Jack Bismohun (Union Sociale Mauriciens) :« La population veut une alternance composée de vrais patriotes »

L’Union sociale Mauriciens (USM) a présenté récemment son agenda politique. Pour Jack Bismohun, Acting Leader du parti, il ne s’agit pas d’un manifeste électoral. « Nous continuons à travailler sur notre manifeste électoral qui met l’accent sur l’éducation, la santé, le sport, l’environnement et l’énergie durable. Nous le présenterons dans les mois à venir », dit-il.
L’USM a choisi de présenter son agenda maintenant parce qu’à maintenant, tous les partis traditionnels font la distribution de leur manifeste électoral à quelques jours des élections « par peur de se faire copier par les adversaires comme excuse ». Ce qui ne donne pas l’occasion aux électeurs de les lire et de poser des questions. L’USM, en contraste avec les partis traditionnels, a opté de rendre public son agenda et de se laisser confronter sur ses propositions, souligne Jack Bismohun. Pour lui, la population est à la recherche actuellement d’une alternance composée de vrais patriotes.

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Pourquoi votre parti vient-il de présenter son manifeste électoral ?

Ce que nous avons présenté est notre agenda politique et pas notre manifeste électoral qui contient les changements et réformes constitutionnels et institutionnels pour faire revivre notre démocratie qui, à présent, est sérieusement bafouée, à commencer par notre temple de la démocratie qu’est notre Parlement. Il nous faut éliminer le népotisme, le favoritisme, la corruption et le fraude qui ont fait reculer notre pays, de gouvernement en gouvernement.

Notre agenda politique est axé sur deux priorités : la réforme constitutionnelle/institutionnelle comme je viens de le mentionner et la réforme de notre système électoral pour des Free and Fair Democratic Elections en passant par un comité national qui sera mis en place pour conseiller et faire des propositions. Pour faire fonctionner la méritocratie et assurer que dorénavant nos institutions fonctionnent correctement et apportent de la valeur ajoutée au pays et à la population, nous avons proposé la mise sur pied d’un comité parlementaire pour les recrutements et les nominations. Nous continuons à travailler sur notre manifeste électoral qui met l’accent sur l’éducation, la santé, le sport, l’environnement et l’énergie durable, que nous présenterons dans les mois à venir.

Et pour répondre à pourquoi maintenant, c’est parce qu’à ce jour, tous les partis traditionnels font la distribution de leur manifeste électoral à quelques jours des élections par peur de se faire copier par les adversaires comme excuse, ce qui ne donne pas l’occasion aux électeurs de les lire et de poser des questions. L’USM, en contraste avec les partis traditionnels, a opté de rendre publiques ses propositions et aussi de se laisser questionner par le public et les journalistes.

Pourquoi, selon vous, la population devrait voter pour votre parti au lieu de faire confiance aux partis traditionnels ?

Usure du pouvoir, manque d’idées et de vision, incompétence, mauvaise performance économique, émigration de nos jeunes, dégradation de nos institutions, manque de confiance, pour résumer. La population est en attente d’une vraie alternance composée de vrais patriotes, qui sont crédibles, compétents et visionnaires mais qui ont avant tout à cœur l’intérêt du pays et la population. C’est cela que représente l’USM.
Il y a, d’après le dernier sondage, 55% d’électeurs indécis et l2,3% d’abstentions dans les élections précédentes, ce qui accentuera le fossé entre le bloc du gouvernement et celui de l’opposition parlementaire et fera l’affaire de mon parti. Le bloc gouvernemental est entaché de corruption et de scandales. Des ministres et parlementaires font le va-et-vient en Cour pour répondre à des plaintes et se défendre. Le problème de la drogue s’amplifie, le chômage affecte de plus en plus les jeunes et la liste est longue.

Du côté de l’opposition, on demande à la population de mettre dehors le gouvernement de Pravind Jugnauth pour sauver le pays sans proposer un programme ou venir dire comment ils vont le faire. Mais ils ne font que dire qu’ils ont appris de leurs erreurs et faiblesses du passé, qu’ils prônent une politique de rupture et vont apporter des réformes pour le progrès. La population n’en est pas convaincue. Je suis confiant que mon parti représente l’alternance et inspirera la confiance qu’il faut par son programme de développement afin de redonner de l’espoir à un peuple à bout de souffle.

Quel regard portez-vous sur la performance du gouvernement et la nouvelle alliance de l’opposition qui vient d’être conclue ?

Les chiffres parlent de la performance catastrophique du gouvernement concernant l’inflation, le chômage parmi les jeunes, la dette publique qui frôle la barre de Rs 500 milliards, les secteurs économiques au rouge et non performants, les pertes de vie humaine sur nos routes, la prolifération de la drogue parmi les jeunes et, comme on l’a mentionné plus haut, la fuite des cerveaux que connaît le pays.

Quant à la nouvelle alliance, je vois mal comment elle va faire progresser le pays maintenant avec l’âge et la mobilité restreinte des leaders. S’ils n’ont pas pu le faire dans les années 80, 90 et au début de ce millénaire, je me pose la question de savoir comment ils vont le faire maintenant, 20 ans après.

Il n’y a rien de nouveau dans l’approche politique, sinon celle consistant à pointer du doigt l’autre, à insulter, à critiquer. Et surtout, il y a un manque total de crédibilité, de compétences et de vision pour faire redémarrer notre économie et faire progresser le pays. Pour cela, il faut une équipe composée de professionnels qui ont fait leur preuve, de jeunes et qui ont comme priorité le bien-être de la population et du pays.

Maurice dépend beaucoup des importations qui font parfois grimper les prix. Pensez-vous que le commerce régional est la solution au problème ?

La situation est très inquiétante avec le déficit grandissant dans la balance commerciale et notre compte courant. D’après Trading Economics, « imports to Mauritius jumped 21.6% year-on-year to MUR 29.24 billion » en mai 2023. Je pense que nous devons à la fois favoriser la culture des légumes et d’autres produits alimentaires pour réduire notre dépendance à l’importation et positionner Maurice au sommet de l’Afrique en dégageant des relations commerciales avec les 54 pays africains qui font partie de la zone de libre-échange continentale africaine pour que ces pays deviennent non seulement des partenaires commerciaux, mais utilisent les ressources humaines dont nous disposons et qui sont respectées dans les domaines de la finance, de l’économie, de la douane, de l’informatique et celui du trafic des cargos, entre autres.

Il existe une opportunité de faire de Maurice un Hub entre l’Asie et l’Afrique, mais faute de compétences et de relations solides avec nos partenaires africains, notre pays ne s’accroche pas à ces opportunités qui représentent un PIB de USD 3,4 trillions pour les 54 pays. Avec cette opportunité, il est clair que l’Afrique représenterait une solution Win-Win pour Maurice. C’est malheureux de constater que très peu de commerces mauriciens sont engagés et motivés à s’engager dans la zone de libre-échange continentale africaine.

Selon vous, sommes-nous en train de gagner la bataille contre la drogue ?

Malheureusement, non. La réponse est justifiée par le volume des saisies qu’on constate dans la presse tous les jours, ce qui est une indication que la drogue est bel et bien présente sur notre sol et que nous perdons la bataille.

Il faut noter que récemment il a été rapporté que Maurice et les Seychelles sont parmi les leaders par tête d’habitant pour ce qui est de la consommation d’héroïne. C’est très inquiétant ! Malheureusement, la question que nous devons nous poser est de savoir si les partis traditionnels ont la solution pour réduire ou exterminer la consommation de la drogue à Maurice . À en juger par les faits depuis les années 80, l’espoir n’est pas permis. Il faut une nouvelle approche et, surtout, de nouvelles têtes pensantes pour une solution durable contre le trafic de drogue.

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