Komie siklonn pou vini, serr nou lerin nou marse…

Navin Ramgoolam et ses 59 élus doivent s’en mordre les doigts ! Aucun d’entre eux n’est novice au point de penser que Pravind Jugnauth bluffait quand, dégainant plus vite que son ombre lorsqu’il s’agit de fric, promettait un 14e mois. Ramgoolam, Bérenger, Subron et toutes ces personnes sensées, en vieux routiers de la politique, se doutaient bien que Jugnauth et ses complices, qui ont mis le pays à sec, n’allaient pas leur faire de fleurs. Mais les dirigeants de l’Alliance du Changement ne pouvaient que suivre la tendance, car refuser de prendre ce train, dans ce contexte électoral précis, aurait joué énormément en leur défaveur.
Nul ne pouvait prévoir que la déferlante de Missie Moustass Leaks serait le principal “game changer”. D’ailleurs, les circonstances auraient pu être toutes autres sans ces révélations révoltantes, et sans l’idée saugrenue de Jugnauth fils, pris de panique, de vouloir sucrer l’Internet aux Mauriciens. Ramgoolam et ses soldats n’avaient d’autre choix que de promettre eux aussi le mirobolant 14e mois… Et voilà le résultat !
Caisses publiques défoncées. Tiroirs à sec. Réserves dilapidées. Ces mauvaises pratiques ont été déplorées par Rama Sithanen, fin connaisseur et à qui on ne la fait pas. Et devant une telle catastrophe inédite, Ramgoolam et les siens sont acculés, pris pour cible par ceux qui sont trop impatients pour comprendre qu’il faut du temps et des sacrifices pour que notre économie reprenne des couleurs. Les promesses électorales, ce n’est pas un secret de polichinelle, peuvent causer un sérieux tort autant aux électeurs qu’aux élus. Dans le cas actuel, Pravind Jugnauth doit bien se marrer pendant que ceux qui l’ont botté hors du pouvoir – et de quelle manière ! – se retrouvent dans la panade !
L’on comprend les récriminations de ceux, surtout les plus démunis, qui bataillent rudement pour joindre les deux bouts. Ceux pour qui chaque jour est un parcours du combattant pour garder la tête hors de l’eau. Ces mères et ces pères qui triment comme de beaux diables pour subvenir aux besoins des leurs, s’assurer que leurs enfants ont au moins quelque chose dans leurs assiettes pour ne pas aller dormir le ventre vide.
Mais il y a aussi ceux qui sont les “well off”. Ceux dont les salaires pointent plusieurs zéros. Alors une réflexion : est-ce que ce beau monde ne pourrait pas prendre l’initiative et donner l’exemple ? Proposer de redistribuer ce qu’ils devraient toucher aux nécessiteux ou organisations charitables venant en aide à ceux qui peinent à trouver le “sime lalimier”, malgré tous leurs sacrifices ? Est-ce rêver que d’aspirer à une société où la distribution de la richesse se ferait de manière équitable et sensée ?
Dans la même veine, est-ce que nos élus, les fraîchement nominés sur des boards et dans des postes stratégiques, pour ne citer qu’eux, ne pourraient pas leur emboîter le pas ? Connaissant le contexte économique et financier désastreux légué par le précédent régime plus avide à “fann kass” qu’à investir et engendrer des profits sur tous les plans, est-ce qu’un effort collectif, venant de toutes les échelles de notre société, ne serait pas une preuve on ne peut plus flagrante que citoyens et dirigeants ont compris la leçon et que nous voulons, tous ensemble, construire notre avenir sur des bases solides et concrètes ? Est-ce utopique ou carrément naïf d’être mus par des idéaux et des valeurs, des convictions et de gestes généreux, inconditionnels et sans autre attente que d’aider ?
Ces réactions spontanées sont attendues évidemment spécifiquement dans le contexte actuel très difficile. Nous préférons penser qu’en chef de gouvernement avisé, mûr et rodé, Navin Ramgoolam trouvera le moyen de résoudre l’épineux problème de cette promesse électorale à double tranchant. Et qu’il saura, en temps et lieu, quand la situation s’y prêtera, retourner l’ascenseur à ceux qui le méritent. Ne sont-ce pas là des bases solides d’une île Maurice qui aura rompu avec les mauvaises pratiques, et qui s’inscrit dans une nouvelle ère où méritocratie, justice, respect et solidarité seront nos principaux moteurs vers un avenir harmonieux et empreint d’un réel mauricianisme ?

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Husna Ramjanally

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