Le come-back de Navin Ramgoolam

Avec la cérémonie de prestation de serment prévue à Réduit aujourd’hui, Navin Ramgoolam manque un retour retentissant à la tête du pays. Il sera Premier ministre pour la troisième fois, après 1995 et 2005 à 2014.
Après sa défaite aux élections générales de 2014 à la suite d’erreurs successives, dont la proposition d’occuper le poste de président de la République avec cinq ans d’immunité, on le voyait difficilement revenir au pouvoir. À la suite de son arrestation, les poursuites intentées contre lui ainsi que la saisie de son passeport – qui fait qu’il n’avait pas été en mesure de quitter le pays depuis 2014 – l’avaient accablé. Son retour à la tête de son parti et comme Premier ministre était donné comme impossible en raison de ses coffres et l’autre accusation portée contre lui.
Sa tentative de revenir au Parlement, en fuyant la circonscription de Pamplemousses/Triolet (No 5) pour se présenter dans la circonscription de Montagne-Blanche/Grande-Rivière Sud-Ouest (No 10) s’était terminée sur un échec complet. Il chutait pour la troisième fois. Une remarque contre sir Anerood Jugnauth faite à Plaine-Verte avait fait sonner son glas politique. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, il a été contaminé par le virus du Covid-19 en 2021. Ce qui l’avait affaibli pendant de longs mois.
Cette fois, même à l’intérieur de son parti, la course à sa succession était lancée. Les tractations allaient bon train, aussi bien au sein du Parlement qu’à l’extérieur. Beaucoup étaient d’avis que la relance du Ptr se ferait sans Navin Ramgoolam.
Mais avec la situation au sein du Parlement, où le Speaker battait en brèche la démocratie parlementaire avec l’expulsion des figures de proue de l’opposition, le rapprochement entre les partis de l’opposition s’est réalisé naturellement, avec dans un premier temps Arvin Boolell comme leader, avant que ce dernier ne cède sa place à Xavier-Luc Duval à la suite d’un rapprochement entre le MMM et le PMSD. En dehors du Parlement, tout le monde était convaincu que la relance de l’opposition et du Ptr ne pourrait réussir qu’en l’absence de Navin Ramgoolam. Graduellement, l’Alliance de l’Espoir, sans le Ptr, a évolué. Navin Ramgoolam et ses proches ont continué de faire de la résistance. Petit à petit, l’idée d’une alliance entre le Ptr, le MMM et le PMSD, avec le Ptr comme locomotive, a fait son chemin. Nando Bodha, qui faisait alors partie de la coalition, a ensuite choisi de faire son chemin à part.
Finalement, Navin Ramgoolam s’est imposé comme leader d’une alliance Ptr-MMM-PMSD, qui a commencé à gagner du terrain auprès du public. Mais un désaccord cette année avec le PMSD a vu le départ de Xavier-Luc Duval, alors qu’une faction de son parti, ayant pris le nom des Nouveaux Démocrates, a préféré rester avec la plateforme de l’opposition, et à laquelle s’est joint à la dernière minute ReA. Après la dissolution du Parlement, les Missie Moustass Leaks sont apparus et ont contribué à consolider la position de l’alliance de l’opposition, qui était déjà bien ancrée dans la population. On connaît la suite.
Nous assistons donc à un come-back, non seulement de Navin Ramgoolam, mais également de Paul Bérenger au gouvernement. Leur élection, ce dimanche, a été marquée par une manifestation éclatante de l’unité nationale dans le pays. La balle est désormais dans leur camp. Il leur revient d’être à la hauteur de la situation et des nombreuses promesses qu’ils ont formulées.

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