Melanie Pérès (écrivaine) : « Jusqu’à mon dernier souffle… »

Vous avez participé tout récemment à Tamarin au projet “Kouler Moris”. Était-ce une expérience unique pour vous ?

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Il m’est déjà arrivé de faire des fresques, mais c’est la première fois qu’un de mes textes est repris de la sorte. Voir le texte prendre vie en musique, en peinture, et de surcroît être animé, est fort intéressant. De plus, collaborer avec des artistes de qualité tels que Dévid, Rafiki et Julien Quirin a été très enrichissant.

Dans quelle mesure cela vous a permis de découvrir et de tisser des liens avec les villageois ?

En revenant de La-Réunion après mes études, les fresques prenaient forme sur les murs des villageois. J’ai pu passer du temps avec eux, à peindre leurs murs, à converser. Ils m’ont raconté quelques anecdotes d’antan, entre autres. Ce qui m’a le plus frappée, ce sont les expressions idiomatiques de Tamarin. « Prendre un seke », « Fouaquer une vague », il faut y être pour en comprendre l’essence.

Si vous aviez à décrire le village de Tamarin…

Bercé entre la montagne et la baie, Tamarin est un havre de paix, où l’essence de l’interculturalité mauricienne cohabite.

Dans quel coin trouvez-vous vos racines ?

De La-Gaulette à La-Preneuse… Puis, de Cité-Vuillemin à Beau-Bassin.

Qu’est-ce qui a le plus marqué votre enfance dans ce village où nombre de Mauriciens viennent prendre l’apéritif pour admirer les couleurs du ciel ?

Enfant, il n’était pas question de pique-nique à la plage. Nous passions notre temps à épier mon grand-père pour optimiser nos chances de faire un tour en bateau pour le tek-tek en vue d’un bouillon.

Le village de Tamarin s’est bâti une solide réputation grâce à ses salines. Auparavant, dès l’aube on pouvait observer les saunières avec des gants et des bottes en train de brosser le sel et former de petites pyramides. Depuis décembre 2015, ce ne sont plus que des bassins vides. Quels souvenirs gardez-vous encore de cette époque ?

Aucun, personnellement. Les salines étaient synonymes de départ pour Beau-Bassin. Quand le bus passait devant les salines au coucher du soleil, nous savions que nous retournions à la dure réalité de la ville.

La baie de Tamarin est également réputée pour rassembler une grande concentration de dauphins. Plusieurs opérateurs emmènent leurs clients au plus près de ces animaux à bord de leurs bateaux. N’est-il pas temps de dénoncer cette manière de faire ?

C’est ainsi que bon nombre de mes oncles gagnent leur vie. Je ne dirai pas dénoncer, mais mieux réglementer.

Tamarin, petit village devenu station balnéaire et touristique, réputé pour son authenticité, gardera-t-il pour longtemps cette vue splendide avec les développements en cours sur la montagne La-Tourelle ?

L’avenir nous le dira.

L’art de Melanie Pérès rayonne à Maurice comme à La Réunion à travers une multitude de créations qui portent sa signature. Jusqu’où irez-vous ?

Là où je pousserai mon dernier souffle.

Vous comptez un roman primé par la Creole Speaking Union (CSU) en 2016. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Après avoir été primé, le roman a été édité une première fois par la CSU, puis par Les Éditions Krike Krake. Nous en avons fait une comédie musicale en 2022 et avons vu naître la traduction française grâce à l’Atelier des Nomades et Lisa Ducasse.

Vous avez aussi remporté le prix Dev-Virahsawmy ?

C’était en décembre 2022, dans le cadre du Koktel Fonnker organisé par l’agence Komkifo de l’île de La-Réunion. J’ai remporté le Pri Koudker Dev-Virahsawmy aux côtés de Stelio Pierre-Louis.

Est prévue cette année la sortie de votre deuxième roman, « Bouke Fler Kann ». Qu’est-ce qu’il raconte au juste ?

Bouke Fler Kann est un roman d’époque avec une teinte épistolaire. C’est une histoire de famille qui se passe au beau milieu d’un champ de canne, au cœur même de l’île, dans le village de Moka ; au temps où maîtres et domestiques n’avaient pour seule responsabilité que de tenir leur rang.

Propos recueillis par Jocelyn Rose

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