Journée traumatisante

Il faudra encore beaucoup de temps à tous ceux piégés à Port-Louis et ailleurs par le cataclysme ayant secoué le pays durant la journée du 15 janvier pour qu’ils soient remis du choc vécu. Ce sera encore plus difficile pour ceux ayant perdu leurs proches dans des situations dramatiques. Une aide psychologique est importante à tous ceux qui le souhaitent, ayant été tétanisés par la peur dans leur voiture et impuissants devant la montée des eaux.

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Il est difficile de trouver les mots pour décrire la situation qu’ils ont vécue. Certains ne cachent pas le sentiment d’avoir vu la mort en face. Le père Georgy Kenny en sait quelque chose. Il suffit de voir les vidéos diffusées par les médias locaux et celles postées sur les réseaux sociaux par les témoins oculaires pour avoir froid au dos. Ces images ont fait le tour du monde projetant une image autre que celle paradisiaque de notre île. Nous pensons notamment à ce motocycliste, projeté et emporté par le courant, cette dame accrochée à sa voiture qui flotte sur les eaux et à qui les passants crient conseils et encouragements. Il y a aussi cette chaîne humaine pour secourir une dame bloquée dans sa voiture. Des scènes de voitures entassées les unes sur les autres qu’on a vues à la télévision ou dans des films hollywoodiens ou bollywoodiens se sont déroulées en direct devant nos yeux effarés.

Et dire que toutes ces personnes étaient à Port-Louis pour accomplir leur devoir professionnel après avoir suivi les bulletins météorologiques. La majorité s’y est rendue pour ne pas perdre bêtement un jour de congé, qui pouvait tout aussi bien se profiler. Ils ne pouvaient imaginer qu’à la fermeture des bureaux à 12h30 – décidée en catastrophe une heure auparavant devant la dégradation de la situation climatique –, ils se seraient retrouvés face à une situation apocalyptique, avec leurs voitures emportées par les eaux.

Qui est responsable de ce chaos? Les médias internationaux pointent du doigt les autorités gouvernementales qui n’ont pas pris au sérieux le danger que représentait Belal – le gouvernement dont le Premier ministre tombe à bras raccourci sur le directeur des services météorologiques qu’il accuse d’avoir donné des informations inexactes à la NEOC présidée par le VPM et ministre Anwar Husnoo. L’opposition considère qu’il y a eu une négligence criminelle de la part du gouvernement et s’en prend directement au Premier ministre dont elle réclame le départ.

Le fait est que le directeur des services météorologiques a perdu depuis 2019 ses pouvoirs et son autonomie puisqu’il opère sous la supervision d’un officier qui reçoit des instructions générales du ministre de tutelle – qui détient en fin de compte tous les pouvoirs.

La voix du directeur de Metservice malgré son expertise n’en est qu’une parmi tant d’autres au sein de la NEOC. D’où la décision de savoir où est la responsabilité collective. Qui est le directeur qui, à partir de maintenant, prendra le risque de donner un, avis d’expert à la NEOC en risquant sa peau même s’il ne fait que suivre le protocole existant? Le président de la NEOC aura désormais à assumer seul ses responsabilités. On s’étonne d’ailleurs que personne au sein du NEOC n’ait proposé de consulter Météo France Réunion avec qui la météo locale a des accords de coopération, soit bilatérale soit à travers la COI, qui crée des instances comme hydronet ou le South West Indian Ocean Climate Outlook Forum (SWIOCOF). On aurait au moins pris la mesure de la menace que représentait Belal en termes de pluie.

Acculé par l’erreur commise – le Premier ministre ayant sa « tristesse et colère » dans ce contexte – le gouvernement a introduit une série de mesures pour venir en aide aux victimes du cyclone dont une large partie des fonctionnaires. Cette mesure palliative est la bienvenue.

Cela ne résout pas le problème fondamental à savoir l’incompétence qui caractérise et qui mine certains secteurs clés du pays et la nécessité de prendre au sérieux les effets de la crise climatique.

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