Françoise Yaw Kan Tong-Mootoosamy : « Le père Souchon a été un artisan du renouveau »

S’il était encore en vie, le père Souchon aurait fêté ses 100 ans, le 4 mai dernier. N’empêche, Françoise Yaw Kan Tong-Mootoosamy a fait paraître le livre « Henri Souchon – Jusqu’au bout de sa passion » en hommage à ce prêtre, qui a été aussi un artisan du renouveau. Son œuvre, comme en témoigne Françoise Yaw Kan Tong-Mootoosamy, constitue une ouverture, une invitation à un dialogue vibrant et responsable entre l’Église et une île Maurice en perpétuelle évolution.

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Vous avez partagé une proximité unique avec le père Henri Souchon pendant 43 ans. En tant que témoin privilégié, racontez-nous ce qui vous a touchée chez cet homme d’Église ?
Notre rencontre initiale, alors que j’avais 14 ans, a été un moment décisif dans ma vie, marquant le début d’un lien qui allait façonner mon parcours personnel et spirituel. En janvier 1970, le père Souchon est devenu curé de ma paroisse de l’Immaculée Conception. Dès notre première rencontre, j’ai été profondément impressionnée par son dévouement envers son ministère et son empathie sincère envers les autres. Pour moi, il était bien plus qu’un prêtre ; il était un mentor, un guide spirituel, un père et un ami. Il avait cette capacité à voir le meilleur en chacun, indépendamment de son passé ou de ses circonstances. Sa bienveillance était palpable dans chaque interaction, et il avait le don de repérer les talents de ceux qu’il rencontrait et leur confier des responsabilités adaptées, les aidant ainsi à se développer pleinement.

Parmi les nombreux moments partagés avec lui, quelles sont les anecdotes qui illustrent parfaitement l’esprit du père Souchon, selon vous ?
Son engagement envers la communauté mauricienne était exceptionnel. Durant ses années d’étudiant, au Royal College de Curepipe dans les années 40, malgré les barrières raciales, il manifestait déjà un profond respect pour la diversité en étant le seul à rester en classe lorsqu’un nouvel enseignant, de peau brune et au nom indien, entrait. Plus tard, durant son ministère, il ne cessa d’œuvrer pour un dialogue interreligieux et interculturel à travers des célébrations audacieuses et louables, qui ont souvent rencontré incompréhension et désapprobation à l’époque. Le père Souchon a persévéré dans sa vision d’une société plus inclusive et harmonieuse.

Une autre anecdote significative remonte à Noël 1983. Alors que le cyclone Bakoly menaçait l’île et que les célébrations étaient compromises, mon mari Conchiano a eu la brillante idée de proposer au père Souchon de célébrer une messe diffusée à l’échelle nationale par la MBC de Forest-Side. Malgré les conditions météorologiques périlleuses, avec un essuie-glace défectueux dans la vieille voiture de Conchiano, nous nous sommes rendus au Carmel de Bonne-Terre pour un dîner improvisé, permettant au père Souchon de préparer son homélie.

À la MBC, à Forest-Side, notre assemblée se résumait au directeur, à deux policiers, à Conchiano, à ma sœur Thérèse et à moi-même. La messe, concélébrée par le père Henri Souchon et le père Gérard Sullivan, alors responsable des médias pour le diocèse, et diffusée dans tout Maurice, a été une expérience inoubliable, témoignant de la détermination du prêtre à répondre aux besoins spirituels de sa communauté, même dans les moments les plus difficiles.

Il a œuvré pour intégrer la culture créole dans les églises à travers le séga Per Laval de Serge Lebrasse auquel il était associé. Il a été un défenseur des jeunes dans les années 60, en introduisant au sein de l’église Notre-Dame de Lourdes les instruments de percussions et synthétiseurs. Il a aboli la location des bancs à l’église Notre-Dame de Lourdes, ce qui a contribué à effacer les barrières sociales. Il a créé un studio de radio à Rose-Hill pour enregistrer ses homélies qu’il diffusait à Agalega. Et, puis, il y a aussi cette devise gravée dans son calice : Tout et dans le Christ depuis son ordination comme prêtre, qui a été le moteur de sa vie, le guide de ses actions.

Le livre « Henri Souchon – Jusqu’au bout de sa passion », dont vous êtes l’auteure, entend rendre hommage à ce dernier, qui aurait eu 100 ans s’il était encore en vie. Parlez-nous de l’utilité de ce livre et en quoi il offre un regard intime sur la vie et l’héritage du père Souchon…
Ce livre transcende sa simple intention de célébrer le centenaire du regretté père Souchon ; il constitue une offrande sincère d’amour et de gratitude envers un homme dont l’impact dépasse largement sa vie terrestre. Son utilité réside dans sa capacité à offrir aux lecteurs un regard intime et authentique sur la vie et l’héritage du père Souchon.

En parcourant ses pages, les lecteurs sont invités à plonger dans l’univers de ce prêtre exceptionnel, à découvrir les moments marquants de sa vie, ses défis, ses passions, et surtout, la profondeur de sa foi et de son engagement envers les autres. À travers des témoignages poignants, des anecdotes personnelles et des réflexions inspirantes, ainsi que d’une abondance de photos chargées de souvenirs, le livre dépeint un portrait vivant et multidimensionnel de celui qui était aimé et respecté par tant de gens.

Ce qui rend ce livre particulièrement précieux, c’est qu’il ne se contente pas de relater les faits de manière chronologique, mais qu’il nous permet également d’entrer dans l’intimité du père Souchon, de découvrir ses pensées les plus profondes, ses motivations les plus sincères, et les leçons de vie qu’on tire de ses actions.

Ce livre va bien au-delà d’une simple biographie ; c’est un témoignage vivant de l’impact transformateur qu’un individu peut avoir sur le monde lorsqu’il vit selon ses valeurs les plus profondes et qu’il met son amour pour Dieu et pour son prochain au centre de tout ce qu’il fait. C’est un hommage émouvant à un homme qui a incarné l’amour et la compassion de manière exemplaire, et dont l’héritage continue d’inspirer et d’élever ceux qui ont eu la chance de le connaître, ainsi que ceux qui découvriront son histoire à travers ce livre.

On parle beaucoup de la fidélité du père Souchon envers « sa famille humaine », ses paroissiens. Que retenez-vous de ses actions ?
Sa fidélité ne se bornait pas seulement à ses paroissiens et à ses compatriotes, mais s’étendait à tous ceux qu’il croisait dans sa vie quotidienne. Son engagement envers autrui était profondément enraciné dans sa foi et sa conviction que chaque individu était un enfant bien-aimé de Dieu, digne d’amour et de respect. En sa qualité de prêtre, il percevait en chaque personne une opportunité de servir et de manifester l’amour divin. Toujours disponible pour écouter, conseiller et soutenir ceux qui sollicitaient son aide, il offrait son soutien aussi bien dans les moments de joie que de peine, de doute ou de désespoir. Sa porte était toujours ouverte, son cœur toujours prêt à accueillir ceux qui avaient besoin d’une épaule sur laquelle se reposer ou d’une main tendue.

Ce qui rendait sa fidélité si remarquable, c’était sa capacité à demeurer présent et engagé, même dans les situations les plus difficiles. Il ne fuyait jamais les défis ou les responsabilités qui lui étaient confiés, mais les abordait avec courage, détermination et compassion. Que ce soit en visitant les malades, en aidant les plus démunis ou en œuvrant pour la réconciliation et la justice sociale, le père Souchon était toujours disposé à se donner pour le bien de ses frères et sœurs dans le besoin.

En dernière analyse, sa fidélité envers sa « famille humaine » reflétait sa profonde conviction que l’amour de Dieu transcende toutes les frontières et unit tous les peuples dans une communauté de foi et de solidarité. Son héritage de générosité, de service et d’amour continue d’éveiller ceux qui ont eu la chance de le côtoyer, et son exemple demeure une source d’inspiration pour nous tous alors que nous cherchons à vivre nos propres vies avec la même fidélité et le même dévouement envers nos frères et sœurs dans le monde.

Votre mari, feu Conchiano Mootoosamy, au même titre que vous, avez vécu ce combat du père Souchon contre l’injustice et pour les plus pauvres, sans oublier son dîner des clochards… En quoi ces différentes actions ont-elles été salutaires ?
Conchiano et moi avions été témoins des nombreux combats menés par le père Souchon contre l’injustice et en faveur des plus pauvres. Parmi ces actions, le dîner des clochards occupait une place particulière dans son cœur, et il nous a profondément marqués par son dévouement envers cette cause. Ce qui nous a le plus touchés, c’est la manière dont le père Souchon abordait cette tradition dominicale. Pour lui, ce n’était pas simplement un événement caritatif ou une distribution de nourriture ; c’était une célébration de la dignité et de la valeur de chaque personne, quelle que soit sa situation sociale.

Nous avons été témoins de la façon dont le père Souchon accueillait chaque ‘‘mam san baz’’ avec chaleur et respect, prenant le temps de converser avec eux, de jouer avec eux, de partager des sourires et des rires, et surtout, de leur offrir un moment de réconfort et de dignité. Pour lui, ces hommes et ces femmes n’étaient pas des clochards, mais des membres précieux de notre famille humaine, dignes d’amour et de compassion.

Ce qui nous a également marqués, c’est l’engagement du père Souchon à aller au-delà de la simple assistance matérielle. Il cherchait à comprendre les causes sous-jacentes de la pauvreté et de l’itinérance, et il travaillait sans relâche pour sensibiliser la communauté et promouvoir des solutions durables. Son approche était empreinte de sagesse, d’empathie et de détermination, et elle nous a inspirés à nous engager nous-mêmes dans la lutte contre l’injustice sociale. Au bout du compte, ce qui nous a le plus marqués dans cette expérience, c’est la manière dont le père Souchon incarnait l’amour et la compassion du Christ pour les plus démunis. Son exemple continue de nous guider dans notre propre engagement envers la justice et la solidarité, et il demeure une source d’inspiration pour nous alors que nous cherchons à vivre nos vies avec la même générosité et le même dévouement envers nos frères et sœurs dans le besoin.

L’autre volet qui lui tenait à cœur est qu’il insistait pour que l’éducation soit à la portée de tous. C’était aussi un autre aspect de son sacerdoce. Qu’en pensez-vous ?
L’éducation pour tous était une priorité cruciale à laquelle le père Souchon accordait une importance capitale. Convaincu que chaque enfant, quelle que soit son origine sociale, méritait une éducation de qualité et des opportunités égales de réussite, il a fondé à Pointe-aux-Sables une école, qui porte aujourd’hui son nom, spécialement dédiée aux enfants issus de milieux défavorisés, souvent marginalisés par le système élitiste de notre système éducatif national. Son objectif était de leur fournir une éducation complète, de les instruire et de les orienter vers un avenir meilleur.

Le père Souchon s’est même engagé dans la rénovation de plus d’une trentaine d’écoles primaires, tant celles de la RCEA que celles gérées par l’État, en mettant en place des infrastructures essentielles telles qu’un réservoir d’eau pour les toilettes, une aire de jeux pour les élèves et une salle pour les enseignants. Son dévouement à améliorer les conditions d’apprentissage pour les enfants mauriciens était indéniable, et son travail a eu un impact durable sur la communauté éducative. Son charisme et son engagement inspiraient confiance et respect, lui permettant de mobiliser des ressources et des soutiens pour ses projets éducatifs.

Le père Souchon était aussi un défenseur infatigable de la liberté de la presse, un précurseur du dialogue interculturel. Comment décririez-vous encore ce prêtre hors du commun ?
C’est connu que le père Souchon était un défenseur infatigable de la liberté de la presse, participant activement à la manifestation de 43 journalistes en avril 1984, pour protéger ce pilier de la démocratie. Suite à leur manifestation, le père Souchon et les 43 journalistes ont été arrêtés et ils ont dû passer quelques heures en prison. Ce jour là, il était fier d’être aux côtés de ses amis journalistes, défenseur de la liberté. En tant que précurseur du dialogue, le père Souchon a travaillé à construire des ponts entre les différentes communautés religieuses et culturelles de Maurice.

Il a fait preuve d’un courage remarquable et d’une vision novatrice en invitant un imam à prendre la parole dans l’église Immaculée Conception, à Port-Louis, aux lendemains des émeutes de 1968, entre créoles et musulmans. Pendant plus de 40 ans, il a rassemblé ces différentes communautés religieuses et culturelles au sein de l’Immaculée Conception pour célébrer des événements tels que le Divali, l’Eid ou le Nouvel An chinois, ou pour célébrer des mariages mixtes, respectant chaque tradition religieuse et culturelle en portant des vêtements liturgiques spécifiques. Sa garde-robe diversifiée était une illustration éloquente de son ouverture d’esprit et de son engagement en faveur du dialogue interculturel. Le père Henri Souchon était bien plus qu’un simple prêtre ; il était un homme de foi profonde, de compassion infinie et de dévouement inébranlable envers ses frères et sœurs dans le besoin.

Après avoir travaillé pendant 43 ans à ses côtés, qu’est-ce qui vous a le plus marquée ?
Sa remarquable capacité à demeurer authentiquement humain malgré son statut d’homme exceptionnel. Certes, il avait ses imperfections, comme tout un chacun, mais c’est précisément cette humanité qui le rendait si accessible et si inspirant. Ce qui me touchait le plus, c’était sa proximité avec les gens, sa capacité à écouter attentivement et à comprendre les luttes et les joies de chacun. Malgré son emploi du temps chargé et ses responsabilités pastorales, il trouvait toujours le temps de s’investir auprès des autres, que ce soit pour une conversation informelle, un conseil avisé, ou simplement un sourire chaleureux. Il avait aussi cette passion inébranlable pour sa vocation et son dévouement envers autrui. Malgré les défis et les obstacles qu’il rencontrait, il demeurait toujours fidèle à sa mission de servir Dieu et ses frères et sœurs dans le besoin. Cette détermination et cette générosité étaient contagieuses, inspirant non seulement ceux qui l’entouraient, mais également toute la communauté dans laquelle il vivait et travaillait.

En somme, ce qui rendait le père Souchon si remarquable, c’était sa capacité à maintenir son humanité tout en étant un modèle de sainteté et de dévouement. Son héritage de compassion, de foi et de service continuera de briller comme un phare pour nous tous, alors que nous nous efforçons de suivre ses pas et de vivre nos vies avec la même passion et le même amour pour Dieu et pour notre prochain.

La mort est une étape qui fait peur. Le père Souchon vous avait-il déjà parlé de la mort ?
Le père Souchon abordait souvent des sujets profonds et spirituels, y compris la mort. Avec une perspective empreinte de foi et de sérénité, il considérait ce sujet délicat comme une étape inévitable de la vie. Convaincu de la vie après la mort et de la promesse d’éternité avec Dieu pour ceux qui vivent dans la foi et dans l’amour, il parlait de la mort avec une certaine préparation intérieure.

Est-ce une surprise pour vous qu’il ait choisi de se faire inhumer à Bois-Marchand aux côtés des clochards pour lesquels il a œuvré ?
Durant ses dernières années à Bonne-Terre, le père Souchon évoquait souvent sa propre mort, mais avec une tranquillité d’esprit qui témoignait de sa profonde foi. Il préparait consciencieusement ses arrangements funéraires et en discutait ouvertement avec nous. Son souhait d’être inhumé à Bois-Marchand, aux côtés de ses amis les plus démunis, était clair. Il ne désirait pas de cercueil sophistiqué, mais un cercueil en bois simple, tel ceux utilisés pour les défunts sans ressources. Sa tombe devait être humble, marquée d’une croix portant l’inscription “Henri Souchon, prêtre”.

Concernant son choix d’être enterré près des clochards, je n’ai pas été surprise. Le père Souchon avait un profond respect et une sincère affection pour les plus démunis. Il les considérait comme des enfants bien-aimés de Dieu, dignes de la même considération que quiconque. Sa décision de reposer près d’eux exprimait sa solidarité avec les exclus et les marginalisés de la société, en cohérence avec sa vie dévouée au service des plus vulnérables.

Pour lui, la mort n’était pas une source de terreur, mais plutôt une transition vers une réalité plus grande et plus belle. Son héritage de foi, d’amour et de compassion continue d’inspirer ceux qui l’ont connu et ceux qui ont été touchés par son exemple. Sa mémoire demeure une source de réconfort et d’espoir pour nous tous alors que nous poursuivons notre propre voyage sur cette terre.

Comment, selon vous, l’héritage du père Souchon pourra-t-il être transmis aux générations futures ?
De multiples façons, chacune aussi puissante que significative. Ses enseignements et son exemple de vie peuvent être perpétués à travers divers supports médiatiques, tels que des livres, des articles et des documentaires. Le récent livre Henri Souchon – Jusqu’au bout de sa passion offre un témoignage précieux de sa vie et de son engagement, tandis que le documentaire Henri Souchon, un homme arc-en-ciel, réalisé par Conchiano Mootoosamy pour le jubilé de diamant de son sacerdoce, permet aux spectateurs de découvrir son histoire à travers ses propres mots et ceux des personnes qui l’ont connu. Encourager la diffusion de ces œuvres contribuera à ce que son héritage continue à toucher les cœurs et à inspirer les gens à suivre ses pas.

L’héritage du père Souchon sera préservé à travers les institutions et les projets qu’il a initiés ou soutenus. L’école portant son nom à Pointe-aux-Sables, qui accueille les enfants défavorisés, doit poursuivre sa mission avec dévouement et détermination, soutenue par des collaborateurs engagés et des bienfaiteurs généreux. De même, les initiatives telles que le groupe Tonnelle, qui offre un soutien aux sans-abri depuis des décennies, doivent trouver une relève solide pour continuer leur travail indispensable. De plus, l’héritage du père Souchon pourra être transmis en encourageant les jeunes à s’engager dans le service aux autres, en particulier aux marginalisés de la société. Cela nécessite la création de programmes éducatifs et d’opportunités de bénévolat qui favorisent la compassion et l’empathie chez les jeunes, les incitant à suivre les traces du père Souchon dans leur propre vie.

En outre, son engagement dans l’initiation du dialogue œcuménique avec d’autres Églises chrétiennes et dans le dialogue interreligieux avec les autres grandes religions présentes à Maurice doit être perpétué. Ces efforts de construction de ponts entre les communautés religieuses et culturelles contribuent à promouvoir la compréhension mutuelle, le respect et la coopération, des valeurs chères au cœur du père Souchon. Enfin, l’héritage du père Souchon sera également transmis par l’exemple de ceux qui ont été touchés par sa vie et son ministère. Les individus inspirés par son dévouement envers les plus vulnérables, son engagement pour la justice sociale et son amour inconditionnel du prochain seront les porteurs vivants de son héritage, propageant ses valeurs à travers leurs propres actions et interactions quotidiennes.

En somme, que ce soit à travers les médias, les institutions, l’éducation des jeunes, le dialogue interreligieux ou les actions individuelles, l’héritage du père Souchon continuera à rayonner et à inspirer les générations futures à vivre selon les valeurs d’amour, de compassion et de service qu’il a si profondément incarnées.

On parle beaucoup du rire tonitruant du père Souchon. Quel a été sa pire colère et pourquoi ?
Le rire du père Souchon était une caractéristique bien connue de sa personnalité chaleureuse et accueillante. En ce qui concerne ses colères, il est difficile d’imaginer le père Souchon en proie à une rage incontrôlable, car il était connu pour sa patience, sa compassion et sa capacité à résoudre les conflits avec calme et sagesse.

Comme tout être humain, il pouvait ressentir de la frustration ou de la contrariété face à certaines situations. Sa « pire colère » serait probablement relative et sans commune mesure avec ce que beaucoup considéreraient comme une colère extrême. Il est possible qu’il ait été contrarié par des injustices flagrantes, des situations de souffrance humaine intolérable, des attitudes d’indifférence face à la détresse des autres ou face au non-respect du lieu sacré qu’est Marie Reine de la Paix.

Bien que le père Souchon puisse avoir ressenti de la colère à certains moments de sa vie, il est plus probable que son héritage soit caractérisé par son amour inconditionnel pour Dieu et pour son prochain, ainsi que par son engagement infatigable envers la paix, la justice et la réconciliation. C’est ce que décrit parfaitement le cardinal Maurice Piat dans son homélie lors des funérailles du père Souchon : «Tout au long de son ministère et au milieu de tous ses combats, Henri a été un homme heureux, un homme qui a connu et a rayonné le bonheur des Béatitudes décrites par le Christ, un homme heureux dans sa vocation de prêtre ouvert à tous, heureux dans sa simplicité de vie et dans sa grande discipline de vie, un homme heureux dans le don total de lui-même, dans sa grande capacité de pardonner, de ne rien garder sur le cœur, un homme heureux dans sa lutte pour la justice et dans son acharnement pour la paix.»

Selon vous, le père Souchon a-t-il pu passer à côté d’une chose importante dans son parcours de vie ?
Le père Souchon n’aurait probablement pas considéré qu’il a raté quoi que ce soit dans son parcours de vie, car il a dédié chaque instant à servir Dieu et son prochain avec dévouement. Son engagement indéfectible envers la justice sociale, la fraternité et les plus démunis était au cœur de son existence. Il aurait sans doute souhaité voir davantage de justice et de compassion dans le monde, ainsi qu’un plus grand soutien pour les plus vulnérables de la part de la société.

Son dernier vœu, c’était quoi ?
Son dernier vœu était de mourir sans avoir d’argent en banque. Il avait exprimé le vœu que l’argent qu’il avait sur son compte bancaire après sa mort soit utilisé pour aider les nécessiteux, en particulier les “mam san baz. Son héritage de compassion et de service continuera d’inspirer les générations futures à travailler pour un monde plus juste et plus solidaire.

Votre souhait à vous pour le père Souchon…
Pour beaucoup, le père Souchon est déjà un saint dans nos cœurs. Je nourris l’espoir qu’un jour le diocèse de Port-Louis et le Vatican reconnaîtront sa sainteté et qu’il soit canonisé, afin que son impact extraordinaire puisse continuer à rayonner dans le monde entier.

Propos recueillis par Corinne Maunick

 

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