des autres membres de sa famille. Un appel qui semble l’avoir hautement angoissé, selon le témoin.
La magistrate Dhunnoo a alors mis fin à la séance. La prochaine audience a été fixée au 21 mars, date à laquelle le Dr Boolell sera auditionné en Cour.