Fait du jour de la séance du Question Time – Assirvaden : une situation critique en avril/mai sans les pluies d’été

Lesjongard se fait tancer par Patrick Assirvaden au sujet des gabegies et scandales des dix dernières années dans le secteur de l’eau

Dans la conjoncture de la sévère sécheresse, le leader de l’opposition, Joe Lesjongard, en tant qu’ancien ministre des Utilités publiques, a choisi de privilégier le dossier de l’eau pour la Private Notice Question (PNQ). Et le ministre de tutelle, Patrick Assirvaden, ne s’est pas fait prier pour acculer Joe Lesjongard et le confondre avec « les gabegies et les scandales dans le secteur de l’eau au cours de ces dix dernières années ». Il s’est même aventuré à soutenir le fait que l’ancien ministre Lesjongard n’a pas été en mesure de rappeler à l’ordre l’ancien General Manager de la Central Water Authority (CWA), le tout-puissant d’alors, Prakash Maunthrooa, dans le dossier des Rs 700 millions du Pipeline Replacement Programme. Sur le fond du problème de la fourniture d’eau, le ministre Assirvaden a mis en garde contre le fait qu’en l’absence des pluies d’été, la situation deviendra extrêmement difficile vers avril/mai.

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Ainsi, Joe Lesjongard a consacré sa PNQ à la situation de l’eau dans le pays, et a demandé au ministre Assirvaden si, en ce qui concerne la sévère sécheresse de ces jours-ci, il pourrait obtenir, aux bénéfices de la Chambre, des informations sur le volume actuel et le pourcentage d’eau stockée dans chaque réservoir. En plus du pourcentage réel d’eau souterraine dans chacune des six zones d’approvisionnement, une indication dans chaque cas de la production d’eau et du déficit hydrique sur une base quotidienne. De même que le nombre de nouveaux forages forés depuis décembre, tout en indiquant le volume supplémentaire d’eau exploité à partir de ceux-ci et le nombre de familles ayant bénéficié des programmes de subventions pour les réservoirs d’eau et la collecte d’eau, toujours depuis décembre.

Pour le ministre Assirvaden, cette année hydrologique a été « la pire qu’on ait connue depuis ces trois dernières années ». Depuis 2024, Maurice a été déficitaire en pluies. Le mois de juillet de l’année dernière a ainsi été le pire mois connu depuis 120 ans. Il ajoute que la pluviosité entre juillet 2024 et février 2025 a été inférieure à la moyenne.

Concernant le pourcentage d’eau stockée dans les réservoirs, le ministre a expliqué que, sur la base des informations obtenues du Water Ressources Committee et la Central Water Authority, le volume et le pourcentage d’eau dans les sept réservoirs tournent autour de 40%. S’agissant des autres questions posées par le leader de l’opposition, la production dans les six zones d’approvisionnement indique une baisse aussi bien dans la production d’eau de surface que d’eau souterraine par rapport à la normale quotidienne, souligne le ministre. D’un point de vue général, la production d’eau dans les six zones représente une baisse de 17,44%, alors que la production d’eau souterraine a chuté de 20,25%. Au total, le pays a enregistré un déficit de 1 068 267 mètres cubes par jour à 865 061 mètres cubes.

Finalement, le ministre a indiqué que la CWA utilise de l’eau souterraine tous les ans en fonction de la demande enregistrée. Pour la période janvier à novembre, cinq forages ont ainsi été effectués. De nouveaux forages ont par la suite été effectués, dont celui de Mapou. D’autres sont actuellement menés dans le cadre de contrats qui seront signés. Le volume d’eau additionnelle produite depuis décembre est estimé à 7 500 mètres cubes par jour.

Patrick Assirvaden a finalement fait ressortir qu’un programme de subvention pour l’achat de réservoirs d’eau a été mis en place en 2011 afin de permettre aux familles de faire l’acquisition de réservoirs d’eau. Ce programme, géré par le DBM, est destiné aux personnes ayant des revenus mensuels inférieurs à Rs 60 000, lesquelles peuvent bénéficier d’une subvention de Rs 15 000 pour l’achat d’un réservoir d’un volume de 1 000 litres, ainsi que d’une pompe à eau.

Pas moins de 310 familles ont déjà bénéficié de ce programme depuis décembre. Mais il y a également un programme de subvention pour la collecte d’eau de pluies permettant aux ménages dont les revenus mensuels sont inférieurs à Rs 60 000 de bénéficier d’une subvention de Rs 10 000 pour la collecte d’eau. Au 10 décembre dernier, un total de 6 400 demandes avaient été reçues, avec 609 coupons délivrés aux bénéficiaires.

Pour la tranche des interpellations supplémentaires, le leader de l’opposition a commencé par s’intéresser sur la période où les réservoirs atteindront le niveau le plus bas. Ce à quoi le ministre a indiqué que s’il n’y a pas de pluies d’été pour renflouer le niveau d’eau des réservoirs, la situation sera encore plus catastrophique au mois d’avril.

« Même si nos réservoirs sont remplis à 40% à ce jour, le pompage à partir des réservoirs cessera lorsque le niveau atteindra 15% en raison de la présence d’eaux boueuses. À partir du mois d’avril/début mai, nous serons dans une situation difficile, mais entre-temps nous avons commencé à faire des forages afin de limiter la casse », dit-il.

Le leader de l’opposition a demandé alors si le ministère disposait d’un plan d’urgence pour la saison sèche et, si tel est le cas, de le déposer sur la table de l’Assemblée. Patrick Assirvaden a expliqué que la crise est gérée au quotidien, avec un comité de crise se réunissant sous sa présidence chaque matins. La gestion de l’eau absorbe pratiquement tout son temps, selon lui.

En ce qui concerne un plan pour gérer la situation, le ministre affirme que le gouvernement a hérité d’une situation mettant la population dans une position difficile. « Nous avons un plan qui se fait annuellement pour gérer la situation ainsi qu’un comité de crise qui gère le problème quotidiennement », maintient-il. Il indique aussi qu’il y a un plan pour la période post-avril consistant à utiliser à fond les forages et l’eau des barrages du Central Electricity Board. Décision a aussi été prise de prendre les barrages appartenant au secteur privé. Un accord dans ce sens a été conclu « de manière patriotique », rassure-t-il.

Concernant le plan d’urgence, le ministre a affirmé qu’il déposera les données sur la situation qui a été léguée par l’ancien gouvernement. A ce stade, il fait remarquer que la question est venue de l’ancien ministre des Utilités publiques et qu’il se voit dans l’obligation de dire comment le pays en est arrivé à cette situation. « Il me demande après trois mois comment je ferai pour gérer les gabegies et les scandales enregistrés durant une dizaine d’années », devait-il lâcher.

Le ministre a ainsi évoqué le projet de barrage de Rivière-des-Anguilles annoncé depuis 2015. Le leader de l’opposition est alors intervenu alors pour dire qu’il a demandé s’il y avait un plan d’urgence pour faire face à la sécheresse durant la saison sèche. « La réponse est oui ou non, et je lui demande de déposer le plan sur la table de l’Assemblée », souligne Joe Lesjongard.

La Speaker est alors intervenue pour dire que le ministre a le droit de répondre comme il le souhaite et qu’il n’était nullement « out of the subject ». Le ministre a poursuivi en affirmant que sa réponse liminaire était très  succinte pour permettre au leader de l’opposition d’avoir les renseignements voulus. « Puisque le leader de l’opposition insiste pour avoir un plan d’urgence, laissez-moi dire que c’est ce que j’ai fait depuis que j’ai pris mes fonctions ministérielles », ajoute-t-il.

Il a alors énoncé des mesures qui ont été déjà été rapportées dans la presse. Mais le leader de l’opposition a estimé que ces décisions auraient dû avoir été prises l’année dernière, et non pas cette année. Il demande ainsi au ministre s’il trouve normal de prendre deux semaines de vacances alors que le pays est en difficulté. Cette remarque a fait Shirin Aumeeruddy-Cziffra réagir, à l’effet que cette remarque est « most unfair », car n’importe quel ministre a le droit de prendre des vacances, ajoutant que le ministère, lui, poursuit entre-temps son travail.

Le leader de l’opposition a ensuite abordé la situation du réservoir de Cluny, et souligne qu’il sera démoli.

Lesjongard : Est-ce que le ministre peut soumettre le rapport qui a recommandé cette démolition ?

Assirvaden : Ce sujet est très sérieux. L’eau, c’est la vie, et je m’attendais qu’il y ait un débat civilisé parce qu’il concerne la population dans son ensemble. Je n’avais pas l’intention de parler du réservoir de Cluny, d’autant plus que la question vient du leader de l’opposition, qui a été responsable de ce dossier au ministère de l’Énergie et des Utilités publiques. Ne me forcez pas à dire à la Chambre ce que j’ai vu dans les dossiers au sein du ministère !

« Dites-le ! » a lancé le leader de l’opposition. Patrick Assirvaden a alors noté que fut un temps où le directeur général de la CWA, Prakash Maunthrooa, « faisait la pluie et le beau temps à la CWA », avec un budget de Rs 700 millions pour le Pipe Replacement Programme. Ce même General Manager ne répondait pas au ministre de l’Énergie, mais à Lakwizinn directement. « Et il ose m’interpeller sur le réservoir de Cluny ? Qui a pris la photo en compagnie de l’ancien Premier ministre devant le réservoir de Cluny ? Qui avait ce sourire avec 25 dents dehors ? Aujourd’hui, la population ne rit pas avec 25 dents, mais avec 25 fissures dans le réservoir. »

Le leader de l’opposition est alors intervenu pour dire que le ministre n’est pas supposé faire de commentaires d’ordre personnel. « Je n’ai pas fait référence à l’ancien ministre. La construction de deux réservoirs, à savoir Cluny et Richelieu, a nécessité des investissements de Rs 74 millions en vue d’approvisionner la région Sud. Sa construction a été un fiasco monumental et scandaleux, et ceux responsables de cela auront à rendre des comptes. » Il répète que, 16 mois après l’inauguration par l’ancien Premier ministre et l’ancien ministre responsable de l’eau, « 25 fissures ont été relevées, rendant ces réservoirs d’une capacité de 3 000 mètres cubes inutilisables à ce jour ».

La population du Sud en subit les conséquences, selon le ministre. « J’ai demandé une enquête sur ces deux réservoirs. La commission d’enquête fait son travail, et les techniciens étudient le côté financier et le côté technique, ainsi que ceux qui ont été responsables de la situation. En temps et lieu, je déposerai le rapport technique et financier concernant ces deux réservoirs », déclare-t-il.

Lesjongard : Sur la base de quel rapport dit-il à la Chambre qu’il faut démolir ce réservoir puisqu’il dit qu’une enquête est en cour ?

Assirvaden : Le leader de l’opposition doit savoir qu’après avoir relevé ces fissures et après que les techniciens aient essayé de les réparer à plusieurs reprises, nous nous retrouvons face à un réservoir inutilisable. Les rapports préliminaires indiquent que ce réservoir devra être détruit. S’il peut être réparé, je serai l’homme le plus heureux du monde. Il n’y a pas que ce réservoir, il y a eu aussi le Pipe Replacement Programme, avec Rs 700 millions gaspillées alors que 62% de fuites sont toujours là. Les Rs 700 millions ont été dépensées dans l’opacité totale. Les tuyaux sont installés sur la terre alors qu’ils auraient dû être enfouis sous terre. Lorsque Rajesh Bhagwan et Arvin Boolell soulevaient cette question à l’époque, le ministre avait refusé de se mouiller. Aujourd’hui, il veut me mouiller. La première question que le leader de l’opposition aurait dû me poser est de savoir quand on aurait le fameux 24/7. C’est l’escroquerie du siècle du MSM, vendue en 2014 par l’ancien ministre Ivan Collendavelloo, l’ancien Premier ministre et l’ancien leader de l’équipe du gouvernement Lepep.

Sur l’insistance du leader de l’opposition, la Speaker a accepté qu’il pose une question concernant le plan de contingence et a demandé au ministre de répondre par écrit, car le temps était épuisé.

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