La sagesse des électeurs

Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, assistera aujourd’hui à la prestation de serment de Narendra Modi comme Premier ministre de la République de l’Inde pour la 2e fois après celle de 2019. En invitant les représentants des pays de la région, dont le chef du gouvernement mauricien, Narendra Modi démontre l’importance que son gouvernement continuera à accorder à la politique régionale et dans l’océan Indien, et indique par la même occasion son intention de continuer de donner de l’importance au partenariat avec les pays de la région, comme cela avait été le cas durant sa présidence du G20.

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Le séjour du Premier ministre dans la capitale indienne sera bref, et on ne sait s’il aura l’occasion d’évoquer avec les autorités indiennes les appréhensions de Maurice concernant la conclusion d’un accord sur l’amendement du Traité de non double imposition avec l’Inde (DTAT). Mauritius Finance ainsi que l’opposition PTr-MMM-ND ont déjà exprimé leur opinion à ce sujet, et ont demandé au gouvernement de ne pas ratifier cet accord pour le moment.

Avec sa nouvelle élection à la tête de la Grande péninsule, Narendra Modi entre, à l’âge de 73 ans, dans l’histoire comme étant le deuxième Premier ministre à être reconduit au pouvoir pour la troisième fois après Jawaharlal Nehru, même si des observateurs considèrent que cette nouvelle victoire n’a pas été le triomphe électoral qu’il attendait.

Avec 240 sièges sur 543 pour le BJP au Lok Sabha, il n’a pas obtenu la majorité absolue qu’il souhaitait et a dû conclure une coalition avec deux petits partis, à savoir le Janata Dal et le Telegu Desam Party, pour contrôler une majorité de sièges parlementaires. L’objectif de la nouvelle majorité est la création d’une « nouvelle Inde » et le développement du pays pour en faire une des trois principales économies du monde.
La performance de l’opposition indienne, dirigée par Rahul Gandhi, a cependant retenu l’attention internationale. Ce parti a en effet doublé la performance réalisée en 2019 en obtenant 99 sièges. Les partisans de la démocratie et de la laïcité ainsi que les minorités ont poussé un ouf de soulagement en constatant que le BJP n’a pas obtenu une majorité de deux tiers, qui lui aurait permis d’amender la Constitution, garantissant ainsi un Secular State dans le pays.

Le respect de la Constitution et la démocratie ont été des éléments forts dans la campagne électorale des partis de l’opposition.
L’autre élection – et pas des moindres – qui a retenu notre attention a été celle organisée en Afrique du Sud la semaine dernière. Pour la première fois depuis la fin de l’apartheid, il y a 33 ans, l’African National Congress (ANC) a obtenu moins de 50% des suffrages, soit 40%. Le président sortant, Cyril Ramaphosa, continue de redoubler d’effort en vue soit de former un gouvernement d’unité nationale ou une coalition afin de diriger le pays. Pour beaucoup d’observateurs, ce résultat constitue une sanction contre le niveau de corruption dans ce pays et des problèmes au niveau de la gouvernance. L’élection a été en vérité une surprise. On raconte que beaucoup de partisans de l’ANC ont voté dans le silence contre leur parti tant ils étaient exaspérés de la situation générale du pays, qui connaît un taux de chômage élevé et un grave problème de sécurité.

La troisième élection qui a marqué l’histoire ces derniers jours aura été la présidentielle mexicaine. La candidate de gauche Claudia Sheinhaum, ancienne maire de Mexico, est en effet devenue la première femme à être élue présidente dans ce pays, avec pas moins de 59,76% des suffrages. Il sera intéressant de suivre l’évolution dans ce pays, qui connaît beaucoup de problèmes d’ordre économique et social.

Alors que Maurice s’achemine, elle aussi, vers les élections, il n’est pas inopportun de tirer des leçons sur ces scrutins où, notamment dans les cas de l’Afrique du Sud et de l’Inde, l’électorat silencieux aura finalement fait la différence. Ce faisant, les électeurs ont en effet lancé à leur façon une mise en garde contre les tentations totalitaires et autocratiques, la corruption et la violation de la Constitution, pour ne citer que ces seuls exemples. La sagesse des électeurs aura pris le dessus sur toutes autres considérations.

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