Kavinien Karupudayyan
“Il faut apprendre parfaitement ce que l’on doit apprendre; l’ayant appris, il faut s’y conformer” Kural 391
Originellement écrits sur des feuilles de palmier par le Saint Poète Thiruvalluvar plus de 2000 ans de cela, les versets du Thirukkural ont traversé les époques, passant à la feuille papier – dans les livres, revues et magazines, sur les murs des écoles, sur les réseaux sociaux et ont même une application développée grâce à l’intelligence artificielle (thirukkural.ai). Ces versets – au nombre de 1330 divisés en trois chapitres – continuent à alimenter des essais critiques, des conférences et des traductions dans d’autres langues. En fait, il y a un verset du Thirukkural pour chaque moment, chaque émotion.
Le Thiruvalluvar Day est commémoré le 16 janvier chaque année en Inde depuis mai 1935 après une résolution de Kali Sivakannuswami Pillai et Padmashri Suppayya, et de façon plus élaborée à compter de 1954. À l’île Maurice, ce jour dédié au grand saint poète
Thiruvalluvar a été célébré pour la première fois en 1946 à l’initiative de Soopaya Moodaliar. Au fil des années, on voit que la mémoire de Thiruvalluvar est saluée par le biais de cérémonies de guirlandes, des concours de récitation des versets du Thirukkural, et de compétitions sur l’écriture des essais autour de son œuvre. Tout cela est bien et permet aux jeunes d’aller à la découverte du Saint Poète. Mais force est de constater que les versets sont appris par cœur et non pas vraiment mis en œuvre. C’est pour cela que l’initiative de Nanda Narrainen, président du Shri Vinayagar Seedalamen Korvil, à Beau-Vallon, d’organiser un évènement en juillet 2024, intitulé Living the Thirukkural, est salutaire à plusieurs titres. Le programme consistait à demander à des équipes composées de jeunes écoliers et collégiens en leur proposant deux ou trois versets du Thirrukural qu’ils devaient mettre en pratique dans leur vie quotidienne sous l’égide d’un mentor ; et de déterminer comment l’apprentissage de ces versets allait les influencer positivement dans leur vécu. Les nombreux cas de violence verbale et physique qui ont lieu dans les écoles nous ont poussés à choisir les deux versets suivants:
« Dire des choses désagréables quand il est possible de dire des choses agréables, c’est comme si l’on consommait des fruits verts alors qu’on a des fruits mûrs à sa portée ». (Kural 100)
« La plaie résultant d’une brûlure par le feu s’efface de la pensée; la plaie résultant d’une brûlure par la langue ne s’efface point. » (Kural 129)
Les versets du Thirukkural en dépit de leur brièveté en Tamoul sont emplis de sens et sujets à de multiples interprétations. Autre fait intéressant : ces versets peuvent être lus en binôme.
Le témoignage suivant est celui de Kezhilen Cunthen après avoir médité sur l’essence des deux versets susmentionnés tout en essayant de l’appliquer dans son quotidien:
Le Thiroukkoural m’a appris beaucoup de choses et a influencé mon langage vis-à-vis de mes proches, enseignants et amis. En voici un exemple concret: Ma sœur et moi, nous nous bagarrions souvent et ce, pour des raisons banales ; des fois, cela donnait lieu à des échanges de propos les uns plus durs que les autres de la part de chacun d’entre nous. Les deux Thiroukkoural m’ont permis de changer ma manière de m’exprimer. Lorsque ma sœur m’agace ces jours-ci, j’ai tendance à lui parler d’une manière plus posée au lieu de la traiter de tous les noms. Je suis conscient que j’ai toujours un choix à faire entre de bons mots pour apaiser la situation et des mots durs pour l’envenimer, comme lors d’une dispute. Je souhaite que le Thirroukoural éclaire la voie de ses lecteurs en apportant un changement positif dans leurs vies.
Référence: Tiroukkoural, Traduit du Tamoul par Mootoocomaren Sangeelee, EOI, 1988