L’attention en ce début d’année est braquée sur l’éducation tertiaire dans les institutions publiques, qui sera gratuite à la rentrée universitaire de 2019, en août prochain. Cette mesure phare a sauvé le message annuel adressé par le Premier ministre à la nation, qui aurait autrement été un discours banal.
Le Premier ministre est revenu sur les projets d’infrastructures majeurs initiés, qui sont somme toute importants pour le pays mais qui ont été mentionnés à maintes reprises à chaque sortie de Pravind Jugnauth : la première phase du projet Metro Express sera ainsi opérationnelle cette année et la deuxième le sera en 2020-2021; les constructions de drains, de ponts et de routes; la construction des centres hospitaliers, etc. Il est également question des allocations accordées aux bénéficiaires de pensions, dont les personnes âgées, ainsi que de la construction de 12 000 logements sociaux. Concernant les fonctionnaires, le Premier ministre a fait comprendre que la réforme salariale dans la fonction publique pourrait intervenir avant 2021. Aucune mention n’a en revanche été faite concernant le mandat électoral de l’actuel gouvernement, qui prend fin en décembre. Au niveau économique, le Premier ministre brosse un tableau idyllique de la situation nationale alors que les dernières statistiques indiquent que tout n’est pas aussi rose qu’on l’aurait souhaité, que nous vivons au-dessus de nos moyens, que nous sommes endettés jusqu’au cou et qu’il faut relancer la production à tous les niveaux. Sans compter que la situation économique internationale n’est pas particulièrement réjouissante.
La croissance économique mondiale s’achemine vers un ralentissement en raison d’une baisse des activités industrielles aux Etats-Unis, en Europe et en Chine. L’incertitude plane en outre en ce qui concerne la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine tandis que le géant américain Apple a revu à la baisse ses résultats trimestriels en raison du ralentissement de la croissance chinoise, ce qui n’est pas sans effets sur les marchés boursiers internationaux. Le Premier ministre n’a pas cru bon d’alerter la population non plus concernant les conséquences du Brexit sur les exportations et, éventuellement, sur l’industrie touristique, ni même sur la situation dans le secteur financier, qui devrait connaître des moments difficiles cette année. Pour lui, tout va très bien dans le meilleur des mondes.
Le seul élément positif de son message est l’éducation tertiaire. Pour beaucoup de Mauriciens, cette mesure est annonciatrice des prochaines élections générales. Dans les milieux gouvernementaux, on s’empresse de faire comprendre que, contrairement aux apparences, cette annonce a fait l’objet d’une longue préparation et que toutes les dispositions ont déjà été prises pour que sa mise en œuvre se fasse dans les meilleures conditions. Les sources de financement auraient déjà été trouvées pour les principales universités publiques, dont l’UoM, l’UTM, l’Université des Mascareignes et les autres. Comme l’a affirmé Surendra Bissoondoyal, espérons que les institutions polytechniques spécialisées dans la formation technique ne soient pas oubliées. Prenant en compte l’importance qu’accorde chaque famille mauricienne à l’éducation, de son importance pour l’avenir de la jeunesse du pays et pour la mobilité sociale, il est du devoir du Premier ministre et du ministre de l’Education de venir de l’avant le plus vite possible afin de donner tous les renseignements nécessaires concernant les dispositions qui seront prises, les conditions d’admissions dans les universités, la disponibilité des infrastructures nécessaires pour accueillir tous ceux qui souhaiteront entreprendre des études supérieures, sur la présence du personnel enseignant nécessaire pour relever ce défi, sur les filières vers lesquelles les étudiants seront orientés et dans lesquelles ils seront assurés de trouver un emploi, et sur les mesures qui seront prises pour s’assurer que les formations octroyées seront de niveau international.
Jean Marc Poché