Le secrétaire au Cabinet, informe le MTC que le PM gardait la discrétion de délivrer une deuxième licence de Horse Racing Organiser à un autre opérateur
Ces négociations avaient pour objectif de réintégrer le MTC en tant que seul organisateur des courses hippiques à Maurice à partir de 2025
Dans une correspondance adressée à ses membres, Gavin Glover, président du Mauritius Turf Club (MTC), a voulu clarifier l’échec des pourparlers engagés depuis mai avec le bureau du Premier ministre, Pravind Jugnauth. Ces négociations avaient pour objectif de réintégrer le MTC en tant que seul organisateur des courses hippiques à Maurice à partir de 2025, après la crise qui a secoué le Champ-de-Mars en 2022. Cependant, dans cette correspondance empreinte de déception et d’amertume, il explique que les discussions ont échoué en raison de l’intention du Premier ministre de permettre à une autre entité de bénéficier d’une deuxième licence de Horse Racing Organiser (HRO), ce qui met en péril l’exclusivité du MTC et, par extension, son avenir.
Dès le début des négociations, Gavin Glover croyait sincèrement que le Premier ministre avait revu sa position initiale et qu’il avait une réelle volonté de rectifier la situation pour permettre au MTC de reprendre son rôle de seul organisateur des courses à Maurice. Après tout, c’est Pravind Jugnauth lui-même qui avait sollicité ces discussions, devait-il faire comprendre.
Que cinq minutes
Cependant, malgré les nombreuses rencontres, la dernière réunion entre les représentants du MTC et du bureau du Premier ministre n’a duré que cinq minutes, au cours desquelles le président du comité et Secrétaire au Cabinet, a informé Gavin Glover que le Premier ministre gardait la discrétion de délivrer une deuxième licence de HRO à un autre opérateur.
Cette décision a immédiatement mis fin à toute discussion, car il avait été convenu dès le début qu’il ne devait y avoir qu’un seul organisateur, étant donné que le marché mauricien est trop petit pour permettre à plusieurs acteurs de coexister financièrement. Il souligne que cette décision allait à l’encontre de ce qui avait été entendu lors des premières rencontres.
En mai, lors de sa première entrevue avec le Premier ministre, il avait été convenu que la relance des courses ne pouvait se faire qu’avec un seul HRO à Maurice. Il revient sur les difficultés rencontrées en 2022, lorsque deux organisateurs concurrents étaient en activité. Cette situation avait déjà prouvé qu’une telle configuration était non seulement financièrement insoutenable mais créait également des problèmes supplémentaires pour l’organisation et la gestion des courses de chevaux.
Manoeuvre politique
Dans sa lettre, Gavin Glover exprime son amertume face à ce qu’il considère désormais comme une manœuvre politique de la part du gouvernement. Selon lui, cette démarche n’avait pas pour but de réhabiliter le MTC, mais servait davantage à donner l’illusion d’une ouverture tout en favorisant les intérêts de People’s Turf Plc (PTP). À cet effet, il cite des preuves tangibles pour soutenir ses allégations, soit les investissements massifs réalisés par PTP dans l’écurie Petit-Gamin, ainsi que l’achat récent d’une centaine de chevaux par GEL, un acteur lié à PTP. Ces signes montrent clairement, selon Gavin Glover, que le gouvernement a toujours soutenu PTP, malgré les promesses faites au MTC.
Le président du MTC admet qu’il a joué avec le jeu pendant plusieurs mois, attendant de voir si les intentions du Premier ministre étaient sincères. Cependant, les développements récents l’ont convaincu que le gouvernement ne souhaitait pas réellement redonner au MTC sa place prépondérante dans le monde des courses à Maurice. D’après lui, il s’agissait simplement d’une stratégie politique destinée à maintenir le contrôle de la situation tout en favorisant les intérêts d’un concurrent direct.
Face à cette impasse, Gavin Glover a pris la décision de quitter la table des négociations. Il maintient que le mandat du MTC était clair : il s’agissait de parvenir à un accord basé sur l’exclusivité de l’organisation des courses, condition jugée nécessaire pour la relance des activités du Club. Dès que cette exclusivité a été remise en question, il est devenu évident que la poursuite des discussions était inutile. Le MTC a donc mis fin à sa participation aux pourparlers, tout en espérant que la situation évolue positivement à l’avenir.
Le président du MTC exprime également sa frustration face au silence de la Côte d’Or International Racecourse and Entertainment Complexe Limited (COIREC), l’entité responsable de la gestion des courses, qui n’a toujours pas répondu à la demande du MTC pour obtenir un bail exclusif sur le Champ-de-Mars pour les cinq prochaines années. Cette absence de réponse, même pas un accusé de réception, renforce les soupçons que l’organisation des courses à Maurice restera entre les mains de PTP de Jean-Michel Lee-Shim.
Selon Glover, tous les éléments recueillis démontrent que ce n’était qu’une stratégie politique, sinon dit-il « comment expliquer l’investissement massif du PTP dans Petit Gamin durant les derniers mois et l’achat d’une centaine chevaux par GEL ces dernières semaines?»
Désormais, tout repose sur les résultats des prochaines élections législatives. Gavin Glover concède que si Pravind Jugnauth est réélu pour un troisième mandat, cela pourrait signifier la fin du MTC en tant qu’organisateur historique des courses hippiques à Maurice. Cela en dépit des velléités de conditions d’alliance brandies par Xavier-Luc Duval, leader du PMSD. Toutefois, si un changement de gouvernement s’opère, il existe un espoir pour que le MTC puisse renaître de ses cendres et reprendre ses activités.
Dans la conclusion de sa lettre, Gavin Glover exprime sa gratitude envers les membres du MTC qui l’ont soutenu durant ces deux années difficiles à la tête du club. Il remercie également le personnel et les membres pour leur engagement malgré les nombreux obstacles rencontrés. Le président du MTC se montre résolument optimiste quant à l’avenir, espérant que le Champ-de-Mars pourra bientôt retrouver sa splendeur d’antan et que le MTC pourra à nouveau offrir des courses de qualité aux amateurs de l’île et de la diaspora.
Malgré ces défis, le MTC continue de préparer son budget pour 2025 et d’espérer une réponse favorable de la COIREC pour le bail du Champ-de-Mars. Gavin Glover mentionne également la vente imminente des propriétés de Floréal et du Centre Guy Desmarais, démarche qui permettra de soulager le fardeau financier du club. Toutefois, il admet que beaucoup d’incertitudes persistent et que l’avenir du MTC dépendra largement de l’issue des prochaines élections générales.