La Financial Crimes Commission (FCC) s’attaque à la connexion Apavou/Verde Frontier Solutions/Renganaden Padayachy, et ce, même si, à ce stade, l’ancien ministre des Finances du gouvernement de Pravind Jugnauth fait face aux allégations du duo Harvesh Seegolam/Jitendra Bissessur. Les enquêteurs soupçonnent en effet que l’entreprise du couple Drish et Venna Noonaram a joué un rôle clé dans cette fraude alléguée de Rs 300 millions pour l’achat de 70% des parts de l’Eastcoast Investment Hotel Ltd par la Mauritius Revenue Authority (MRA). Déjà, l’ex-gouverneur de la Banque de Maurice (BoM) a indiqué à la FCC que ce serait Renganaden Padayachy qui a imposé Verde Frontier dans ce deal. Au final, ce dernier aurait obtenu 5% officiellement comme commission, soit Rs 120 millions. Alors que la FCC soupçonne que behind the curtain le pourcentage était peut-être plus élevé, évoquant plus de Rs 200 millions. Si l’Apavou deal avait abouti à Rs 2,1 Mds, Verde Frontier aurait officiellement reçu Rs 15 M en moins.
Même si la FCC n’est sûre de rien, elle trouve quand même étrange que, durant la même période, Renganaden Padayachy aurait approché ENL pour l’achat d’un terrain en cash pour un montant de Rs 13 millions. Les enquêteurs avancent que c’est Armand Apavou qui détiendrait la clé du mystère sur l’imposition de Verde Frontier en tant que Transaction Advisor. Sauf que le Réunionnais n’est plus à Maurice et que la FCC estime que son témoignage aurait été crucial dans le cadre de ses investigations.
Elle a ainsi appris qu’il y aurait eu un tug of war entre Armand Apavou et le groupe Sun Ltd en ce qui concerne la gestion du lease de l’hôtel Ambre de Belle-Mare. Au final, l’homme d’affaires a fini par jeter l’éponge, alors que les enquêteurs ignorent si « ena lamin » d’une ancienne haute personnalité aurait poussé Armand Apavou à bout. Ce dernier devait éponger ses dettes et, même en tant qu’actionnaire majoritaire de l’Eastcoast Hotel Investment Ltd, il a dû faire certains compromis.
Certains éléments de réponses proviendraient de l’ancien gouverneur de la BoM, Harvesh Seegolam, qui a confirmé que Renganaden Padayachy aurait imposé Verde Frontier Solutions Ltd à l’Apavou Group en 2022. En tant qu’Advisor, l’entreprise de Drish et Veena Noonaram avait accès à des informations de l’Eastcoast, ses points forts et son talon d’Achille.
Reste à la FCC d’établir si les secrets professionnels du groupe étaient entre de bonnes mains. La déclaration de l’avocat Roshi Bhadain après sa sortie de la New Court House n’est pas anodine lorsqu’il a affirmé : « Mo klian inn donn boukou linformasyon pou ed sanz sa sistem an plas-la. Sistem bizin sanze ! »
Lors de leur interrogatoire Under Warning jeudi, Drish et Venna Noonaram ont nié toute allégation de maldonnes ou de fraude à leur niveau. Ils insistent sur le fait qu’ils ont travaillé dans l’intérêt de leur client et démentent catégoriquement que Renganaden Padayachy a fait pression sur Armand Apavou pour retenir leurs services comme Transaction Advisor. Et d’indiquer avoir mené leur travail de manière professionnelle, ajoutant ne rien avoir à se reprocher.
Par ailleurs, Renganaden Padayachy a fourni ses premières explications à la FCC sur cette affaire. La séance a débuté avec la nomination de Jitendra Bissessur comme Chief Executive Officer (CEO) de la MIC. Les enquêteurs ont appris que ce dernier n’était pas le premier choix et que ce serait l’ancien ministre des Finances qui aurait imposé « mo dimounn ». Ce que rejette l’ancien Grand Argentier, qui indique que c’est la BoM qui mène ce recrutement, et que cela ne se passe pas à son niveau. Avant de se demander « où sont les preuves » de ces allégations.
Renganaden Padayachy a en outre indiqué qu’il n’a pas interféré dans les procédures de la MIC et qu’il a laissé cet organisme opérer de manière indépendante et selon la loi. Il a aussi nié avoir fait pression sur Jitendra Bissessur ou avoir usé d’un langage ordurier par rapport à l’Apavou Deal. C’est durant le week-end qu’il sera confronté à la version de son ancien poulain, Harvesh Seegolam.